Jane Goodall : de chercheuse à activiste

Par Elizabeth Gagné

Jane Goodall avec un bébé chimpanzé.

Le 1er octobre dernier, le monde entier apprenait le décès de Dre Jane Goodall. Depuis, les messages de sympathie et de commémoration déferlent sur les réseaux sociaux.  

Primatologue et ethnologue de renom, Jane Goodall est née à Londres en 1934. Elle a consacré la moitié de sa vie à étudier les chimpanzés dans leur état naturel et l’autre moitié à parcourir le monde afin de sauver la planète. Elle s’est éteinte à l’âge de 91 ans. 

Depuis toute petite, Jane Goodall avait un rêve hors du commun : celui d’aller vivre avec les animaux en Afrique. À l’époque, on trouvait qu’il s’agissait d’un rêve absurde pour une petite fille de son âge. Déterminée et obstinée, les moqueries ne l’ont jamais arrêtée. Jane Goodall a souvent répété en entrevue que sans le soutien de sa mère, Vanne Morris-Goodall, qui a toujours cru en ses rêves, elle ne serait pas devenue la femme que l’on commémore aujourd’hui. 

C’est le paléoanthropologue Louis Leakey qui a découvert le potentiel de Jane Goodall, alors qu’elle était son assistante. Ce dernier recherchait une personne pour étudier le comportement des chimpanzés, croyant que ces données pourraient l’aider à mieux comprendre l’histoire de nos origines. C’est à Jane qu’il a confié cette mission en 1960. Âgée de 26 ans, Jane Goodall, accompagnée de sa mère, est partie pour sa toute première expédition solo à Gombe, en Tanzanie. 

Une découverte révolutionnaire 

Il a fallu plusieurs mois pour que Jane Goodall puisse se rapprocher suffisamment du groupe de chimpanzés qu’elle observait pour y faire une découverte qui allait révolutionner notre compréhension des primates. C’est un certain chimpanzé qu’elle a nommé David Greybeard qui a été le premier à lui accorder sa confiance. Il a permis à Goodall d’être introduite au reste du groupe. C’est également grâce à lui qu’elle a pu observer, pour la première fois, un chimpanzé transformer une brindille en outil pour s’alimenter. 

À l’époque, on croyait que seul l’être humain pouvait concevoir et fabriquer des outils. Jane a démontré, avec ses observations, que les chimpanzés pouvaient eux aussi le faire en plus de les utiliser. Elle a été la première à répertorier ce genre de comportement, bouleversant ainsi notre compréhension et notre vision des primates et, de ce fait même, de l’homme. 

Cinq ans plus tard, ses découvertes en Tanzanie ont permis d’assurer des fonds afin de construire le centre de recherche Gombe Stream, fondé en 1965. Jusqu’à ce jour, le centre maintient ses activités, continuant ainsi les recherches qu’avait entamées la pionnière Jane Goodall. Il s’agit de la plus longue recherche en continu faite sur une espèce animale dans son état naturel de l’histoire. 

Également, ses observations ont permis de découvrir que les chimpanzés étaient omnivores. C’est d’ailleurs David, le chimpanzé préféré de Dre Goodall, qui a été le premier répertorié à manger de la viande. Tout au long de sa carrière sur le terrain, Jane a découvert que les chimpanzés pouvaient avoir de forts instincts maternels, de la compassion, vivre le deuil et exprimer le besoin d’être réconfortés. D’ailleurs, Jane a avoué qu’elle avait beaucoup appris de la matriarche Flo et de la manière dont elle prenait soin de ses bébés dans son propre rôle de mère. 

D’un autre côté, elle a pu observer que les chimpanzés étaient capables d’entrer en guerre les uns contre les autres. De 1974 à 1978, Dre Goodall et ses étudiants ont été témoins d’une guerre entre deux factions d’une même communauté à l’origine et qui a fait plusieurs victimes. Ce voyage l’a profondément touchée. Elle a souvent répété, lors d’entrevues, que le contact avec la forêt l’avait éveillée spirituellement. Ses années d’observation dans la forêt ont été les plus belles années de sa vie, disait-elle. Alors, pourquoi arrêter ? 

De chercheuse à activiste 

En 1986, Jane Goodall a pris part à une conférence scientifique regroupant des chercheurs qui menaient d’autres opérations d’observation ailleurs en Afrique. Elle a tenu une session sur la conservation et a été choquée de voir la population de chimpanzés décliner drastiquement à cause de la destruction de leur habitat et de la traite animale. Elle est entrée dans ce colloque en tant que scientifique et en est ressortie comme activiste. 

Même si elle préférait rester à Gombe pour observer les chimpanzés, elle se serait sentie déloyale si elle ne les défendait plus. « They’ve done so much for me », racontait-elle en entrevue. Depuis ce jour, Jane Goodall n’a cessé de parcourir le monde afin d’inspirer les gens à passer à l’action pour lutter contre la crise climatique. 

En 1977, elle a fondé le Jane Goodall Institute pour soutenir initialement la recherche à Gombe, mais aujourd’hui, ce sont plus de 25 bureaux qui gèrent divers programmes à travers le monde. En 1991, Jane a fondé le programme Roots & Shoots dans le but d’éduquer la jeunesse à propos de la préservation, inspirant ainsi des milliers de jeunes à passer à l’action. 

Jane a été nommée messagère de la paix par les Nations unies en 2002. Elle a également écrit plusieurs livres, autant pour les adultes que pour les enfants. L’ethnologue a travaillé et lutté jusqu’à son dernier souffle pour sauver la planète. 

Le message d’espoir de Jane Goodall 

La « Mère Teresa de l’environnement », comme l’appelaient certains de ses collègues, a inspiré des milliers de personnes à garder espoir et à poser des gestes concrets pour l’environnement. Dans une entrevue accessible sur Netflix, Jane s’adresse au public pour la toute dernière fois : 

« I want to make sure that you all understand that each and every one of you has a role to play (…) I want you to understand that we are part of the natural world. And even today, where the planet is dark, there is still hope. Don’t lose hope. And if you want to save what is still beautiful in this world,(…) then think about the actions you take each day. Because multiplied a million, a billion times, even small actions will make for great change. » 


Crédit : National Géographique

Elizabeth Gagné
Cheffe de pupitre CULTURE  culture.lecollectif@usherbrooke.ca   More Posts

Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.  

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