Par Grégoire Bouley

Le 11 novembre 2025 ont eu lieu les élections législatives irakiennes visant à élire les 329 membres du Conseil des représentants.
Ce scrutin, observé avec attention, en particulier par Washington, constitue un moment important pour la stabilité politique du pays.
Un taux de participation en nette hausse
La participation électorale a atteint plus de 55 %, un chiffre largement supérieur au taux record historiquement bas de 41 % enregistré lors des précédentes élections de 2021. Cela représente plus de 12 millions de votes sur plus de 21 millions d’électeurs inscrits. Cette hausse significative n’est pas nécessairement le signe d’une confiance retrouvée envers la classe politique.
Le système électoral irakien impose un quota de représentation féminine, au moins un quart des sièges doit être attribué à des femmes. De plus, neuf sièges sont réservés aux minorités religieuses et ethniques, un mécanisme visant à garantir une représentation diverse dans un pays marqué par de fortes diversités communautaires.
La victoire de Mohamed Chia al-Soudani
La victoire la plus marquante de ce scrutin revient à Mohamed Chia al-Soudani, à la tête de la Coalition chiite pour la reconstruction et le développement, qui a obtenu une large avance sur ses adversaires. Son succès ouvre la voie à la formation d’une alliance parlementaire indispensable pour assurer sa reconduction au poste de premier ministre. Conformément aux règles en vigueur, les élections législatives seront suivies de l’élection d’un nouveau président de la République, un poste réservé à un Kurde dans le cadre du partage « ethnoconfessionnel » du pouvoir. Le président aura ensuite la responsabilité de nommer le premier ministre, lequel devra former un gouvernement.
Malgré la participation en hausse, la campagne électorale a été marquée par un désintérêt de la population. De nombreux Irakiens considèrent que « le résultat des élections est décidé d’avance » et ne croient pas en la capacité de leurs dirigeants à répondre à leurs besoins. Cette méfiance s’explique surtout parce que les problèmes du quotidien ne s’améliorent pas. Malgré la richesse pétrolière du pays, près d’un tiers des Irakiens vit encore dans la pauvreté. Les services publics sont toujours en mauvais état, les infrastructures manquent, et la corruption reste un problème majeur.
Un pays en reconstruction politique
Depuis l’invasion américaine de 2003 et la chute du régime de Saddam Hussein, l’Irak a traversé une succession de crises politiques. Si le pays bénéficie aujourd’hui d’une relative stabilité, celle-ci reste fragile et dépend largement de l’équilibre entre les différents groupes communautaires.
Le nouveau gouvernement devra donc faire face à des défis majeurs, tels que la restauration de la confiance du public, l’amélioration des conditions de vie et le maintien de l’ordre dans un contexte toujours marqué par les tensions régionales et les rivalités internes.
Source : Getty Images
