Par Grégoire Bouley

Le pape Léon XIV est arrivé au Liban pour une visite de trois jours, après un passage en Turquie, le 30 novembre dernier. Il a été reçu notamment par le président de la République, Joseph Aoun, aujourd’hui le seul chef d’État chrétien du monde arabe. Cette arrivée marque une étape importante dans un voyage pour le dialogue interreligieux et du rapprochement entre les communautés de la région.
Ce déplacement, l’un des premiers voyages internationaux du souverain pontife américain, porte un message, « promouvoir l’unité, la paix et la compassion dans une région éprouvée par les rivalités confessionnelles et les tensions géopolitiques ». Dès son arrivée, sous une pluie battante, le pape Léon XIV a été ovationné par des milliers de fidèles tout le long de son parcours.
Au cours de son séjour, le pape s’est rendu au monastère d’Annaya, un lieu de pèlerinage majeur au Liban. Il y a prié devant la tombe de saint Charbel Makhlouf, moine maronite canonisé en 1977. Très populaire dans le pays, saint Charbel est vénéré par de nombreux fidèles qui croient en la puissance de ses miracles présumés. Ce moment de recueillement a revêtu une dimension symbolique forte, rappelant la profondeur de la tradition chrétienne au Liban et son importance dans l’identité du pays.
Le pape Léon XIV devait également visiter le port de Beyrouth, cinq ans après l’explosion qui avait ravagé une grande partie des quartiers voisins et profondément meurtri la population. Sa présence sur ce site traumatisé vise à manifester sa solidarité avec les familles des victimes, ainsi qu’avec tous ceux qui continuent de souffrir des conséquences humaines, sociales et économiques de cette tragédie.
Un contexte délicat
Le Liban traverse depuis plusieurs années une série de crises économiques et politiques qui fragilisent la population, dans un pays où environ un tiers de la population est chrétienne. À cela s’ajoute une situation sécuritaire tendue, notamment en raison des frappes régulières des forces israéliennes dans le cadre du conflit opposant Israël au Hezbollah.
Lors d’un discours prononcé en français, le pape a encouragé les Libanais à rester résilients et à « continuer à espérer, même lorsque le bruit des armes gronde aux alentours ». Ces paroles ont résonné comme un appel à la persévérance et à la fraternité.
Parmi ses nombreuses rencontres, le souverain pontife a également échangé avec environ 300 jeunes Syriens venus témoigner de la situation critique des chrétiens dans leur pays. La communauté chrétienne syrienne a en effet perdu près de 80 % de ses fidèles au cours des quinze dernières années, conséquence directe de la guerre, des déplacements forcés et de l’insécurité persistante. Cette discussion a permis de mettre en lumière une réalité souvent sous-estimée : la fragilisation rapide et inquiétante des minorités chrétiennes dans plusieurs régions du Moyen-Orient.
Crédit : Egdar Baltrán
