Jeu. Mar 28th, 2024

Depuis septembre 2008, les élèves du Québec doivent suivre un programme d’éthique et culture religieuse. Au départ, près de la moitié des Québécois désapprouvaient ce cours. Sept ans plus tard, le cours ne fait plus l’objet de contestations. Par contre, il demeure d’actualité avec les débats à caractère religieux des dernières années. Qu’en est-il aujourd’hui de ce cours que doivent donner les professeurs et ceux qui vont occuper le travail dans les prochaines années?

Par Serge Paquette

En 2009, la sociologue Joëlle Quérin publiait une étude dont les résultats ont été contestés. Les résultats démontraient qu’une des finalités du cours consistait à formater l’esprit des élèves à l’acceptation du multiculturalisme et à un relativisme moral. Dans un premier temps, j’ai décidé de consulter le site du ministère de l’Éducation, où l’on pouvait dénicher un fond de vérité dans l’étude de Mme Quérin et de son équipe. Parmi les compétences visées par le programme, on note l’acquisition de la notion voulant que toutes les personnes soient égales sur le plan des droits et de la dignité. Plus bas, on peut noter que le cours recherche à ce que les personnes puissent s’épanouir dans une société où se côtoient plusieurs valeurs et croyances. On pourrait voir une forme de propagande dans les compétences énoncées par le cours d’éthique. Difficile de nier que la formation est liée avec les débats sur les accommodements raisonnables et les signes religieux. D’un autre point de vue, il faudrait être démagogique pour voir un complot dans un cours qui favorise l’esprit d’ouverture.

Afin de mieux connaître la réalité du terrain, je me suis entretenu avec une enseignante au primaire d’une école de Sherbrooke qui donne le cours Éthique et culture religieuse depuis ses débuts, Mme Jacinthe Chaîné. J’ai fait la rencontre d’une personne passionnée et dédiée. Contrairement à ma croyance de départ, l’aspect de la religion n’est pas celui qui domine le programme. Mme Chaîné, dans ce cours, encourage les échanges et la réflexion. J’ai senti, lors de nos échanges, que la tolérance et l’acceptation de la différence étaient des valeurs personnelles profondes de l’enseignante, bien au-delà des exigences du programme. Elle partage avec les jeunes une partie de son vécu. Les sujets abordés vont de la perception corporelle à la tuerie chez Charlie Hebdo. Les confidences des jeunes y sont nombreuses, et ce, dans un contexte d’ouverture. Je suis sorti de la rencontre avec la professeure touché de voir sa façon de partager ses points de vue avec les jeunes et d’aller à la rencontre de valeurs parfois divergentes.

Plus de questions que de réponses

Éthique et culture religieuse : programme d’endoctrinement qui vise à façonner des citoyens conformes aux normes et à la pensée consensuelle? La réponse n’est pas venue, mais plutôt un questionnement. Le système scolaire cherche-t-il à former des citoyens qui vont fonctionner en société, des gens capables de s’adapter sans causer trop de remous? J’ai décidé de m’intéresser au niveau universitaire que je fréquente actuellement. C’est un milieu stimulant où la réflexion est encouragée et valorisée. Les professeurs démontrent une grande ouverture à la remise en question des idées. C’est alors que j’ai regardé tous mes plans de cours depuis le début de ma formation. Sans exception, tous les travaux sont analysés et notés avec un système de points précis. La structure des travaux est définie et de s’y éloigner peut s’avérer pénalisant. Bien sûr, chaque travail reste personnalisé en demeurant dans un cadre. Une situation qui ressemble au chanteur à qui on demande de composer des chansons d’au plus trois minutes avec le son de la batterie pas trop présent et, de ne pas avoir un propos politique. À l’intérieur de ce cadre, le même chanteur peut faire ce qu’il veut. Cette façon de faire nous permet d’être des individus prêts à potentiellement respecter les règles du marché du travail.

Le cours d’éthique et culture religieuse est-il une forme de propagande amenant l’individu à bien fonctionner en société? Toute formation n’a-t-elle pas pour but d’uniformiser les individus? Je vous partage mon questionnement. Et vous, qu’en pensez-vous?

FORMER ET INFORMER / Le Collectif a pour mission de rapporter objectivement les actualités à la population et d’offrir une tribune à la communauté étudiante de Sherbrooke et ses associations. Toutes les déclarations et/ou opinions exprimées dans les articles ou dans le choix d’un sujet sont uniquement les opinions et la responsabilité de la personne ou de l’entité rédactrice du contenu. Toute entrevue ou annonce est effectuée et livrée dans un but informatif et ne sert en aucun cas à représenter ou à faire la promotion des allégeances politiques ou des valeurs éthiques du journal Le Collectif et de son équipe.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *