Par Arel Berthier Atioguim, Sacha Gingras-Lance, Mathis Parent-Plante et Joëlle Verreault

Le 5 mars 1946, le premier ministre anglais Winston Churchill prononçait un célèbre discours à l’attention du président Truman : « De Stettin sur la Baltique, à Trieste sur l’Adriatique, un rideau de fer s’est abattu sur le continent ». En empruntant la symbolique du rideau de fer, Churchill annonce l’avènement d’une guerre idéologique entre deux grands blocs, celui de l’Ouest, mené par la puissance américaine, et celui de l’Est, basé sur les idéaux de l’URSS.
Entre 1950 et 1990, ces puissances s’affronteront indirectement dans des conflits interposés, tels que la guerre du Vietnam, de l’Afghanistan et celle de Corée. On qualifie cette période de Guerre froide parce qu’elle est caractérisée par une peur constante de l’ennemi, une course à l’armement préventif et des tensions mondiales omniprésentes. Au Canada, le gouvernement tente de maintenir une position stratégiquement neutre. Les politiciens se montrent prudents dans leurs opinions et les personnes étudiantes de l’Université de Sherbrooke, quant à elles, ne craignent pas de clamer haut et fort leur position face au conflit mondial.
La position étudiante face à la menace nucléaire
Dans un article du Campus estrien daté du 19 octobre 1961, intitulé Désarmement nucléaire en scission?, Jean Marier témoigne de la peur des étudiants devant une menace nucléaire. Ceux-ci arborent ouvertement une position antisoviétique. Pour défendre le territoire canadien, ils sont ouverts à la possibilité d’accueillir des missiles atomiques. Toutefois, afin de conserver la position intermédiaire du pays, ces missiles devront rester sous le contrôle américain et ne pourront être utilisés sans l’accord de Washington. L’auteur de l’article est persuadé que sans l’armement américain, le territoire canadien restera entièrement pacifiste et l’URSS ne tardera pas à tenter de s’en emparer.
On ne peut faire confiance à la Russie de Khrouchtchev, car on se doute que celui-ci joue un double jeu. D’un côté, Marier dénonce l’interventionnisme américain et ses pratiques, qu’il considère comme « impérialistes ». De l’autre, Khrouchtchev met en place les mêmes pratiques sous prétexte qu’il ne peut rester impassible face à la menace américaine. En réponse, Marier insiste sur la nécessité d’impliquer les jeunes dans les campagnes de désarmement internationales. Il croit que si la jeunesse occidentale s’informe sur les enjeux politiques et assume ses responsabilités civiles, elle pourrait inciter la jeunesse soviétique à réfléchir à son tour au joug de son gouvernement dictatorial.
Bien que le modèle communiste semble, par moment, séduire la jeunesse universitaire par ses promesses d’égalité et de fraternité, il est important de rappeler que celui-ci n’est pas étranger aux mesures autoritaires et aux crimes contre l’humanité. Selon l’auteur, le régime communiste est une « moquerie de l’espèce humaine » par la terreur qu’il engendre avec ses menaces, ses assassinats et sa propagande. C’est donc dire que tout n’est pas rose au pays des rouges.
Source : Campus Estrien