Ven. Mar 29th, 2024

Par Andréanne Beaudry

Nombreux sont les débats politiques, religieux ou éthiques au sein du sport. En effet, les rencontres sportives ne suscitent pas toujours le bonheur de tous, car des messages, positifs ou non, y sont partagés. Celles-ci permettent une ouverture à la discussion. Néanmoins, les débats n’attirent pas uniquement la communauté sportive.

Un message politique controversé?

Du côté de la politique, nous pourrions nommer le récent conflit entre le président Donald Trump et les joueurs de la NFL (football américain). Lors de la fin de semaine du 23 et 24 septembre derniers, le président américain a suggéré aux amateurs de sport de boycotter les équipes qui ne respecteront pas l’hymne national. Comme il l’a mentionné dans un de ses tweets, « […] Se tenir debout par les bras c’est bien, s’agenouiller c’est inacceptable ». Celui-ci fait référence au geste posé par Colin Kaepernick, l’ancien quart-arrière des 49ers de San Francisco à l’été 2016. Le but du sportif était de protester contre les meurtres de Noirs abattus par des policiers blancs.

À la suite de l’annonce du boycottage, certains ont manifesté leur mécontentement, dont la NFL, envers Trump en reproduisant de nouveau ce geste. Le journaliste Shahzad Abdul mentionne que les joueurs ont posé « un geste de défiance que le président américain considère comme un manque de respect à l’Amérique ».

Les évènements démontrent à quel point un simple geste (un genou par terre) peut prendre autant d’ampleur dans une société. Est-ce que le sport peut servir de plateforme à des enjeux politiques? Par le sport, pouvons-nous modifier les choses et partager efficacement un message? À la suite d’une entrevue, Alain Lapointe nous a d’ailleurs mentionné que de nos jours, « à part la météo, il n’y a que le sport qui n’est pas un sujet tabou ». Alors, pourquoi ne pas se servir de cet avantage pour nous faire entendre?

Le voile : deux mondes différents

Même le monde du sport n’est pas épargné de la question de laïcité. Devrions-nous permettre à une femme musulmane de porter le voile, durant une compétition sportive?

Alors que les femmes participent de plus en plus aux évènements, l’image de la femme voilée refait toujours surface. En 2016, une photo des Jeux olympiques illustrant deux joueuses de volleyball de plage a ravivé le débat. D’un côté, nous pouvons voir l’Égyptienne Doaa el-Ghobashy, et de l’autre, l’Allemande Kira Walkenhorst. Dans un monde où la couverture médiatique est sexiste, entre autres pour le port du bikini, l’Égyptienne s’affiche quant à elle avec un survêtement, un hijab, ainsi que le voile islamique. La photo, qui a marqué les Jeux de 2016, a été partagée plusieurs fois sur les réseaux sociaux. Pour certains, le cliché de la photographe Lucy Nicholson illustre l’esprit des JO et pour d’autres, un véritable choc de cultures.

À l’inverse, nous pourrions reprendre le cas de la coureuse de demi-fond Hassiba Boulmerka. En 1992, l’Algérienne remporte la première médaille d’or de l’histoire du pays. Cependant, sa performance n’a pas réjoui tout le monde, car la coureuse tenait à courir en short et même sans son voile. À cette époque, l’Algérie était confrontée à la montée de l’intégrisme islamique, et par conséquent, la jeune femme a reçu de nombreuses menaces de mort. « Pour les islamistes, il était insupportable de voir une femme pratiquer un sport et courir en short », raconte Boulmerka. Même si sa médaille a suscité l’intérêt des jeunes filles à pratiquer l’athlétisme, la coureuse a tout de même été placée sous protection policière jusqu’en 2007. D’ailleurs, elle a été obligée de s’exiler afin d’échapper au danger.

Le sport sert à nous rapprocher, et ce, peu importe la manière dont nous sommes vêtus. En quoi le port du voile occasionne un problème? La vraie question devrait plutôt être pourquoi nous ne laissons pas les femmes s’habiller de la manière dont elles le souhaitent. Ce n’est pas toutes les musulmanes qui veulent porter le voile et cette alternative devrait être tout à fait acceptable.

Un complot qui met en doute la crédibilité du sport

Lorsque nous avons découvert l’existence d’un dopage organisé au sein de la Fédération russe d’athlétisme, de nombreuses performances ont été remises en doute. Le scandale a touché particulièrement le monde de l’athlétisme, mais des preuves portent à croire que plus d’un sport seraient concernés par ce dopage systémique. Afin de répondre au principal objectif de l’État, soit la victoire, on encourageait les athlètes à utiliser des produits dopants. Selon le rapport de 335 pages rédigé par la commission de l’Agence mondiale antidopage, on décrit chez les Russes « une culture profondément enracinée de la tricherie », puis « une mentalité fondamentalement dévoyée, profondément inscrite chez tous les athlètes russes ». En bref, pour accéder à certains niveaux, les athlètes n’avaient pas le choix de se doper, puisque l’État l’exigeait. Pendant plusieurs années, le laboratoire antidopage de Moscou a détruit plus de 1 400 échantillons afin de cacher les preuves de dopage systémique.

Des sanctions ont été apportées jusqu’à présent, mais encore aujourd’hui la problématique n’est pas réglée. Le dopage des Russes a fragilisé la crédibilité du sport de compétition et a suscité beaucoup d’émotions chez d’autres.

À sa façon, le sport peut lui aussi être au centre de nombreux débats. L’actualité sportive ne se compose pas uniquement de comptes rendus d’évènements, mais également de sujets qui permettent d’ouvrir la discussion sur de vrais débats.1


Crédit Photo © Lucy Nicholson

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