Sam. Juil 20th, 2024

Par Dorian Paterne Mouketou

Alors que la Ville de Sherbrooke célébrait sa Semaine sherbrookoise des familles, deux personnalités bien connues du public québécois se sont penchées sur le thème de « L’État au service des jeunes familles ». La syndicaliste Martine Desjardins et le candidat du Parti québécois dans Sherbrooke Guillaume Rousseau ont convié la population sherbrookoise au colloque organisé le 20 mai dernier.

« La famille, c’est ça qui compte »

Chaque année, la Ville de Sherbrooke, en partenariat avec certains organismes et institutions du milieu, célèbre la Semaine sherbrookoise des familles. « La famille, c’est ça qui compte! » : telle est la thématique choisie cette année. Pour l’occasion, le député de Sherbrooke et ministre libéral de la famille, Luc Fortin, a fait la motion à l’Assemblée nationale du Québec. « Merci aux éducatrices et à toutes les personnes et les organisations qui se consacrent quotidiennement au mieux-être des familles québécoises et à leur plein épanouissement », soulignait M. Fortin.

Guillaume Rousseau, professeur de droit constitutionnel à la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, a saisi l’occasion de participer à l’évènement. Celui qui s’est lancé en politique provinciale comme candidat du Parti québécois dans Sherbrooke a profité de cette initiative sherbrookoise annuelle pour critiquer le bilan du gouvernement libéral sur les enjeux de la famille. Accompagné de Martine Desjardins, ancienne étudiante en éducation de l’UdeS et ex-présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) lors de la crise étudiante de 2012, Guillaume Rousseau a tenu à rappeler que la dernière grande réforme en matière d’éducation à la petite enfance fut élaborée en 1997, année qui soulignait la création des CPE par Pauline Marois, alors ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport.

« L’État au service des jeunes familles »

Le mini colloque organisé par Guillaume Rousseau et Martine Desjardins au Refuge des Brasseurs a été l’occasion de se questionner sur le rôle de l’État dans la politique familiale du Québec. Pour le candidat péquiste, « l’idée c’est de parler de contenu ». Il veut devancer la campagne électorale des prochaines élections législatives. Cette occasion lui a permis d’exposer ses idées politiques sur l’enjeu et de proposer ses trois engagements : développer les places en CPE, protéger les enfants notamment des services de garde des coupes budgétaires, de sorte que même en service d’austérité il y ait interdiction de coupes touchant les enfants, et réduire les tarifs en garderie. Selon cette troisième proposition, les tarifs seraient les suivants pour les enfants en garderie : 8 $ pour le premier, 4 $ pour le deuxième et gratuité pour le troisième.

Martine Desjardins voyait en ce mini colloque la possibilité d’exposer les idées et les conclusions de leur rapport sur la petite enfance, tirées des consultations publiques à travers le Québec.

Commission sur l’éducation à la petite enfance

L’année dernière, André Lebon, président de la Commission, en collaboration avec Martine Desjardins et l’avocat Pierre Landry, exposait le rapport sur l’éducation à la petite enfance. Celui-ci avait pris naissance grâce à l’engagement de ces trois personnalités du milieu de l’éducation devant le ministre Sébastien Proulx, afin « d’aller à la rencontre des Québécoises et des Québécois pour entendre leur bilan de cette politique familiale lancée il y a 20 ans et proposer les ajustements nécessaires ». La Commission, créée par l’Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) et parrainée par l’Institut du Nouveau Monde, a été approuvée par l’Assemblée nationale du Québec. Ses propositions sont encore dans le placard, et les instigateurs du rapport attendent encore que les corps politiques agissent et appliquent certaines mesures proposées visant à réformer la politique familiale de 1997.

Les éducatrices en CPE en Estrie, en grève depuis avril dernier, revendiquent de meilleures conditions de travail. À Sherbrooke, la garderie Mes petits coups, qui propose un service de garde adapté aux enfants à besoins particuliers, s’est confrontée au problème de la reconnaissance par le gouvernement du Québec. Guillaume Rousseau est aussi président du conseil d’administration de Dysphasie-Estrie, un organisme à but non lucratif proposant des ressources aux enfants dysphasiques, dont un service de garde. Il pense qu’il est important de permettre aux CPE d’avoir plus de ressources pour pouvoir accepter les enfants qui ont des besoins particuliers. De même, qu’il y ait des écoles dédiées pour ces enfants.

« En ce sens, les services éducatifs à la petite enfance constituent le premier maillon du parcours éducatif de l’enfant et doivent être intégrés formellement au continuum d’éducation de la petite enfance jusqu’à l’université.

Les recommandations de la Commission

La Commission propose que l’ensemble des services éducatifs destinés aux enfants de 0 à 16 ans soit sous la responsabilité d’un seul ministre et d’un même ministère. Il faut aussi que l’approche éducative aux enfants de 0 à 5 ans soit une approche de développement global de l’enfant. « La reconnaissance du fait que la petite enfance est une période cruciale du développement des enfants doit être affirmée et portée par le gouvernement. En ce sens, les services éducatifs à la petite enfance constituent le premier maillon du parcours éducatif de l’enfant et doivent être intégrés formellement au continuum d’éducation de la petite enfance jusqu’à l’université », souligne le rapport.  En plus de proposer la gratuité pour les enfants de 0 à 4 ans, la Commission désire rehausser la qualité des services éducatifs, notamment par la formation adéquate du personnel éducateur. « Il est primordial que les services éducatifs à la petite enfance rejoignent et incluent les enfants issus de milieux défavorisés et les enfants en situation de vulnérabilité », fait mention le rapport. Par-dessus tout, il faut assurer la complémentarité entre les acteurs afin de placer les besoins des enfants au cœur de leurs préoccupations. « Des lacunes doivent être comblées afin d’assurer une meilleure continuité entre les services offerts par le milieu de la santé, le milieu de l’éducation à la petite enfance et le milieu scolaire », insiste le rapport.

Quelles avenues pour les garderies?

Cette année, le ministre Luc Fortin annonçait la création de 2 000 places en garderie. Les fonds pour les financer, avoue-t-il, existaient déjà. Il ne s’agit donc pas d’un investissement supplémentaire. En même temps, son gouvernement prévoit 3 800 places de plus. Pour beaucoup d’observateurs, les coupes budgétaires libérales ont été plus importantes que les réinvestissements dans les services à la petite enfance, à l’heure où le gouvernement libéral fait des surplus financiers.

Pour Guillaume Rousseau, la baisse des impôts profite surtout aux plus riches. L’investissement dans les services d’éducation profiterait à tout le monde, riche et moins riche. C’est avec cette philosophie qu’il entend tirer les leçons du rapport de la Commission sur la petite enfance.

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