Retour sur la Semaine de la vérité et de la réconciliation

Par Elizabeth Gagné

Photo prise lors de la grande marche à Bishop’s qui a eu lieu le 30 septembre. 

Un retour s’impose sur cette Semaine nationale de la vérité et de la réconciliation qui a animé notre campus. Cette année, l’attention a été portée sur la Nation W8banaki, reconnue comme gardienne des terres ancestrales où se trouve l’Université de Sherbrooke. 

Plusieurs ont souligné la profonde gratitude envers les membres de la Nation W8banaki pour leur précieuse collaboration. Du 29 septembre au 3 octobre, plusieurs activités de sensibilisation et d’apprentissage ont eu lieu sur le Campus principal, mais également à l’Université Bishop’s et à la Maison du Cinéma, notamment avec la projection du film Florent Vollant : Innu

Cette semaine d’activités a été inaugurée le 29 septembre avec une levée du drapeau de la communauté d’Odanak. Elle s’est terminée le 6 octobre avec une conférence sur l’autodétermination des Premiers Peuples, animée par l’entrepreneur abénaki Jacques Watso et l’artiste multidisciplinaire atikamekw Catherine Boivin. Le 1er octobre dernier, des conférences ont également été données à l’Agora du Carrefour de l’information et à la bibliothèque Roger-Maltais.  

La première conférence, À la rencontre des Abénakis, a été présentée par Sonia Fiset de W8linak, membre de la communauté d’Odanak. C’est avec une grande écoute que le public a appris que la présence des W8banakiak sur le territoire ancestral appelé Ndakina remonte à plus de 12 000 ans. La ville de Sherbrooke, appelée « Grande Fourche » à cause de la jonction des rivières Magog et Saint-François, fait partie de ce territoire ancestral où environ 40 000 W8banakiak vivaient autrefois. Après le contact avec les colons, plus de 98 % de la population a été décimée. Non seulement le passé a bien évidemment été abordé, mais également le présent, avec des discussions entourant les réalités actuelles de la communauté d’Odanak. Il y a encore du chemin à faire. 

Saviez-vous que la plupart des onze nations autochtones reviennent à leur nom d’origine ? En effet, les noms plus connus, tels qu’Algonquins (maintenant Anichinabés) ou Cris (maintenant Eeyou), ont été donnés par les colons, et certains comportent des connotations négatives. Par exemple, la Nation Wolastoqiyik, surnommée par les colons « Malécite », était désignée ainsi par un terme signifiant « mal instruit ». L’atelier avec Sonia Fiset a permis d’en apprendre davantage. 

De la sensibilisation à l’apprentissage 

La programmation de la Semaine de la vérité et de la réconciliation est née d’un effort institutionnel et d’une grande collaboration avec plusieurs partenaires W8banaki, ainsi qu’avec le comité M8wwa ᒪ ᒧ mamu, informe Patricia-Anne Blanchet, coordonnatrice à l’expérience étudiante et à la sensibilisation aux Premiers Peuples. 

C’est la mise en place du Plan d’action 2021-2026 pour et avec les peuples autochtones qui a donné lieu aux programmations de la Semaine de la vérité et de la réconciliation. « Depuis cinq ans, explique Patricia-Anne, on voit un réel effort collectif de la part de tous les départements et des facultés qui s’impliquent et veulent participer. » Cette année, le niveau de participation a atteint des records : « Environ deux mille personnes ont participé à la grande marche cette année, c’est un record… Aux ateliers, on a vraiment eu une belle réponse : tout était pratiquement complet, les salles étaient pleines, donc c’est environ 400 personnes qui ont assisté aux différents ateliers. » 

Une réponse plus que positive 

La réponse de la communauté étudiante à l’égard des activités organisées durant la Semaine de la vérité et de la réconciliation est très positive. « Les gens ont trouvé que c’était très éducatif et ils sont contents également de la sensibilisation qui a été faite », poursuit Patricia-Anne Blanchet. 

« De la part de notre communauté étudiante autochtone, il y a eu beaucoup de participation. Ils sont contents de voir une continuité culturelle, leur culture rayonner, mais aussi leurs réalités prises en compte à grande échelle. Pour les étudiants allochtones, on a eu beaucoup de témoignages selon lesquels c’est la bonne façon de s’impliquer : c’est engageant, c’est mobilisant, ça permet de s’outiller et d’avoir des arguments pour soutenir et devenir à notre tour des vecteurs de changement. » 

Des engagements réels 

Dans un message vidéo daté du 2 octobre, le recteur et professeur Jean-Pierre Perreault a souligné l’importance de la Semaine de la vérité et de la réconciliation. « Personnellement, j’aimerais en fait qu’on passe d’une semaine à 365 jours par année. Je pense que c’est un dossier important à l’Université. » Il a raison ! Les membres du comité M8wwa ᒪ ᒧ mamu et le personnel de la coordination à l’expérience étudiante et à la sensibilisation aux Premiers Peuples, ainsi que plusieurs autres, collaborent toute l’année pour mettre en lumière les réalités, savoirs et perspectives autochtones au sein de l’institution. 

Répondant ainsi aux appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (2016) et de la Commission Viens (2019), plusieurs engagements sont mis en place afin de faire de l’UdeS un milieu accueillant. Le Plan d’action vise à ce que les personnes autochtones puissent développer leur plein potentiel. Il poursuit aussi les objectifs d’accroître les initiatives favorisant la production et la diffusion des savoirs autochtones, de contribuer au rayonnement des peuples autochtones et de faire progresser la réconciliation (Plan d’action 2021-2026 pour et avec les peuples autochtones). 

Depuis le Plan d’action, l’Université a démontré son engagement, notamment en créant deux postes permanents à la coordination à l’expérience étudiante et à la sensibilisation aux Premiers Peuples. De plus, en collaboration avec le comité M8wwa ᒪ ᒧ mamu, le Département d’éducation a modifié son programme afin d’ajouter le cours Perspectives autochtones en éducation (PAE403), devenu obligatoire dans le programme d’éducation pour le baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire (BEPP) à partir de cette session et pour le baccalauréat en enseignement au secondaire (BES) à partir de la session prochaine. « On est la première université francophone à rendre le cours Perspectives autochtones obligatoire ! », mentionne Patricia-Anne Blanchet. Il y a beaucoup de choses qui se font tout au long de l’année. « Il ne reste qu’à développer un espace de vie étudiante autochtone plus centralisé, plus accueillant, aux couleurs des Premiers Peuples. C’est vraiment notre souhait ! » 


Crédit : Patricia-Anne Blanchet

Elizabeth Gagné
Cheffe de pupitre CULTURE  culture.lecollectif@usherbrooke.ca   More Posts

Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.  

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