Ven. Juil 26th, 2024

Par Hélène Bughin

Vous les avez peut-être vues sur les réseaux sociaux ou dans quelques événements : Aïssé Touré et Angélique Goguen-Couture ont eu l’idée à l’été 2020 de fonder une plateforme dédiée à la culture noire et métissée. Intitulée Black Estrie, la vitrine unique en région permet de mettre en avant des artistes bien d’ici. Leur balado Personne n’en parle sort sa deuxième saison cet hiver.  

Pour Aïssé, fondatrice du projet, il était devenu incontournable de formuler une réponse aux événements sociaux qui se sont déroulés à l’époque. Dans le but de promouvoir l’excellence noire et de valoriser les parcours artistiques, elle a imaginé une manière de rassembler des modèles inspirants. Les deux femmes sont poussées par l’envie d’un mouvement positif et bénéfique.  

Un espace pour la communauté 

Il s’agit non seulement de faire appel à la culture, mais aussi au communautaire, selon Aïssé Touré. « On présente autant des médecins que des artistes. La culture, on prend ça large : on veut inclure le plus de personnes possible, qui nous représentent ». Elles souhaitent ainsi aborder des sujets aussi spécifiques qu’universels.  

Puisque la conversation est importante pour échanger et connaître son prochain, les deux femmes derrière Black Estrie ont décidé de lancer un balado. Personne n’en parle est un format simple, mais efficace. Les animatrices reçoivent une étoile de la communauté et discutent d’un sujet qui leur est cher. Dans le but d’informer, d’éduquer, de découvrir, les personnes invitées répondent à des questions quiz qui permettent d’entrer en profondeur dans l’idée.  

Diversité et discussions 

Disponibles sur leur chaîne YouTube, les huit premiers épisodes accueillent Romuald Lessard, directeur de studio de danse; une personne atteinte d’endométriose, Claire; Ainslie, fondateur de Voodoo Rendez-vous; Myrbelle, coach d’estime de soi; Loïc Reyel, danseur professionnel; Yumara, une étudiante en droit à l’Université de Sherbrooke; Joël Ntambue, alias @chefouichef; Pascale Lavache, mannequin taille plus. L’abondance de la diversité des sujets fait en sorte qu’on apprend réellement quelque chose des échanges qui surviennent.  

Les segments d’environ 20 minutes couvrent en effet autant l’estime de soi que la maternité. Le but est de ratisser large et le projet réussit son pari. En tant qu’animatrice, Aïssé s’assure que le sujet soit fouillé en profondeur. Pour elle, il s’agit réellement de sujets dont personne ne parle. « On a parlé de relations toxiques, par exemple. On a pris un angle que je n’avais jamais considéré auparavant! » précise la fondatrice de Black Estrie. « C’est pour ça que je voulais faire ce projet : pour qu’on touche finalement l’universel ».  

Rejoindre les autres  

Dans leur tentative de comprendre leur communauté, elles se sont rendu compte que ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un sujet prédominant dans la communauté culturelle noire qu’il ne résonne pas chez tout le monde. « Maintenant, des personnes m’écrivent pour une saison 3! Des communautés asiatiques, maghrébines qui se disent : moi aussi, j’ai quelque chose à dire », mentionne Aïssé. Au travers des nouvelles rencontres, des découvertes et des anecdotes, les femmes dénichent dans l’expérience une part fort enrichissante, soit l’ouverture à l’autre.  

Parmi les nouveaux épisodes de la saison deux récemment en ligne, on trouve une discussion sur la périnatalité, abordée par une spécialiste en accompagnement de deuil périnatal. S’il s’agit d’une problématique touchant deux fois plus de femmes noires aux États-Unis que la moyenne mondiale, le sujet interpellera certainement plusieurs autres groupes sociaux. C’est ce que souhaitent les fondatrices du balado. « Ce n’est pas parce que c’est un enjeu dans la culture noire qu’une autre personne ne peut pas comprendre. C’est le but du projet… Mettre la lumière sur cette idée que les discussions sont plus universelles qu’on pense et personne n’en parle ».  

Des plans pour l’avenir 

Avec le Mois de l’histoire des Noirs qui approche, Aïssé compte s’impliquer à faire rayonner la communauté noire de Sherbrooke comme une composée d’excellence. En ce qui concerne l’avenir du projet Black Estrie comme plateforme, sa fondatrice confie qu’elle aimerait un site web. Si les pages Facebook et Instagram ont vu le jour pour mettre de l’avant des artistes et personnalités de la région sous forme de publication, Aïssé évoque un média en bonne et due forme.  

Le duo, et ce qu’il idéalise, cherche encore sa forme. Toujours dans le but de s’ouvrir aux différentes communautés qui font la région, Black Estrie, ni organisme ni groupe ou entité définie, est en processus de se préciser. « On veut élargir notre mission, prendre de la place dans l’espace médiatique ».  

Encore plus de balados 

Vous avez envie de découvrir davantage de balados? Il y a le projet bilingue Woke or whateva durant lequel les animatrices déconstruisent des concepts comme la race, l’actualité, le capacitisme et l’adoption sans censure. Le balado Where We At, pour sa part, met de l’avant la parentalité, le TDAH à l’âge adulte et le digital blackface 

Du côté de YouTube, la chaîne du Maire de Laval a lancé depuis un moment Faits Divers, l’autoproclamé « meilleur podcast au Québec » (ses mots). Si ses vidéos habituelles abordent avec légèreté l’actualité, il profite de cette nouvelle formule pour inviter des artistes comme Hubert Lenoir ou Roxane Bruneau, des influenceuses de tous horizons ou encore des personnalités qui méritent d’être entendues, comme Madeleine Dalphond-Guiral, militante et membre fondatrice du Bloc Québécois.


Crédit photo @ Black Estrie

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