Le dilemme du Québec : les étudiantes et étudiants internationaux 

Par Grégoire Bouley 

USherbrooke International aide les personnes étudiantes avec leurs démarches administratives et dans la vie quotidienne.

En octobre dernier, le gouvernement du Québec a déposé le projet de loi 74, annonçant son intention de resserrer l’encadrement de l’admission des personnes étudiantes étrangères dans les établissements d’enseignement. L’objectif affiché : mieux contrôler leur arrivée sur le territoire.  

Concrètement, cela passe par un plafonnement du nombre de Certificats d’acceptation du Québec (CAQ) délivrés entre le 26 février 2025 et le 26 février 2026, avec une réduction visée de 20 % du nombre d’étudiantes et d’étudiants internationaux. Selon le gouvernement, cette mesure doit permettre de « préserver la qualité des services publics » et de « faciliter l’intégration des nouveaux arrivants ». 

Une situation préoccupante 

Alors que le Québec attire un nombre croissant d’étudiants étrangers, ces annonces soulèvent de vives inquiétudes. À l’Université de Sherbrooke, l’impact serait considérable : plus de 3 600 étudiants internationaux originaires de 100 pays y sont actuellement inscrits. Une baisse des admissions affecterait non seulement la diversité culturelle du campus, mais aussi l’équilibre financier de l’institution, puisque les frais de scolarité plus élevés des étudiants étrangers représentent une ressource essentielle. 

Le Collectif est allé à la rencontre de plusieurs de ces personnes étudiantes pour comprendre leur parcours administratif et voir si celui-ci tend à se complexifier. 

Laure, originaire de Grenoble et inscrite à la maîtrise en génie électrique, se souvient de son arrivée mouvementée : 

« Avant de partir, j’avais beaucoup d’inquiétudes concernant la paperasse. J’ai mis six mois à obtenir toutes les autorisations pour venir à Sherbrooke, et j’ai presque cru que je n’y arriverais pas. » 

Elle confie que les récentes annonces du gouvernement n’ont fait qu’accentuer ses craintes : « Avec ces mesures, j’ai l’impression qu’on n’est pas toujours les bienvenus, alors qu’on investit énormément dans ce projet. » 

Heureusement, l’accueil sur le campus contraste avec la rigueur des politiques gouvernementales : « J’avais hâte de découvrir l’université et j’ai beaucoup apprécié l’accompagnement, surtout grâce aux activités d’intégration en début de session. Cela m’a permis de rencontrer d’autres étudiants internationaux et québécois. Pour l’instant, je me sens bien et j’ai hâte de découvrir davantage le Québec. » 

L’accompagnement est en effet pris en charge par USherbrooke International (USI), qui informe les étudiants et les étudiantes sur les démarches liées au logement, aux assurances et à la vie quotidienne. Un système de guides-étudiants permet aussi de jumeler les nouveaux arrivants avec une personne de la communauté étudiante déjà familière de l’université, afin d’éviter qu’ils ne se retrouvent seuls les premiers jours. 

Des étudiants solidaires 

Corentin, originaire de Paris et étudiant au baccalauréat en génie informatique, souligne l’importance de l’entraide. « On apprend beaucoup par le bouche-à-oreille. On a un grand groupe WhatsApp où anciens et nouveaux étudiants internationaux partagent des informations pratiques. » 

Il évoque aussi les défis de l’adaptation culturelle : « Avant de partir, j’avais peur de me retrouver seul et de ne pas comprendre comment fonctionne le système. S’intégrer ici, apprendre la culture, ce n’est pas toujours facile. On ne vient pas seulement pour le diplôme, mais aussi pour l’expérience de vie, les rencontres et les échanges interculturels. » 

Un équilibre fragile 

Entre la volonté du gouvernement de mieux contrôler les admissions et celle des universités de préserver leur attractivité, un équilibre délicat se dessine. Les prochaines années diront si ces mesures décourageront certains étudiants à franchir l’Atlantique ou si elles pousseront les établissements à renforcer encore davantage leurs efforts d’accueil. 

Pour les étudiants et les étudiantes, il s’agit surtout d’un obstacle administratif supplémentaire. Pour les universités, en revanche, ces restrictions pourraient redessiner en profondeur la capacité du Québec à rester une terre d’accueil ouverte et attractive.  


Source : UdeS

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