L’influence des joueurs d’expérience dans les narratifs sportifs 

Par Émilie Oliver 

Bronny James, fils du célèbre joueur de basketball Lebron James, s’est taillé une place au sein des Lakers de Los Angeles.

Le repêchage de la NBA avait lieu les 26 et 27 juin dernier. Alors que plusieurs considéraient cette vague de nouveaux joueurs comme une des plus faibles du 21e siècle, le joueur qui fait couler le plus d’encre n’a même pas été repêché au premier tour. Il s’agit de nul autre que Bronny James, fils de LeBron James.  

Les Lakers de L.A ont sélectionné, en fin de deuxième ronde, au 55e rang, LeBron James Jr. aussi appelé Bronny. Père et fils évolueront dans la même équipe, une première dans l’histoire de la ligue. 

Cela dit, plusieurs semblent offusqués par le déroulement du repêchage ; Bronny, par son héritage légendaire et par l’influence massive de son père, aurait été privilégié avant des joueurs ayant été beaucoup plus prolifiques pendant leur carrière universitaire.  

Une histoire lancée dans l’univers… depuis plusieurs années  

Que le talent de Bronny soit remis en question ou non, il est clair que son père a joué un rôle crucial dans son repêchage. Effectivement, il mentionne activement dans les médias depuis quelques années que « Bronny est au sommet de la liste des coéquipiers avec qui il souhaite partager le terrain ». En 2022, il est même allé jusqu’à dire qu’il irait « là où Bronny serait » et que « sa dernière année serait jouée aux côtés de son fils ».  

Toutes ses affirmations avaient alors fait grandir les spéculations quant à la prochaine équipe qui accueillerait le King. Puisque LeBron profitera cette année de la liberté de terminer son contrat avec les Lakers, plusieurs s’étaient faits à l’idée que de repêcher Bronny signifierait automatiquement que King James viendrait avec lui. Alors que LeBron avait même mentionné aux journalistes que « ce n’est même plus une question d’argent, à ce point », plusieurs pensaient possiblement mettre la main sur la superstar à faible prix, en repêchant son fils.  

Évidemment, qu’il ait été assez talentueux ou non, Bronny James s’est frayé un chemin au sein d’une organisation respectée et ayant un total de 17 championnats à son histoire. 

Mérite-t-il vraiment sa place? 

Les statistiques universitaires de Bronny sont très faibles : 4.8 points par match, 2.8 rebonds et 2.1 passes. En plongeant dans l’histoire du repêchage de la NBA, on remarque que seulement deux autres joueurs dans l’histoire du repêchage ont été choisis dans les deux premières rondes, en ayant des statistiques plus basses que 5 points, 3 rebonds et 3 passes par match à l’Université. Ces derniers étaient Cheick Diallo, qui en moyenne marquait 3 points, prenait 2.5 rebonds sans faire de passe et Robertas Javtokas, qui avait à sa fiche 0.8 point par match, 1.3 rebond, mais encore une fois aucune passe. Toutefois, les deux autres recrues avaient l’avantage d’être significativement plus grands : Diallo faisait 6 pieds 8, Javtokas 6 pieds 11, alors que Bronny ne fait que 6 pieds 2, le plaçant gravement sous la moyenne de taille de la ligue. 

Bien que les statistiques ne soient pas l’unique indicatif quant au futur d’un joueur, elles donnent une bonne manière de comparer les joueurs sur papier. Toutefois, il ne faut pas oublier que Bronny James a dû faire ses preuves rapidement au sein de son équipe universitaire, puisqu’il a subi un arrêt cardiaque pendant un entraînement en juillet 2023. Par la suite, ce dernier a été diagnostiqué d’une malformation cardiaque congénitale, mettant en péril son retour au jeu. Ce n’est que quelques mois plus tard, après plusieurs mois de retour progressif qu’il a pu retoucher au terrain sur la scène universitaire. Une bonne partie de sa première et seule saison universitaire a donc été consacrée à son retour, ne mettant pas en valeur son plein potentiel.  

En dehors des statistiques, cette sélection soulève l’enjeu du « favoritisme », ou plutôt de l’importance qu’ont les super stars sur les décisions de leur organisation, spécifiquement LeBron James, reconnu comme un joueur s’étant improvisé Manager à plusieurs reprises pendant sa carrière.  

«LeGM» le surnom de celui qui tire les ficelles 

Étant un joueur de grand impact, James a toujours eu une marge de manœuvre et les organisations pour lesquelles James a évolué ont souvent semblé se plier à ses demandes. Par exemple, il est de loin le joueur qui a vu le plus de coéquipiers échangés pendant sa carrière, avec un total de 118, alors que son second, Kobe Bryant n’en a que 60. Le King, qui approche la fin de sa carrière, semble vouloir gagner rapidement, à tout prix. Résultat : quand un joueur ne fait pas l’unanimité ou ne représente pas un pairage parfait dans le plan de match imaginé par James, il est échangé. Somme toute, il semble réellement que James a son mot à dire sur ce qu’il se passe au niveau exécutif, ou du moins, que les managers semblent vouloir donner à James ce qu’il veut.  

« LeGM » semble avoir frappé encore une fois récemment, alors que les Lakers ont nommé J.J Redick à la tête de leur équipe d’entraîneurs, une décision que plusieurs considèrent teintée par l’influence de James en raison de sa relation avec Redick. Les deux hommes dirigent actuellement un podcast ensemble appelé « Mind the Game », portant sur divers aspects du sport. Ce dernier a signé un contrat de quatre ans pour un total de 32 millions de dollars. Mis à part plusieurs années au sein de la ligue et son expérience en tant qu’analyste, Redick n’a qu’à son actif la barre de l’équipe junior de son fils. Cette expérience avec les Lakers sera sa première en tant qu’entraîneur-chef professionnel.  

Bien que plusieurs doutent des chances de réussite de l’équipe avec Redick à sa barre, il s’agit d’un changement de personnel de plus au sein des Lakers, qui cumulent maintenant cinq changements d’entraîneur en 10 ans. 


Source: Getty Images

Émilie Oliver
Cheffe de pupitre SPORTS ET BIEN-ÊTRE at Journal Le Collectif  sport.lecollectif@usherbrooke.ca  Web   More Posts

Sportive depuis son plus jeune âge, Émilie a à coeur la santé, le sport et le bien-être. Elle a obtenu son baccalauréat en communications appliquées en 2021 tout en étant étudiante-athlète auprès du V&O Rugby. Elle poursuit ses études au certificat en langues modernes. 

Fervente des sports émergents, elle s’efforce de porter l’attention de la communauté étudiante vers les nouvelles disciplines, tout en mettant en lumière les sports établis et populaires. Elle est fière de pouvoir mettre son grain de sel à la section Sports et Bien-être depuis déjà quelques années. 

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