Par Frédérique Maysenhoelder

Lorsque la Pair-Mission a vu le jour à l’Université de Sherbrooke (UdeS), à l’automne 2021, l’objectif était clair : créer un espace chaleureux où les étudiantes et les étudiants peuvent se sentir vus, entendus et soutenus, peu importe leurs horizons. Depuis, l’initiative ne cesse de prendre de l’ampleur et de redessiner les contours de la vie universitaire.
Pour Héléna Skrotzky-Boisvert, travailleuse sociale et coordonnatrice de la Pair-Mission, « tout part d’un désir simple, mais essentiel : que les gens se sentent inclus et bienvenus ».
Valoriser la bienveillance, l’entraide et l’humanité
La Pair-Mission s’appuie sur un ensemble de valeurs humaines. « On mise beaucoup sur la bienveillance, l’entraide, l’inclusion et la création de liens, explique Héléna Skrotzky-Boisvert. C’est vraiment ce qu’on souhaite : cultiver un climat plus chaleureux sur le campus et soutenir la santé mentale et sociale des étudiants. »
Plus qu’un service, la Pair-Mission se présente comme un environnement où chaque personne peut se déposer sans crainte de jugement. « Notre approche est confidentielle et chaleureuse. On veut que les étudiants sachent qu’ils n’ont pas besoin d’aller mal pour venir nous rencontrer. »
Un projet né d’un besoin urgent : briser l’isolement post-pandémie
La Pair-Mission est née dans le sillage de la pandémie alors que l’isolement pesait lourd sur la communauté étudiante. « Après la COVID, on a vu une montée de l’anxiété. Les étudiants étaient plus isolés que jamais », rappelle Héléna Skrotzky-Boisvert.
À l’origine centrée sur des rencontres individuelles, la Pair-Mission a rapidement constaté que ce format ne répondait pas entièrement aux besoins. « Les demandes individuelles étaient peu nombreuses, alors on a élargi la mission pour rejoindre plus d’étudiants par des activités de groupe. » Cette évolution a transformé l’initiative. Désormais, l’équipe propose une variété d’occasions permettant aux personnes étudiantes de vivre ensemble, se rencontrer, respirer un peu entre deux cours.
« Il y a les études, mais aussi l’importance de prendre soin de soi. On organise des clubs de marche, des clubs de lecture, des séances d’étude. L’idée, c’est d’étudier ensemble dans un environnement calme et posé, mais aussi de vivre de belles expériences et de s’amuser. » Ces activités ont un impact direct : « Plusieurs étudiants nous disent que la Pair-Mission a changé leur quotidien. Qu’ils ont retrouvé un sentiment d’appartenance, leur place à l’Université. »
Créer un campus vivant : du Village UdeS aux clubs étudiants
Au fil des années, la Pair-Mission a aussi investi des lieux de rassemblement, comme le Village UdeS. « Le Village, c’est vraiment un lieu de socialisation, dit Héléna Skrotzky-Boisvert. On organise un banquet de nourriture pour la communauté étudiante, et beaucoup d’étudiants reviennent semaine après semaine. » Toutes les activités organisées par le regroupement sont gratuites.
La coordonnatrice insiste sur la diversité des initiatives : « On touche à tout : activités de lecture, de marche, séances d’étude, clubs, activités ludiques pour socialiser. » Et derrière ces événements se cache une intention claire : « On veut briser l’isolement et prévenir les problèmes de santé mentale. » Le populaire événement Choco-Soutien en est un bon exemple, mobilisant 25 pairs aidants. « On a reçu énormément de reconnaissance pour cet événement. »
Former des pairs aidants
La Pair-Mission repose sur une équipe de pairs aidants engagés, formés à l’écoute et à l’accompagnement. « On forme une équipe complète pour être présents partout où on peut l’être. On a même créé un réseau d’ambassadeurs et ambassadrices pour étendre notre portée », explique la coordonnatrice du regroupement.
Cette formation permet d’assurer un cadre clair : offrir une écoute de qualité, sans se substituer aux services professionnels. « On s’assure toujours de rediriger vers les ressources appropriées quand la situation dépasse le cadre de notre accompagnement. »
Changer la culture de la demande d’aide
Malgré ses succès, la Pair-Mission fait face à des défis bien réels. Le premier : se faire connaître. « L’UdeS, c’est grand. Nourrir la mobilisation demande beaucoup d’énergie et de ressources. C’est un défi constant d’expliquer notre mission et de rester visibles. »
Les rencontres individuelles demeurent peu sollicitées. « Peu de gens connaissent encore la Pair-Mission ou ne savent pas qu’ils peuvent venir nous voir sans être en crise. On essaie vraiment de changer la mentalité autour de la demande d’aide. On n’a pas à attendre d’être en détresse. » La Pair-Mission travaille activement à réduire ces barrières. « On veut que les étudiants se sentent à l’aise de poser des questions, de venir partager des expériences, même pour des petites préoccupations. Toutes les sphères de la vie étudiante comptent. »
Communiquer, informer, rassembler
Pour rejoindre la communauté étudiante, l’équipe mise sur une série de stratégies. « On utilise nos pages Facebook et Instagram pour promouvoir la mission, annoncer les activités et rappeler l’importance de prendre soin de sa santé mentale », explique Skrotzky-Boisvert. Un nouveau site Web facilite aussi la prise de rendez-vous. « Bientôt, les rendez-vous se feront par courriel. Le site sera modifié avant les Fêtes. »
La Pair-Mission est également présente aux kiosques de la rentrée, dans les activités sur le campus, dans l’agenda étudiant, sur les écrans d’affichage et dans le bulletin de la vie étudiante. Des collaborations renforcent aussi la visibilité. « On travaille avec le REMDUS, la FEUS et même la radio CFAK, où on a déjà fait des entrevues. »
Pour le recrutement, le bouche-à-oreille reste une force. « Depuis 2023, on voit vraiment une augmentation du nombre de personnes qui s’impliquent. Et c’est très présent dans la Faculté (sic) de psychologie. »
Le moteur de la Pair-Mission, c’est la conviction que la communauté étudiante elle-même peut être un puissant rempart contre l’isolement, l’anxiété et les difficultés de parcours. « L’entraide vient des étudiants pour les autres étudiants. C’est ça qui fait toute la différence », résume Héléna Skrotzky-Boisvert.
Source : Pair-Mission
