Sam. Avr 13th, 2024

Par Maryka Lessard

Après avoir complété sa maîtrise en médiation interculturelle à l’Université de Sherbrooke en décembre dernier, Mollie Blouin s’est envolée vers la Thaïlande… mais pas pour y visiter les superbes plages. Elle agit plutôt à titre de coopérante volontaire au sein d’un organisme de prévention du trafic humain au nord du pays.

Mi-novembre. Mollie est sur le point de déposer son essai, ce qui marque la fin de sa maîtrise. Elle voit le poste de coopérante. Elle applique. Trois semaines plus tard, elle saute dans l’avion direction Bangkok.

Mais d’abord, comment la formation universitaire en médiation interculturelle prépare quelqu’un à vivre une aventure comme celle que vit Mollie depuis maintenant trois mois?

« Ma formation m’a préparée à analyser et intervenir en contextes interculturels variés qui touchent toutes les formes de culture – ethnique, nationale, religieuse, professionnelle, générationnelle, de genre, etc. C’est une zone d’échange entre des personnes et institutions provenant de divers milieux culturels, dans le but de favoriser la compréhension et les interactions positives. »

Une expérience enrichissante

Sachant que cette expérience serait probablement déstabilisante à plusieurs niveaux, Mollie a plié bagage et a foncé droit dans cette nouvelle aventure pour travailler dans un organisme de prévention du trafic humain.

« L’organisme héberge douze adolescentes qui sont hautement à risque d’être exploitées (sexuellement ou travail forcé). Les missions de l’organisme sont de fournir l’éducation à ces jeunes filles et de travailler avec la communauté locale pour la sensibiliser à la traite des personnes. On veut lutter contre la pauvreté extrême en comprenant les causes et en trouvant des solutions durables afin de diminuer la vulnérabilité au trafic humain. On travaille principalement l’autonomisation des femmes et la prévention de l’exploitation, notamment la prostitution forcée. »

Il faut avoir les nerfs solides pour travailler dans de telles conditions. Ça ne doit pas toujours être facile, mais Mollie me confie à quel point c’est enrichissant.

« Tous les jours, j’en apprends sur la compassion, l’altruisme, le don de soi, la simplicité. Je prends du bagage, puis je laisse des éléments qui me semblent maintenant inutiles. La simplicité au quotidien me fait voir à quel point la vraie richesse, c’est le bonheur, c’est les gens autour de soi, c’est les choix qu’on fait. »

Vivre en toute simplicité

Ce mode de vie comporte son lot de défis au quotidien.

« Ce n’est pas ma première expérience de coopération internationale, mais j’ai quand même dû apprendre à me détacher de mon petit confort – j’utilise des toilettes squat, je me lave avec des seaux d’eau froide, je dors dans un filet, sur un petit matelas par terre. »

Mais Mollie peut se vanter d’en retirer des avantages inestimables.

« Vivre dans la simplicité au milieu d’un petit village rural donne une signification spéciale à mon expérience. Je me sens plus proche des gens et de la culture, je peux m’identifier à leur vie quotidienne. C’est une belle façon de m’unir avec eux et leur réalité, qui est si différente de la mienne. Ça me ramène vraiment à l’essentiel, et me fait apprécier tout ce que j’ai. »

La question du trafic humain

Le trafic humain, c’est une cause qui, on a l’impression, nous touche moins ici, dans le confort du Canada. Mais Mollie m’assure que c’est tout le contraire. Alors que son cheminement personnel à travers cette expérience semble déjà bien entamé, elle lance, comme mot de la fin :

« On pense toujours que ce genre de situation se passe loin de chez nous, mais ce n’est pas le cas : c’est une réalité présente au Canada. On n’est pas assez informés, et cette problématique nous concerne tous… On peut avoir un impact réel, en commençant par nos choix en tant que consommateurs! Notre pouvoir en tant qu’individu est tellement plus puissant que ce que l’on se permet d’imaginer. »


Crédit photo © Mollie Blouin

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