Jeu. Mai 9th, 2024

Par Alexandre Blanchard

N’étant pas un admirateur des œuvres des frères Coen (True Grit, No Country for Old Men), je dois admettre qu’Inside Llewyn Davis m’a agréablement surpris par sa sensibilité poignante et sa légèreté fascinante.

Après quelques instants seulement, on sait déjà à quoi s’attendre. La scène d’ouverture au café Gaslight donne le ton : on y trouve Davis grattant sa guitare tout en s’abandonnant à la musique, seule source de salut pour sa pauvre âme.

Le long métrage de 104 minutes trace la vie du musicien bohème et sans le sou qui s’efforce de vivre de son art. Précisons que Llewyn a la fâcheuse habitude de tout gâcher autour de lui. Pis encore, partout où l’artiste va, la vie semble lui balancer sa médiocrité en plein visage. C’est donc à travers un récit qui se déroule lentement, parfois trop même, que l’on suit le protagoniste au jour le jour tout en apprenant à le connaitre, à s’attacher et à le soutenir dans sa grande détresse.

En ce qui concerne la détresse justement, l’éclairage maitrisé crée une ambiance sombre, oppressante et déprimante. La cinématographie est léchée; un souci du détail s’avère visible à chacun des plans. Le thème de l’abandon est également latent dans l’histoire.

Malgré le thème du drame sous-jacent au récit, bien maitrisé et parfaitement dosé soit dit en passant, je n’ai pu m’empêcher de m’esclaffer plus d’une fois au gré des dialogues mordants et diablement bien écrits. Il s’en dégage une légèreté plus qu’agréable qui, ultimement, dépeint un réalisme touchant.

Les acteurs, sans être de gros noms de l’industrie, donnent des performances qui collent parfaitement à l’univers des années 60 que propose l’œuvre. Oscar Isaac (Drive et Robin Hood) quant à lui offre une performance remarquable et touchante à travers son personnage de musicien raté. D’ailleurs, les scènes où il chante sont les plus réussies et les plus vraies sur le plan émotionnel.

D’un point de vue un peu plus négatif, le film met en scène des personnages secondaires intéressants qui demeurent sous-exploités. De son côté, la trame sonore composée exclusivement de chansons folks, quoique superbes, n’est pas assez présente. Malgré qu’elle soit très vivante au début et à la fin du long métrage, la musique cède place trop souvent à un silence pesant. La morale du film, quant à elle, demeure ambigüe et laisse au spectateur une grande latitude concernant l’interprétation de l’œuvre.

Au final, Inside Llewyn Davis nous berce à grands coups d’élans mélancoliques et de morceaux de musique poétique à travers un récit poignant de réalité qui raconte la vie d’une âme en détresse dans laquelle on peut facilement se projeter.

Inside Llewyn Davis : 5.6/7


Crédit photo © collider.com

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