Comment décrocher pendant les congés ?  

Par Frédérique Maysenhoelder  

Après des semaines de stress académique, les étudiantes et étudiants profitent enfin d’un moment pour souffler.  

À l’Université de Sherbrooke (UdeS), la fin de session évoque souvent un marathon aux allures de sprint final. Les bibliothèques ne désemplissent pas, les heures de sommeil s’évaporent et les travaux s’empilent jusqu’à former une montagne à gravir coûte que coûte. Puis, une fois les examens passés, la cadence s’effondre d’un coup. Le silence retombe dans les pavillons, les boîtes de courriels se vident et la pression accumulée au fil des semaines semble vouloir se dissiper.   

Pourtant, malgré cette impression de libération, beaucoup de personnes étudiantes découvrent que décrocher n’a rien d’automatique. Le corps et le mental demeurent souvent englués dans l’état d’hypervigilance qui les a tenus debout durant toute la session.  

Ce phénomène s’explique par la réaction physiologique du stress prolongé. Lorsque le rythme académique s’intensifie, le système nerveux s’active en continu et entraîne la production d’hormones comme le cortisol. Même lorsque les cours s’arrêtent, le corps reste en mode alerte, incapable de comprendre que la période de tension est terminée. La transition demande du temps, et c’est souvent au moment où les obligations disparaissent que les étudiantes et étudiants ressentent le contrecoup le plus fort. Fatigue écrasante, irritabilité, sommeil agité ou difficulté à profiter pleinement de moments pourtant relaxants : le calme ne revient pas sur commande.  

Le poids des attentes et la pression de bien se reposer  

Les congés arrivent avec leur lot d’attentes. On s’imagine pouvoir se reposer instantanément, redécouvrir l’énergie perdue ou renouer avec ses activités préférées comme si rien ne s’était passé. À cela s’ajoute la pression des images diffusées sur les réseaux sociaux, où les vacances semblent toujours parfaites, douces et pleinement revitalisantes. Cette vision idyllique crée une forme de culpabilité lorsqu’on réalise que le repos, dans la réalité, est bien moins spectaculaire. Les premiers jours de congé sont parfois marqués par une sensation de vide, de flottement ou même de malaise. L’esprit tente de se détacher d’un rythme soutenu auquel il s’était habitué.  

Pour retrouver un véritable apaisement, il devient essentiel de comprendre que le repos est pluriel. Contrairement à ce que l’on croit souvent, se reposer ne signifie pas seulement ne rien faire. Le corps a besoin de récupérer physiquement, mais l’esprit doit lui aussi relâcher la pression. Cela passe par la réduction des sollicitations mentales, par l’apaisement des sens saturés par les écrans, par l’expression des émotions mises en veille durant les examens ou encore par la reconnexion à des activités qui nourrissent la créativité. Certaines personnes trouvent ce calme dans une marche lente, d’autres dans la cuisine, la lecture, la musique ou la simple contemplation sans objectif.  

Apprivoiser la culpabilité et accepter la pause  

Ce qui complique le repos, c’est souvent la culpabilité de ne pas être productif. Dans un environnement universitaire où la performance est valorisée et où la charge de travail est constante, s’arrêter peut sembler contre nature. Pourtant, cette pause est essentielle pour la santé mentale et cognitive. Les périodes d’inactivité apparente permettent au cerveau de consolider les apprentissages, d’équilibrer les émotions et de restaurer la concentration. Se déconnecter de Moodle, fermer les courriels universitaires pendant quelques jours ou éloigner son ordinateur des espaces de détente devient alors un geste de bienveillance envers soi.  

Décrocher demande parfois de créer un espace mental distinct de celui de la session. Quelques ajustements dans son environnement physique peuvent aider, comme ranger les documents de cours, changer légèrement la disposition de son bureau ou instaurer de petits rituels qui signalent la transition vers une période plus douce. Boire un café différent le matin, prendre l’air avant midi, modifier l’ambiance sonore de la pièce ou introduire une nouvelle routine tranquille contribue à marquer le début des congés. Ces gestes simples envoient un message clair au cerveau : le rythme peut enfin baisser.  

L’art de ralentir pour mieux récupérer  

Ralentir devient une forme d’art. On redécouvre le plaisir des repas non précipités, des conversations qui prennent leur temps, des soirées sans horaire précis. Contrairement à la période d’examens où chaque minute semble compter, les congés invitent à réhabiliter la lenteur et à accepter que tout n’ait pas besoin d’être optimisé. Cette absence de performance, parfois déroutante au début, devient progressivement réparatrice.  

Les signes que le repos commence réellement à s’installer apparaissent souvent par petites touches. Le sommeil se stabilise, les pensées s’apaisent, la tension physique diminue et l’envie de reprendre certaines activités revient doucement. Ce sont des indicateurs que le système nerveux cesse de fonctionner en mode alerte et retrouve un équilibre plus naturel. Rien ne sert de précipiter ce processus ; chaque organisme récupère à son propre rythme.  

Décrocher : une compétence essentielle pour l’équilibre  

Décrocher après le rush n’est pas seulement un besoin : c’est une compétence à cultiver. Dans un milieu universitaire exigeant comme celui de l’UdeS, où les sessions s’enchaînent et où la charge mentale est élevée, apprendre à se reposer devient un outil précieux pour préserver sa santé mentale. Les congés offrent un moment privilégié pour se reconnecter à soi, pour écouter ce que le corps et l’esprit tentent depuis longtemps de dire et pour bâtir des habitudes de repos qui survivront à la session suivante.  

Le sujet de la santé mentale a été proposé par une personne festivalière lors du Festival des traditions du monde de Sherbrooke. 


Source : Michel Caron

Frédérique Maysenhoelder
Frederique.Maysenhoelder-Gosselin@USherbrooke.ca   More Posts
Scroll to Top