Mer. Avr 17th, 2024

Par Josianne Chapdelaine

Avant d’entrer officiellement sur le marché du travail, bon nombre d’étudiants se permettent un changement de programme afin de confirmer, ou non, leur choix de carrière. Le 15 novembre prochain est la date limite d’abandon d’activités scolaires, sans échec, de l’Université de Sherbrooke. La réorientation est-elle envisageable?

Un revirement anxiogène?

Selon une étude réalisée par Statistique Canada en 2013, 13 % des jeunes canadiens étaient incertains quant à leur carrière, et ce, même à 25 ans. Quatre jeunes sur dix (38,3 %) avaient plutôt opté pour une toute nouvelle profession.

Selon Alexandre Brien, conseiller en orientation à l’Université de Sherbrooke, les principales causes proviennent de soi. « Les étudiants recherchent une sorte de cohérence avec ce qu’ils sont. Ils veulent faire un choix qui les représenterait bien, ce qu’ils aiment, leurs valeurs, leurs forces. » Parfois, il s’agit de faits sociétaux qui sont hors du pouvoir de l’élève en question. « Des métiers en déclin peuvent obliger certains à se réorienter », ajoute-t-il.

Plusieurs étudiants parviennent à changer de carrière sans aucun souci. Que ce soit du côté des finances ou du cœur, le choix devient affirmé et se fait de manière naturelle sans conséquence. « Le manque de ressources financières, c’est un facteur qui peut ajouter de la pression dans le choix d’un étudiant à se réorienter. Le manque d’argent est donc parfois cause d’abandon », explique Alexandre Brien.

Pour d’autres, ce revirement de situation implique des conséquences. Un recours au programme de prêts et bourses, une obligation à travailler ou à étudier à temps partiel afin d’obtenir un revenu. Certains se dirigeront vers de l’aide externe. L’état d’esprit des étudiants lorsqu’ils choisissent d’aller consulter est souvent lié à des problématiques internes. « Ça dépend. Généralement il y a de l’insatisfaction, de la confusion. Ces gens ont fait des choix et ce n’est pas ce à quoi ils s’attendaient, alors ils sont déçus », ajoute Alexandre Brien.

Pour certains, le fait de ne pas avoir un parcours linéaire peut déranger. « Il y a une pression sociale intangible de ne pas avoir un parcours parfait, de ne pas encore être persuadé de la profession qu’on veut exercer plus tard, et cela peut créer de l’anxiété », raconte Rachel Whalen, étudiante en communication, anciennement étudiante en arts visuels. « Finir un baccalauréat, se rendre à la maitrise, on voit même des cas qui sont doctorants et qui décident tout de même de repartir à zéro. Il est préférable de prendre conscience maintenant plutôt qu’après avoir passé dix ou quinze ans sur le marché du travail », raconte Alexandre Brien.

Même lorsque les parents donnent beaucoup financièrement, cela n’empêche pas les futurs professionnels de s’inquiéter. « J’ai souvent changé de programme, mais je sais que mes parents ne pourront plus subvenir à mes besoins un jour », raconte Amélie Jetté, ancienne étudiante en psychologie et future étudiante en travail social.

Arrivés à la maitrise, les étudiants peuvent remettre en question leur désir d’aller voir ailleurs, même après tant de travail effectué. Il devient alors plus difficile de reculer. Pour Valérie, étudiante à la maitrise en éducation, le choix s’est installé après plusieurs mois de travail acharné, sans la présence généralement requise d’un guide, causant stress et recourt à de l’aide psychologique externe. « C’est comme si j’étais sur l’autoroute, j’attends que le GPS me dise quelle sortie prendre, mais il ne dit rien; je prends le champ. » La comparaison entre pairs est également source d’anxiété. « Tu vois tout le monde s’enligner sauf toi, ça rajoute à ton stress », ajoute-t-elle. Après toute cette aventure, Valérie est aujourd’hui épanouie dans son changement.

Vincent St-Martin est un étudiant qui a choisi de prendre une année sabbatique afin de voyager après un an et demi au baccalauréat en administration. « J’ai tourné en rond un moment, mais les voyages m’ont beaucoup aidé à me retrouver intérieurement. » Ayant eu du soutien financier tout au long de son parcours scolaire, Vincent s’avère très reconnaissant à l’égard de ses parents. « Leur seule condition, c’est que je fasse quelque chose qui va me rendre heureux. »

Des intérêts maintenus

Même s’il y a un changement de programme, des intérêts rassemblent les étudiants dans leur dérivée. D’un baccalauréat en histoire à l’enseignement au secondaire, Frédérique Pépin-Toulouse ne regrette pas cet ajustement professionnel. « J’ai eu envie de transmettre mon savoir aux autres plutôt que de tout garder pour moi. »

Simon Langelier, initialement étudiant en travail social, se tourne maintenant vers la politique, tout en gardant le désir de l’entraide. « Comme le travail social est basé sur la relation d’aide, mon but est d’être capable d’aider les gens. Selon moi, je serai en mesure de faire un plus grand impact sur un plus grand nombre de gens avec la politique qu’avec le travail social. »

Jessica Dionne, étudiante actuelle en relations internationales, avec six ans de bagage universitaire en politique, en immigration et en sciences de la religion, n’éprouve aucune honte quant à son parcours scolaire. « Je ne considère pas ça comme une remise en question, je le vois plutôt comme un cheminement logique. »

Des solutions à portée de main

En cas de doute, quatre orienteurs sont disponibles au Pavillon de la vie étudiante de l’Université de Sherbrooke. « Une seule séance peut faire la différence, comme il est possible d’entamer un plus long processus. Pour chaque étudiant, c’est différent », explique Alexandre Brien. En plus, c’est un service gratuit!

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