Mer. Avr 17th, 2024

Voici trois critiques de certains films présentés au FDMS.

Par Benjamin Le Bonniec

God Help the Girl (Écosse)

Pour son coup d’essai à la réalisation, Stuart Murdoch (leader du groupe d’indie-pop écossais Belle & Sebastian) se casse un peu les dents dans une comédie musicale rétro et fantaisiste pourtant pleine de promesses. Avec un scénario fragile sans grande ambition, l’unique intérêt de God Helps the Girl réside dans sa bande originale inspirée de l’univers musical du.

L’histoire : Ève, une adolescente internée dans un hôpital psychiatrique pour soigner une anorexie un peu douteuse (avec une Emily Browing bien portante), s’évade en chanson pour effleurer ses rêves.

Afin d’élaborer le récit, Murdoch a puisé dans plusieurs albums du groupe comme Baby, You’re Blind ou God Help the Girl. L’interprétation innocente des chansons par l’actrice Emily Browning (Belle de nuit) est peu contestable sous ses airs d’Anna Karina (Une femme est une femme — 1961) — Ève lit même Anna Karénine dans l’une des scènes. D’ailleurs, l’inspiration du cinéma de la Nouvelle Vague est un secret de Polichinelle, Murdoch s’inspire également du héros truffaldien d’Antoine Doisnel (Baisers Volés — 1968) pour le personnage de James.

Malgré la parade presque agaçante de nouvelles tenues, on se plait à aimer cette vie un peu hors du temps menée par Ève et ses deux fidèles acolytes : un binoclard niaiseux et une bourgeoise anglaise, dans ce Glasgow pop et étudiant. Mais, le film de Stuart Murdoch reste un film d’adolescent qui n’a de mérite que de satisfaire les admirateurs du groupe écossais et les « pseudos-branchés » fervent de l’esthétisme d’époque, entre Cry Baby et le cultisme Breakfast Club, ou encore Nowhere Boy. Le jeune premier est loin de titiller les Truffaut, Godard ou la référence en matière de film d’adolescent John Hugues.

Timbuktu (Mauritanie, France)

Un plan resserré; une antilope terrifiée s’enfuit. À sa poursuite, une voiture de miliciens bruyants et hilares s’amuse à l’apeurer, dirigeant des coups de kalachnikovs dans sa direction. « Fatiguez-la, mais il ne faut pas la tuer », hurle l’un d’eux. C’est précisément ce que feront ces hommes tout au long du film, épuisant une population locale désarmée. D’une limpidité exemplaire, la séquence suffit à nous situer dans cette Afrique troublée et meurtrie en plein conflit malien. Par sa simplicité, elle pose le ton du film telle une fronde à l’encontre des djihadistes maghrébins en plein conflit malien.

Dans cette fresque poétique où coexistent musulmans paisibles et intégristes venus d’ailleurs pour porter la voix du prophète, le réalisateur malien Abderrahmane Sissoko réalise avec brio un quasi-travail de couverture journalistique. Tant dans la mise en scène et le montage que dans la façon d’aborder l’histoire, il tient une ligne objective et pertinente sur ce constat politique alarmant de la situation dans certains pays Africains. Comme fil rouge, Sissoko s’en tient à suivre Kidane et sa famille recluse à quelques encablures de sable de Tombouctou jusqu’à ce que celui-ci commette l’irréparable en tuant accidentellement un pêcheur accusé d’avoir éliminer sa vache GPS.

Malgré une violence persistante, la guerre n’éclate pas. Elle plane au-dessus des dunes du Sahel où seuls les djihadistes osent arpenter les rues du village pour faire régner l’ordre et faire porter leur conception de l’islam. La magnifique scène des jeunes jouant au football sans ballon sur fond d’un blues aux sonorités africaines symbolise à elle seul le climat absurde et pénible régnant aux portes du désert. Filmé magistralement, l’ensemble du film nous tient en haleine. On en sort abasourdi, un peu plus conscient de cette réalité africaine, tout en étant impressionné par cette réalisation primée comme meilleur film au César 2015.

Le promeneur d’oiseau (Chine, France)

Philippe Muyl réalise ici son propre remake : remake une réadaptation laborieuse de son film de 2002, Le Papillon. Pourquoi et comment le réalisateur en est-il venu là? En fait, il s’agit d’une décision opportune, l’histoire du périple de ce septuagénaire passionné de papillon avec sa petite fille avait fait fureur en Chine. La veine est la même, l’histoire semblable hormis le fait que le vieil homme se passionne pour les oiseaux et non les papillons. Zhigen, un vieil homme, envisage de retourner dans sa ville natale afin de remettre en liberté l’oiseau offert par sa femme. Pour ce long périple à travers la Chine campagnarde, il devra accepter la compagnie de sa petite fille, citadine gâtée et capricieuse.

Outre qu’il fait état des liens intergénérationnels au sein d’une société chinoise en pleine mutation, le scénario de cette comédie mièvre et écolo n’a que peu d’intérêt. La véritable richesse du film n’est autre que la beauté des paysages filmés, cette Chine de carte postale que la formule choisie du road movie aide à apprécier. Calibrée pour l’avantageux marché, cette fable expose les deux faces d’un pays en pleine métamorphose, entre authenticité rurale et individualisme des grandes métropoles.

Sans pour autant nous ennuyer, le film de Muyl sonne creux et ne nous envoute que par la beauté de ses paysages. Le duo d’acteurs aurait pu avoir le mérite de hausser un peu le niveau du film. Pourtant, même quand les liens entre eux se renforcent, la magie n’opère pas. Autant vous dire que si vous avez déjà vu Le Papillon, passez votre chemin.

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