Mer. Avr 17th, 2024

Par Benjamin Le Bonniec

Sollicité par son ami photographe Guillaume Plourde pour apporter sa contribution à une série de photographies, Guilhem Gosselin orne celles-ci d’histoires captivantes mêlant savamment la mélancolie à l’espérance. Iris, La rencontre d’un regard fait ainsi appel au travail de ce jeune écrivain sherbrookois pour poser ses mots, comme un hommage vibrant à ces visages que l’on croise au détour des pages. Portrait croisé d’un homme amoureux de la langue, des livres et animé d’une ardente humanité.

La littérature a quelque chose de viscéral chez Guilhem; il aime la langue française pour sa richesse et sa subtilité. Sa verve peut en déstabiliser certains, mais celui qui prendra le soin de s’intéresser à ce premier recueil de textes ne pourra que s’émerveiller devant la ferveur et l’ardeur du jeune écrivain. Iris, La rencontre d’un regard est aussi la rencontre  ou l’occasion d’un rendez-vous entre la photographie et la littérature. Pour Guilhem, le mandat de départ était d’illustrer par des mots les photos de Guillaume Plourde. Pourtant, dans la réalité de l’écriture, le détournement intervient et les textes s’écrivent parfois indépendamment de la photo, se suffisant à lui-même, l’image l’immortalisant. « Je me donnais vraiment une liberté, la personne sur la photo devenait un personnage de mon histoire, il n’était pas nécessairement l’élément central. »

C’est donc au travers de ce paradoxe que ce projet a pu voir le jour. Guilhem Gosselin emploie tantôt la voix d’un autre, tantôt la sienne, et endosse à quelques reprises le rôle du narrateur ou du poète brossant le visage d’une certaine humanité. L’utilisation de la première personne se fait dès lorsqu’il y a nécessité de créer une certaine filiation avec le personnage du cliché, mais aussi pour se faire plaisir et « exprimer des pensées auxquelles je souscris que je peux pousser, exagérer, avec un ton acerbe par exemple dans J’ai tué le rêve ». Ce regard ainsi porté sur ces visages d’hommes et de femmes croisés au détour d’une rue permet à l’auteur de s’éprendre avec mélancolie pour l’homme et son existence, s’offrant impunément le loisir de changer la perspective de celle-ci. Ces visages marqués par la vie offrent à Guilhem le terrain de jeu favorable à l’expression de son opinion par les mots qu’il aime tant. « La littérature est aussi un moyen d’exprimer des idées, mais j’aime les mots, j’ai un attachement pour la langue française. » À la faveur d’un lyrisme irrésistible, son écriture tend néanmoins quelques fois vers des latitudes plus philosophiques conceptualisant une idée au-delà de l’histoire, sans succomber toutefois à l’essai.

Grand amateur de la littérature russe et des écrits existentialistes, l’auteur développe un  style profondément viscéral, humain. Selon lui, « la littérature doit nous bouleverser, qu’elle divertisse tant mieux, mais elle doit perturber ». Celle-ci l’a dans le passé incité à aller voir plus loin, dans les mots, dans leur compréhension et à ne pas rester dans l’ignorance lexicale qu’il pouvait parfois avoir. Attaché à cette richesse de la langue, à sa complexité, Guilhem voit cette première publication comme un tremplin vers l’avenir, la mine instigatrice d’un futur littéraire. Ayant conscience de la dimension solitaire de l’écriture, il révèle sa réceptivité aux critiques, et en prend note avec une bonne mesure. « C’est une expérience très positive, qui donne beaucoup d’idées pour la suite. » Et celle-ci tournera notamment autour d’une publication dans le cadre du projet Oubliées donnant voix à la singularité de femmes ayant marqué l’histoire de la France dans une approche à la « fanfiction » où la réalité rejoint la fiction dans la main de l’écrivain. Aussi, Guilhem nous confie son travail actuel sur un roman pour lequel il a déjà le titre, Le Palais des autres jours, une œuvre plus personnelle qu’il compte pousser à terme rapidement. « Je viens de finir la structure du roman, son ossature et les personnages même si ça évoluera au fil de l’écriture. »

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