Sam. Juil 20th, 2024

Par Alexandre Isnard 

Si Israël et le Hamas ne se parlent pas directement depuis la reprise du conflit le 7 octobre dernier, plusieurs acteurs occupent les canaux diplomatiques afin de parvenir à un prolongement du cessez-le-feu. Parmi eux, on retrouve le Qatar, dont les connexions avec le Hamas sont devenues indispensables.  

Mais derrière les efforts diplomatiques se cachent de plus grandes ambitions : à l’échelle régionale comme mondiale, le petit émirat joue en effet sa crédibilité et sa survie. 

Une place prépondérante dans le conflit 

Après plus de six semaines de combats intenses, un accord de trêve et d’échange vient d’être signé entre Israël et le Hamas, le jeudi 23 novembre 2023. L’accord prévoit la libération d’une partie des 240 otages retenus par le Hamas contre l’arrêt temporaire des combats. La négociation a été rendue possible notamment grâce au travail diplomatique du Qatar.  

Fort de ses relations avec les grandes puissances occidentales — comme les États-Unis, dont la plus grosse base militaire à l’étranger se situe non loin de Doha — le Qatar profite également de sa proximité avec d’autres acteurs. On songe notamment aux groupes terroristes et/ou controversés comme les talibans afghans, les Frères musulmans, le Hezbollah ou encore le Hamas, dont le bureau politique se trouve à Doha. Ce réseau de contacts a permis à l’État qatari de s’imposer comme médiateur. C’est d’ailleurs ce travail de médiation qui avait permis la libération de deux Américaines prises en otage le 20 octobre dernier.  

Cette semaine encore, Doha a multiplié les interactions. Alors qu’une délégation diplomatique se rendait à Tel-Aviv, la ministre d’État chargée de l’action humanitaire, Lolwah Al-Khater, faisait une incursion au poste-frontière de Rafah, tandis que l’émir Tamim ben Hamad Al Thani s’entretenait avec Joe Biden au téléphone. Sans oublier l’échange déterminant avec le président égyptien Al-Sissi afin de débloquer les libérations. Le Qatar parle ainsi à tout le monde, tout le temps.  

Derrière les efforts diplomatiques, de grandes ambitions 

La stratégie qatarie s’inscrit dans une ambition plus grande visant à devenir, dans les prochaines décennies, un acteur incontournable au Moyen-Orient et dans le reste du monde. L’émirat de 11 586 km² rivalise en effet avec d’imposants voisins et les tentatives d’unité ne parviennent pas à masquer leurs nombreuses divergences. Le Qatar compose par exemple avec l’Arabie Saoudite ou encore l’Iran, dont la ligne dure complique les relations. En prenant part aux négociations, le Qatar affirme son leadership et renforce ses liens diplomatiques. 

Enfin, au-delà de la dimension politique, le Qatar accroit également son soft power. Que ce soit au travers de ces nombreux investissements dans le monde du luxe ou du sport, le Qatar tend à développer son influence culturelle et économique à travers le monde. Occuper la scène internationale au travers du conflit israélo-palestinien renforce ainsi cette stratégie et contribue à l’influence qatarie.  

Reste à voir jusqu’où ira l’ambition du petit émirat. 


Source: Wikipedia

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