Mer. Avr 24th, 2024

L’environnement est-il un sujet majeur dans les médias, ici et ailleurs? Non. Et voici pourquoi.

Vanessa Racine

Une baisse remarquée depuis les dernières années

Les nouvelles environnementales forment seulement 1,5 % du total des infos. Par comparaison, la cuisine compte pour plus de 5 % du poids médiatique. L’environnement se retrouve maintenant au 14e rang des préoccupations médiatiques au Québec.

La firme de courtage en informations Influence Communication fournies des données en suivant la piste des productions médiatiques nationales et internationales. Selon une de leurs récentes études, le thème de l’environnement est en chute libre dans les médias. En effet, au début des années 2000, le thème de l’environnement tournait autour de 5 %, mais à partir de 2005, ça se met à chuter. Depuis 10 ans, le thème a perdu environ 70 % de sa force. Si on examine aussi la couverture à l’échelle mondiale, le problème du changement climatique est au sixième rang de toutes les informations de 2014. Au Québec, ce problème ne figure même pas dans le top 50. C’est donc conclure que l’environnement ainsi que ses enjeux est une préoccupation moindre du côté des Québécois.

Un silence médiatique

En utilisant les archives des journaux québécois de 2003 à 2013, les chercheuses du Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) ont établi que les concepts économiques, par exemple le développement durable, sont largement favorisés. Par contre, en abordant la question de l’environnement par le biais du développement durable, on passe à côté de la réalité et d’enjeux beaucoup plus fondamentaux et dérangeants. En effet, la couverture se concentre sur des éléments d’actualité, et oublie les enjeux importants environnementaux, qui demeurent inconnus de la population québécoise, ce qui n’aide pas à augmenter les préoccupations de la société. Car, comment s’intéresser à un sujet, alors qu’on ne connait pas ce qui peut en découler?

Journalistes = militants écolos?

De plus, les journalistes affectés à l’environnement sont perçus comme des militants écolos. Mais si on compare un peu, les reporters sportifs aiment le sport, ou alors les critiques de livres dévorent la lecture. Alors, oui, naturellement, le secteur environnemental a tendance à attirer des écolos. Par contre, ces journalistes doivent aussi se battre pour imposer leurs idées avec leurs patrons, qui ne partagent pas toujours leurs préoccupations. C’est pourquoi certains se découragent et laissent parfois tomber ce domaine. Et comment les défenseurs de l’environnement jugent-ils la couverture médiatique? Insuffisante et biaisée. On peut comprendre, si le travail effectué n’est ni apprécié et a peu de chance d’être publié.

Quand Green Peace s’en mêle

Si on regarde un autre côté, est-ce que les environnementalistes savent utiliser les médias? Bien sûr, et certains multiplient même les interventions spectaculaires. Je pense ici à Green Peace qui est l’une des organisations environnementalistes les plus fortes à l’échelle internationale, avec ses quelque 300 millions de budget et trois millions de membres. Elle a bâti sa réputation avec des coups d’éclat faits pour être suivis et reproduit par les médias du monde. Je pense ici à leurs actions internationales, par exemple les bannières recouvrant la statue du Christ à Rio de Janeiro, au Brésil, ou leur lutte envers la compagnie de pétrole Shell. Leurs vidéos sont souvent vues par des millions de personnes en peu de temps. Et ils sont toujours accompagnés de pétitions.

L’environnement est un sujet qui sera continuellement en débat dans notre société, contre l’économie et la politique. Mais si la société montrait plus de signes d’intérêt, l’information et les enjeux fondamentaux n’auraient pas le choix de prendre de l’importance dans les médias.

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