Mer. Avr 17th, 2024

Par Gabriel Gélinas 

La session parlementaire de l’Assemblée nationale, à Québec, a pris fin le 11 juin dernier, tout comme celle du Parlement, à Ottawa, le 23 juin. Outre la COVID-19, plusieurs enjeux d’importance pour la communauté étudiante ont été la source de débats parfois épineux. Qu’il soit question d’habitation, d’environnement, de langues officielles, d’économie ou de justice sociale, force est de constater que les gouvernements ont été tatillonnés sur des enjeux clés pour la relance. L’heure est donc maintenant aux bilans. 

Dans les dernières semaines au Québec, le bon déroulement de la campagne de vaccination a permis aux groupes d’opposition de l’Assemblée nationale de reprendre un certain contrôle de l’attention médiatique et du programme politique, qui étaient jusqu’à tout récemment monopolisés par le gouvernement et les enjeux sanitaires. 

500 $ par mois ou la crise du logement 

Au grand plaisir de Québec Solidaire, l’un des moments politiques marquants du printemps a été la question de Manon Massé adressée au premier ministre concernant le prix de location d’un logement actuellement à Montréal. «Écoutez, ça dépend de la grandeur du logement, mais je dirais… ça peut peut-être commencer à 500 ou 600 $ par mois… assez rapidement monter à 1000 $ par mois», avait-il répondu. 

François Legault a rapidement corrigé le tir. Il a remis en contexte son estimation pour ne pas sembler déconnecté, tout en continuant de nier l’ampleur du problème de logement au Québec. Andrée Laforest, ministre de l’Habitation du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ), est allée jusqu’à nier l’existence même de la crise du logement. 

Or, bien qu’elle soit complexe et nuancée, la crise du logement existe, elle se développe et elle s’étend bien au-delà de l’île de Montréal. À cet égard, la Ville de Sherbrooke, comme bien d’autres, est proactive dans la recherche de solutions d’ici la date butoir du 1er juillet, lorsque plusieurs personnes et des familles entières se retrouvent sans logement chaque année.  

Par exemple, la Ville offre notamment à ceux et celles qui en ont besoin des services de logement temporaire, d’alimentation jusqu’à trois repas par jour et de déménagement de certains biens. La Ville de Sherbrooke, qui cherche à terme un levier réglementaire incitant les promoteurs à développer plus de logements sociaux, invite aussi les propriétaires de logements locatifs à se manifester auprès de l’Association des locataires de Sherbrooke. 

L’environnement en second plan 

En réponse aux pressions qu’il subissait depuis la campagne électorale de 2018, le gouvernement de la CAQ se targuait d’avoir compris le message en présentant en 2020 le budget le plus vert de l’histoire du Québec. Or, un an plus tard, les choses ont bien changé. 

Les 6,7 milliards de dollars annoncées l’an dernier pour mettre en branle le Plan vert du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques sont maintenus dans le budget. Cependant, les 173 millions de dollars ajoutés détonnent avec la mission que se donne le gouvernement. En effet, il vise à relancer une économie durable, maintenir les activités de la biosphère, améliorer la gestion des eaux, entre autres.  

Pourtant, à ces égards, rien n’indique que des progrès satisfaisants ont été atteints pour justifier un désinvestissement du gouvernement dans ces dossiers. De plus, le gouvernement revoit à la baisse la somme investie aux transports collectifs du Plan québécois des infrastructures, mais il bonifie celle investie dans le réseau routier. Sans mentionner l’épineux troisième lien à Québec, tous les indicateurs permettent de douter des intentions environnementalistes du gouvernement. 

Le français, là pour rester au Québec 

Dans l’enchaînement de ses propositions nationalistes, le gouvernement de François Legault a présenté puis adopté sa Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français. La loi du ministre responsable de la langue française, Simon Jolin-Barette, renforcit la Charte de la langue française (loi 101) et apporte quelques changements. 

Entre autres choses, la loi propose un gel des places dans les cégeps anglophones à 17,5 % des places totales dans le réseau collégial; la création dudit ministère de la Langue française et d’un poste de commissaire à la langue française; l’obligation pour les entreprises d’offrir un service en français, sans quoi il sera possible de porter plainte; une reconnaissance dans la Constitution canadienne que le français est la «seule langue officielle et commune du Québec». 

À ce sujet, Guillaume Rousseau, professeur de droit à l’Université de Sherbrooke qui se spécialise notamment en droit linguistique, observe qu’il s’agit du changement législatif le plus important de la loi 101 depuis son adoption, en 1977. 

Cependant, plusieurs intervenants dénoncent le silence troublant de loi sur les langues autochtones. Un constat qui survient peu après les conclusions de la Commission Viens qui soulevaient la barrière linguistique que pose la loi 101 auprès de certaines communautés autochtones vulnérables. 

Les langues officielles, un débat aussi à Ottawa 

L’anglais et le français, les deux seules langues officielles au Canada, ont également été sujet de discussion en fin de session parlementaire à Ottawa. En effet, la ministre responsable des Langues officielles, Mélanie Joly, a présenté un projet de loi qui reconnaît les inégalités réelles entre les deux langues au pays.  

À l’instar de la réforme québécoise, le projet de loi du gouvernement fédéral visait à adapter le cadre législatif à la réalité linguistique actuelle qui repose sur une loi initialement adoptée en 1969.  

Les groupes d’opposition n’ont toutefois pas manqué de souligner que le projet de loi du gouvernement, qui le présente une semaine avant la fin de session parlementaire sachant qu’il n’aura pas le temps de l’adopter, visait plutôt à séduire l’électorat québécois. 

C’est donc sur un fond d’incertitudes que se conclut ce qui semble être la dernière session parlementaire avant de probables élections fédérales à l’automne. 

Pour rappel, n’oubliez pas de réclamer les 200 $ qui vous reviennent si vous avez été étudiant(e) à temps plein (quatre cours) à l’automne 2020 et à l’hiver 2021. Pour ce faire, rendez-vous sur le portail de l’université pour remplir le formulaire à partir du 2 juillet, jusqu’au 15 mars 2022. 

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