Sam. Juil 27th, 2024

Par Raïs Kibonge

C’est dans la petite salle du Tremplin, au 89, rue Wellington, qu’avaient lieu les consultations publiques organisées par Pierre-Luc Dusseault, député de Sherbrooke, sur la réforme du mode de scrutin. De l’avis des organisateurs, l’invitation semblait être un vrai succès vu le grand nombre de personnes présentes dans la salle où l’on pouvait au bas mot compter près d’une centaine de participants à l’événement. On retrouvait sur le parterre aussi bien des femmes, des jeunes et des hommes, que des gens dans la fleur de l’âge, des citoyens engagés ou encore de simples curieux, qui étaient venus participer à la consultation. La soirée se déroula en trois parties.

Premièrement, il y eut une présentation du sujet de la consultation. Ce moment fut présenté par le député de Sherbrooke, Pierre Luc-Dusseault, qui passa en revue les différents moments de la saga du comité parlementaire à la chambre des communes, qui étudie la possibilité de mettre en œuvre un changement de scrutin. Ensuite arriva la seconde partie, animée par le politologue Jean Herman-Guay, professeur à l’Université de Sherbrooke et spécialiste de la question du mode de scrutin et du vote. Son exposé porta sur les trois grands types de système de vote existant à travers le monde et leurs avantages ainsi que leurs inconvénients. « Il existe trois grandes familles de système de vote », dit le politologue J.H.Guay. « La famille majoritaire, la famille proportionnelle et la famille mixte. Chacune d’elles comporte son lot de bénéfices et de manquements, mais il reste important de savoir qu’aucun système n’est parfait sinon tout le monde l’aurait adopté. C’est pour cela qu’il faudra garder en tête qu’il y a plus que le système de vote pour régler les problèmes en démocratie, cependant ça reste une bonne place où commencer. »

C’est ainsi que les différents participants ont pu apprendre que les avantages des différents systèmes reposent dans la simplicité et la stabilité pour le système majoritaire comme celui au Québec et au Canada, dans la représentation d’idées nouvelles et la prise en compte de toutes les parties de la société pour le système proportionnel comme au Pays-Bas, et dans le meilleur des deux, dans le système mixte comme en Allemagne, avec à la fois une représentation des différentes nuances régionales, mais une proportionnalité réduisant la distorsion électorale. Dans la liste des désavantages, on retrouve pour chaque système un défaut, comme dans le système majoritaire, où une représentativité différente de la réalité peut rapidement devenir de la paralysie entre deux parties majoritaires. Dans le système proportionnel, une trop grande représentation de toutes les opinions peut mener à un cauchemar d’instabilité et une paralysie du système où aucune grande réforme n’est possible, car chaque petite partie doit être convaincue d’embarquer, alors que le système mixte a pour défaut de réduire l’imputabilité du gouvernement face à la population dans le sens où chaque membre d’une coalition peut toujours mettre la faute de ses manquements sur l’autre parti qui ne coopère pas suffisamment et n’être jamais responsable de rien.

Cet exposé fut suivi d’une période de questions sur les systèmes de vote et aussi une période pour les commentaires et opinions diverses. De manière à respecter une règle interne propre au parti du député, il y avait une alternance homme-femme au micro des participants qui désiraient s’informer plus précisément sur certaines questions. Il y eut de nombreuses interventions sur le bien-fondé de chaque système : l’âge du vote à 16 ans, la représentation régionale, les ratés du système de ligne de parti et les référendums d’initiatives populaires. Il en est ressorti une impression d’espoir mesuré face la réforme à venir et de volonté de la part des citoyens de se réapproprier leur démocratie, petit à petit. Cette consultation démontre que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, les gens s’intéressent à leur démocratie et le système peut toujours être amélioré pour refléter les aspirations de la population, car comme l’a dit J.H.Guay lors de la consultation : « Lorsqu’on est capable de garer son char à Montréal, vous ne viendrez pas me faire croire qu’un bulletin de vote répondant à plus d’aspirations de la population serait trop complexe, allons donc… »


Crédit photo © Raïs Kibonge

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