Jeu. Mar 28th, 2024

Par Dave-Enrick Proulx

Dans moins de 265 jours sonnera le coup d’envoi des Jeux olympiques d’été de 2016. Lors de cette édition, les activités se dérouleront à Rio de Janeiro, au Brésil, du 5 au 21 août. Ce sera la première fois qu’une ville d’Amérique du Sud accueille les compétitions. À première vue, les retombées seront intéressantes pour les Cariocas (habitants de Rio), mais quels en seront réellement les impacts socioéconomiques?

Les infrastructures sous différents angles

Depuis plusieurs mois déjà, les organisateurs brésiliens n’hésitent pas à faire preuve de transparence quant à l’avancement des travaux concernant les arènes des compétitions. À la mi-octobre, la moyenne du taux de complétion des travaux s’élevait à 92 %.

Par ailleurs, le Centre Aquatique sera reconverti en deux gymnases et l’Aréna du futur, de par sa structure «nomade nouvelle génération», permettra d’être transformé en quatre écoles d’une capacité de 500 élèves chacune.

Voici donc le côté reluisant de la médaille.

Cependant, pour construire toutes ces installations destinées à accueillir les quelque 10 500 athlètes et les 7 millions de spectateurs, du financement et des terrains s’imposent.

Des milliers d’habitants résidant dans des favélas sur des terrains à proximité du parc olympique ont été – et sont toujours – expropriés, notamment dans l’idée de sécuriser les déplacements de la presse et des athlètes. Certaines familles sont relogées dans des «loyers sociaux» dans les mêmes quartiers, alors que d’autres sont relogées à plus de 70 km de leur ancienne demeure. Les délais pour quitter les lieux sont parfois extrêmement courts et on rapporte l’utilisation de menaces ou de pressions parfois violentes.

Qu’arrivera-t-il aux terrains réservés à toutes les activités entourant les Jeux olympiques, une fois ces derniers terminés? Serviront-ils les programmes de construction de logements sociaux ou seront-ils revendus à des particuliers?

Il s’agit là d’un côté sombre que les organisateurs se garderaient bien de voir exposé.

Des retombées, mais pour qui?

L’investissement monétaire que représente l’organisation des Jeux olympiques 2016, à savoir la construction, la mobilité urbaine, la sécurité et la dépollution, s’élève à 12 milliards de dollars.

Plus de la moitié de ce montant est avancée par le secteur privé, ce qui, à première vue, semble soulager l’État et ses contribuables, mais cette contribution, s’élevant à 57 % de l’investissement total, soulage par le fait même les coffres de l’État de retombées appréciables.

Par ailleurs, nombre d’économistes s’entendent pour affirmer que l’organisation et l’accueil des Jeux olympiques ne favorisent pratiquement que les investisseurs. D’accord, les revenus de l’industrie touristique connaîtront des sommets inespérés, mais pour quelques semaines tout au plus.

Il ne restera aux Cariocas qu’un réseau de transport en commun.

L’image d’un Brésil qui connaît une croissance économique fulgurante sera retransmise et diffusée à travers la planète, mais son économie globale ne s’en retrouvera pas stimulée pour autant. Les experts prédisent des retours sur l’investissement de 51 milliards de dollars d’ici 2027. En enlevant la somme qui revient aux investisseurs privés et le montant destiné à rembourser l’investissement de l’État, on se rend compte qu’il ne restera que des jeux – pas de pain.

De plus, depuis la tenue de la Copa Mundial de Fútbol, en 2014, les inégalités n’ont fait qu’augmenter au Brésil. Un dixième des habitants met la main sur plus de 73 % du revenu national – il s’agissait de 68 % en 2007.

À suivre

Expropriations et inégalités, mais aussi corruption; mauvaise qualité de l’eau des baies destinées à la tenue de certains sports aquatiques – la concentration de coliformes fécaux est jusqu’à trois fois supérieure à la limite et on retrouve 1,7 million de fois plus de virus que la limite en vigueur –; suspension possible pour la Russie; et corruption à la Fédération internationale d’athlétisme.

Sans tomber dans l’éditorial, je digère mal le fait qu’on joue à l’autruche et que «festifs» et «rassembleurs» qualifient encore les Jeux olympiques.

Si peu au détriment d’autant.


© Montage : Cathie Lacasse Pelletier

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