Mar. Avr 16th, 2024

RÉACTION DE ROSANNE BOURQUE

Les gars c’est nono.

Les gars ne baissent jamais le siège de la toilette même si toutes les filles leur répètent de le faire. Comme si c’était compliqué.

C’est pas nono ça?

Les gars veulent toujours se battre pour montrer à quel point ils sont forts.

C’est pas nono ça?

Les gars aiment les filles, toutes les filles.

C’est pas nono ça?

Les gars ne savent jamais quoi dire ou comment le dire. Ils ne sont pas bons avec les mots. Ça sort toujours tout croche. C’est pas nono ça?

Utilisation de clichés

Ce sont tous des clichés fort bien connus, mais, aussi, particulièrement généralisés. Richard Martineau semble en avoir personnifié un dans son texte Les filles c’est nono (projet de monologue). Il voulait probablement susciter la réflexion chez les femmes en utilisant des clichés et un ton ironique, mais plusieurs d’entre nous ont plutôt perçu de la condescendance, voire même une attaque. Il savait ce qu’il voulait dire, mais c’est sorti tout croche.

Richard Martineau, c’est un gars, pis les gars, c’est nono des fois. Le message, qu’il soit exposé de façon maladroite ou pas, reste le même : pourquoi les femmes se laissent-elles parfois dicter leurs actes? Richard Martineau ne comprend pas et il trouve ça nono. Voilà! Suite à l’article du journaliste controversé, on peut contester le choix des mots et le ton méprisant de l’auteur. On peut aussi jeter le blâme sur la société et sur les hommes, comme si on n’avait pas de tête et qu’on ne pouvait pas faire la part des choses envers les pressions sociales sur l’image de la femme, mais les femmes sont plus intelligentes que ça, n’est-ce pas? Les femmes ne sont pas toutes nounounes et elles refusent d’être associées au portrait dresser dans l’article de M. Martineau et c’est ce qui a provoqué autant de réactions.

Ce qui est réellement nono

Ce qui choque avec l’article de Richard Martineau, c’est justement qu’il généralise et qu’il semble nous traiter toutes de nounounes. Ce ne sont effectivement pas toutes les femmes qui acceptent de boire de la cire à chaussure pour être plus mince, mais ce sont celles qui seraient prêtes à le faire qui sont le sujet de la discussion. Parce que oui, M. Martineau, il n’aurait pas dû être question d’un monologue lorsque vous avez rédigé votre article : toutes les formes de textes devraient plutôt constituer un dialogue, une discussion. Les filles c’est nono ne prend pas en compte son public et c’est ça qui est vraiment nono.

Écrire à des gens sans s’en soucier réellement.

Parler pour parler, sans soucis d’être compris, sans désir de discussion.
C’est pas nono ça?


RÉACTION  D’HÉLÈNE MAILLÉ

Les filles c’est nono m’a fait grincer des dents, jusqu’à en faire une montée de lait sur les médias sociaux. Si j’ai pu m’emporter, je ne crois pas pour autant que Richard Martineau est dénué d’intelligence. En effet, il faut être particulièrement ingénieux pour s’être rendu là où il est présentement. Il reste l’un des journalistes les plus connus du Journal de Montréal… Que dis-je? De la province. Bref, tant mieux si sa carrière est à son apogée, mais cela ne fait pas de lui un modèle à suivre pour les futurs manieurs de plume.

Son statut de journaliste

Ce n’est pas tant ses propos qui m’ont choquée, mais plutôt pour le culte voué à ce personnage mythique du paysage journalistique québécois. Certes, ces paroles, aussi misogynes et dépourvues de sens soient-elles, m’ont consternée, mais le nom de l’auteur m’a d’autant plus abasourdie. Tous les jours, des deux de pique tiennent des propos semblables, que ce soit sur le sexe, la race, l’orientation sexuelle ou religieuse d’une minorité et même d’une majorité. Le problème ici, c’est que l’on parle de Richard Martineau, un homme revendiquant son statut de journaliste, au sommet d’une tribune immense. Pas d’un nobody qui écrit sous le couvert d’un anonymat restreint par l’ère du numérique.

