Par Sarah Gendreau Simoneau

Plusieurs personnes aimeraient voir des avertissements de risques de cancer sur les bouteilles d’alcool, tout comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des experts en santé. Santé Canada, cependant, ne partage pas cet avis.
La consommation d’alcool, même en faible quantité, augmente les risques de cancers ou autres maladies graves, comme les maladies cardiovasculaires et les maladies gastro-intestinales, entre autres. Les gens ne savent peut-être pas que, même en n’abusant pas de l’alcool, les risques de développer sept types de cancer sont présents, notamment le cancer du sein, du côlon, de l’estomac, du foie et du pancréas.
C’est pourquoi des experts de la santé ne comprennent pas pourquoi Santé Canada n’impose pas l’ajout d’étiquettes avertissant des risques sur les boissons alcoolisées, comme c’est fait pour le tabac.
Le but n’est pas de diaboliser la consommation d’alcool, énonce Catherine de Montigny, docteure en médecine des toxicomanies au CHUM, à Radio-Canada. « C’est de donner de l’information pour que les gens soient au courant et prennent ensuite des décisions. »
Selon le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances, chaque année au pays, 7 000 personnes décèdent d’un cancer lié à la consommation d’alcool. Il est certain que le risque varie selon la consommation des gens.
Ailleurs dans le monde
L’OMS/Europe pense qu’il est urgent que les produits alcoolisés portent des étiquettes d’avertissements visibles. Dans un rapport publié plus tôt cette année, l’agence de santé des Nations unies déclarait que « bien que le cancer soit la principale cause de décès imputables à l’alcool dans l’Union européenne (UE), il est alarmant de constater que la population reste peu consciente du lien entre l’alcool et le cancer ». D’ailleurs, le Canada n’est pas le seul pays où l’encadrement de l’alcool est débattu.
C’est la Corée du Sud qui, en 2017, est devenue le premier pays du monde à apposer des avertissements concernant le cancer sur les produits alcoolisés. En Irlande, les compagnies d’alcool seront obligées d’inscrire les risques de cancer sur leurs produits à compter de 2028, la date ayant été repoussée pour protéger la compétitivité des exportations de boissons irlandaises au sujet de préoccupations commerciales internationales.
Aux États-Unis, des mises en garde sur la santé par rapport à l’alcool sont déjà présentes, mais pas spécifiquement sur les risques de cancer. Cependant, les étiquettes n’ont pas eu l’effet de sensibilisation escompté. Au début de l’année, l’administrateur de la santé publique des États-Unis a demandé au Congrès d’ordonner l’ajout d’étiquettes sur les bouteilles d’alcool afin d’alerter la population quant aux risques accrus de cancer liés à la consommation d’alcool.
L’Union européenne, quant à elle, a rendu la liste des ingrédients et les valeurs nutritionnelles obligatoires depuis près de deux ans, soit sur le produit, soit par un code QR que les personnes consommatrices peuvent consulter. Le débat sur l’étiquetage obligatoire se poursuit en Norvège et au Royaume-Uni, comme ici.
Au Canada, Patrick Brazeau, sénateur indépendant, a déposé un projet de loi au printemps dernier qui sera étudié par un comité cet automne. Il pourrait ensuite être débattu par les élus à la Chambre des communes. Il rappelle que « ça a pris presque 20 ans de contestation judiciaire avant d’arriver aux résultats qu’on voit aujourd’hui pour l’étiquetage du tabac. »
De la transparence et un meilleur encadrement
Depuis des années, différents groupes d’experts pressent le gouvernement fédéral de renforcer les règles pour mieux informer les gens. Un traitement différent des autres produits nocifs pour la santé (cannabis, tabac) aurait pour conséquence, selon eux, de banaliser l’alcool.
L’interdiction de la publicité et les avertissements sur les paquets de cigarettes ont contribué, notamment, à la chute de la consommation de tabac au Canada. En 1965, un Canadien sur deux fumait. Aujourd’hui, c’est à peine un sur dix.
Une étude de Santé Canada en 2023 montre que 59 % des Canadiens et Canadiennes estiment que les exigences d’étiquetage qui s’appliquent au tabac et au cannabis devraient aussi s’appliquer à l’alcool. De plus, le public est en faveur d’une réglementation plus transparente.
Sans s’affoler ou arrêter complètement notre consommation d’alcool, il serait bien qu’on ne sous-estime plus la quantité d’alcool qu’on consomme et qu’on soit plus conscients des dommages sournois que les produits alcoolisés ont sur notre santé.
Source : Vinum Design

Sarah Gendreau Simoneau
Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.
Elle s’efforce, avec sa curiosité légendaire, de dénicher les meilleurs sujets diversifiés pour vous!