Rupture totale entre les États-Unis et le Venezuela   

Par Grégoire Bouley

Le président vénézuélien, Nicolás Maduro, mobilise des troupes afin de faire face à la pression américaine. 

Depuis plusieurs décennies, les relations entre les États-Unis et le Venezuela sont marquées par une méfiance mutuelle et des affrontements diplomatiques répétés. Les derniers mois ont vu une montée spectaculaire des tensions entre Washington et Caracas, à la suite d’opérations militaires dans la mer des Caraïbes. Ces évènements soulèvent d’importantes questions quant à la légalité internationale des actions entreprises mais aussi à la stabilité régionale qui redessine les tensions géopolitiques à venir. 

L’administration Trump a durci son offensive contre le Venezuela depuis août dernier. Washington accuse Caracas d’être impliqué dans l’envoi de gangs tels que le Tren de Aragua et le Cartel de los Soles, liés à des responsables militaires. Le gouvernement américain reproche également au régime vénézuélien son rôle dans le trafic de drogue vers les États-Unis.  

Ce ne sont toutefois pas les seules accusations formulées par la Maison-Blanche. Donald Trump affirme que le président vénézuélien, Nicolás Maduro, dirige un vaste réseau de trafic de drogue et va jusqu’à qualifier le Venezuela de « narco-État ». 

Alors que le président vénézuélien accusait Washington de vouloir provoquer une « guerre majeure », les États-Unis ont rapidement riposté en ciblant plusieurs navires vénézuéliens dans les eaux internationales, les soupçonnant de transporter de la drogue. 

Le président Trump a déployé plusieurs navires de guerre au large des côtes du Venezuela et les a renforcés par des avions de chasse F-35 stationnés à Porto Rico. Le 1ᵉʳ septembre, Maduro a dénoncé ce déploiement comme une menace injustifiable, immorale, absolument criminelle et sanglante, ajoutant que ce serait « la plus grande menace que notre continent ait connue au cours des 100 dernières années ».  

Récemment, Washington a mis en place une récompense de 50 millions de dollars pour capturer le président vénézuélien, alors accusé d’être à l’origine de plusieurs de ces cartels de drogue. Ce dernier estime que Washington, qui n’a pas reconnu sa réélection de 2024, cherche à l’évincer du pouvoir.  Il avait en ce sens, déclaré que Caracas, se défendrait contre les agressions américaines qualifiant entre autres le chef de la diplomatie américaine, Maroc Rubio, de « seigneur de la mort et de la guerre ».  

Face à la pression américaine, Nicolás Maduro ne semble pas perdre espoir. Il a annoncé le déploiement d’au moins 4 millions de miliciens pour « garantir la couverture de tout le territoire » dans ce qu’il appelle des « zones de bataille ». La marine et des drones de surveillance ont également été mobilisés dans les eaux territoriales. 

Septembre annonce donc des relations venezuelo- américaines plus tendues que jamais. Les forces américaines ont annoncé avoir détruit un bateau au large des côtes vénézuéliennes, accusant ses occupants de transporter de la drogue pour le compte du Tren de Aragua. L’opération a fait onze morts. Quelques jours plus tard, le 15 septembre, une seconde frappe a visé un autre navire soupçonné de trafic, causant trois morts supplémentaires. Menées sans concertation avec Caracas, ces frappes ont été immédiatement dénoncées par le gouvernement vénézuélien comme une violation flagrante de sa souveraineté. 

Un contexte historique compliqué  

Alors que l’escalade des tensions se poursuit sans perspective d’apaisement diplomatique, il faut rappeler que le Venezuela a longtemps entretenu des liens étroits avec Washington. Les compagnies américaines dominaient autrefois l’exploitation du secteur pétrolier, et le pays fut longtemps considéré comme un allié fiable des États-Unis.  

La véritable rupture survient avec l’élection d’Hugo Chavez en 1999, proche des idées bolivariennes et socialistes. Sa politique anti-impérialiste, son rapprochement avec Cuba et la critique des interventions militaires américaines, notamment en Irak, suscitent l’hostilité naissante de Washington.  

Au cours des années 2000, la méfiance vénézuélienne à l’égard des États-Unis s’agrandit, le pays latin réduit sa dépendance économique envers les États-Unis et se rapproche de partenaires ennemis de son ancien ami américain ; la Chine, la Russie et l’Iran.   

L’élection de Nicolás Maduro en 2013 signe le véritable contrat de fin. Confronté à une crise économique et humanitaire aggravée par la chute des prix du pétrole, le Venezuela fait dès 2015 l’objet d’une série de sanctions économiques et diplomatiques imposées par les États-Unis.  

En 2019, se fondant sur un article de la Constitution vénézuélienne, Juan Guaidó, président de l’Assemblée nationale, s’autoproclame comme chef d’État légitime des Vénézuéliens. Ce geste a été directement reconnu par les États-Unis, mais dénoncé par le président Maduro qui y voyait une tentative de coup d’État appuyée par les États-Unis, entraînant une rupture quasi totale des relations diplomatiques avec Caracas. 


Crédit : Venezuela’s Presidency

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