Ven. Juil 26th, 2024

hey maliDans la ville de Bamako, un lourd silence persiste depuis quelques années déjà. Au-delà de la capitale, le reste du pays aussi est bâillonné.

Par Laurence Chiasson

Si autrefois le Mali était considéré comme le berceau de la musique africaine, il y est aujourd’hui interdit de la jouer ou même de l’écouter. Beaucoup de grands talents reconnus à l’échelle mondiale sur la scène musicale ont en commun le Mali comme pays d’origine. C’est aussi dans ce pays de l’ouest de l’Afrique que se tenait le grand Festival au désert, l’équivalent de notre Osheaga.

Malheureusement, il y a trois ans maintenant que des groupuscules religieux ont déclaré que la musique transmettait directement les paroles de Satan. Jusque-là, on pourrait presque croire à un remake du film Footloose, à une différence près : personne ne vient sauver le Mali.

Malgré les efforts de la population, la pression des groupes religieux a pris le dessus. Les fidèles prennent tous les moyens possibles pour s’assurer de faire taire la musique. D’abord une vague d’attentats armés dans les stations de radio pour remplacer la musique par des paroles saintes, puis des brasiers géants où tous les instruments de musique furent jetés pour les renvoyer d’où ils viennent : l’enfer.

Résistance musicale

Les groupes religieux ne reculent devant rien pour respecter les directives de la charia. Le combat des extrémistes a commencé avec la musique occidentale qui jouait sur les ondes africaines. Rapidement, c’est une chasse contre toutes formes d’art musical qui a été menée, en passant même par la musique traditionnelle et ancestrale du pays. C’est cette dernière attaque à l’essence même de la population malienne qui a déclenché un mouvement de résistance. Une résistance rythmée et mélodieuse. Une résistance musicale.

Les organisateurs du Festival au désert ont décidé de déplacer les festivités au Maroc et au Burkina Faso. Ils invitent les artistes à venir pratiquer leur art et à dénoncer les Djiadistes pour leurs interdictions. Ils profitent également du site Internet du Festival pour sauver la culture et pour dénoncer les actions de ces groupes religieux. Plusieurs artistes ont également pris part à des documentaires pour exposer la situation. Le court métrage Hey Mali a été fait à l’insu des extrémistes et présenté devant de grands publics.

La survie de l’héritage musical est devenue un combat quotidien au Mali et les artistes ne baisseront pas les instruments. À chaque coup de fusil, ils répondront par une chanson. Le 16 mars dernier, au Festival South par le SouthWest, à Austin au Texas, les artistes maliens ont clairement annoncé leur intention de résister aux oppressions islamiques en présentant le documentaire-choc : They Will Have to Kill Us First : Malian Music in Exil. Le titre du documentaire exprime la pensée des Maliens qui affirment haut et fort que la lutte à la culture des islamistes ne se passera plus sans la résistance de la population.

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