Et la déontologie dans tout ça?

Avant toute chose, le texte se situait bel et bien dans la section Opinion. Or, on ne parle pas ici d’une lettre de lecteur, mais bien d’un texte où l’auteur a pour profession de coucher ses pensées sur du papier. À mon humble avis, le statut professionnel de M. Martineau n’a qu’illustré un manque profond de déontologie et d’éthique journalistique. Un journaliste a le droit à la liberté d’expression, s’il s’en sert de la bonne manière. On ne peut pas dire n’importe quoi, n’importe comment. M. Martineau cultive pourtant l’attaque personnelle, voire universelle dans la plupart de ses textes, alors qu’un journaliste devrait nourrir la curiosité, informer et surtout, susciter des questionnements chez le lecteur.

Les filles, c’est nono. Oui, mais…

Richard Martineau a su dépeindre une réalité où la gent féminine semble particulièrement niaiseuse, ce qui n’est pas totalement faux. Les filles sont nounounes, les gars sont nonos, la vie est nounoune! On pourrait continuer cette gradation longtemps tant on agit tous de façon irrationnelle. Or, l’argumentation était empreinte d’une certaine subjectivité haineuse et misogyne dont on aurait pu, je crois, nous passer. En ce sens, c’est plutôt Richard le nono…


RÉACTION DE JUDITH DESMEULES

D’entrée de jeu, je ne suis pas une grande partisane de Martineau et de tous ses propos de droite… Donc, Martineau l’homme, ça ne m’intéresse pas, mais le sujet du chroniqueur, ça oui, ça m’interpelle.

Alors, mon intention est loin de vouloir le défendre, seulement de parler des deux côtés de la médaille. Certes, monsieur Martineau s’est vu envoyer toutes sortes de commentaires, de réponses et d’insultes après la publication de son article Les filles, c’est nono. Certains étaient mérités. Cependant, une partie de cette rage adressée à Martineau devrait être portée envers le sujet qu’il discute dans son texte. Lui, et plusieurs autres d’ailleurs, étaye un problème bien présent : le rôle, souvent perçu comme une soumission, de la femme dans la religion musulmane. Le problème dans son cas est qu’il traite de ce sujet sensible avec une ironie poussée à la limite, et c’est cette ironie qui choque, en fait.

Une intention de choquer

Toutes ces critiques venant de ses lecteurs, ne croyez-vous pas qu’il les attendait, voire souhaitait? Pourtant, c’était à s’y attendre, Martineau utilise la tactique d’ondes de choc depuis son entrée dans les médias. Il est un polémiste assumé! Plusieurs de ses articles et chroniques font l’objet de controverses et nombre de fois a-t-il été accusé de propos « irresponsables » et « diffamatoires ». Ses intentions ne sont pas d’insulter toutes les femmes en les traitant de niaiseuses, seulement de révéler une réalité bien présente qui est toutefois difficile à accepter. Il s’est d’ailleurs excusé pour avoir utilisé le terme de « nounounes » dans son texte du 15 février dernier, Cendrillon et le prince charmant. Il voulait plutôt dire « naïves ». Je précise : Martineau n’excuse pas ses propos, seulement le terme choisi qui a, je crois, amplifié la colère de ses lectrices.

Un deuxième niveau difficile à percevoir

On doit l’avouer, ce maintenant célèbre texte d’opinion a ramené une fois de plus sur la table la religion musulmane. Force est de constater que, cette fois, sa manière d’aborder le sujet était quelque peu maladroite… Cependant, ses lecteurs – surtout ses lectrices – ont fait une critique de la lecture au premier niveau, sans prendre en compte les nuances qu’ordonne l’analyse de ce sujet. Nous avons toutes vu le texte comme une attaque avant de considérer le problème social pourtant très à jour ces temps-ci. Richard Martineau ne s’y est peut-être pas pris de la bonne façon, notamment dans le choix des mots, mais si l’on dépasse le stade de l’ironie et de la provocation qu’il utilise, Martineau avait-il vraiment tort? Sincèrement, je ne crois pas.


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