Par Grégoire Bouley

Le 30 septembre, le président américain Donald Trump a dévoilé un plan ambitieux visant à mettre fin aux hostilités à Gaza. Ce plan, qui se veut être une solution de compromis, repose sur vingt points clés et vise à offrir une voie réaliste vers la stabilité au Moyen-Orient.
Toutefois, de nombreuses zones d’ombre demeurent et les critiques s’accumulent déjà quant à sa faisabilité.
Les grandes lignes du plan
Trump a d’abord souligné que ce projet bénéficiait du soutien d’Israël, mais aussi de plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Europe. Parmi les mesures phares, le plan prévoit la libération des otages encore détenus par le Hamas, la fin des opérations militaires israéliennes sur le territoire palestinien, la libération de prisonniers palestiniens en Israël et l’acheminement d’une aide humanitaire massive à Gaza.
Un comité de paix international serait mis en place afin de superviser la mise en œuvre de l’accord. Dans une seconde phase, la population palestinienne de Gaza devrait élire une autorité de transition, dont seraient exclus les dirigeants actuels du Hamas. Les membres du mouvement qui accepteraient la coexistence pacifique et le désarmement bénéficieraient d’une amnistie ainsi que d’un passage sécurisé vers des pays d’accueil.
Autre point crucial, le territoire de Gaza, qui compte environ deux millions d’habitants, serait placé sous gouvernance internationale, sous la supervision directe de Donald Trump et de l’ancien premier ministre britannique Tony Blair.
Un plan aux limites évidentes
Malgré ces annonces, le plan suscite de nombreuses critiques. D’abord, il ne propose aucune perspective de réunification avec la Cisjordanie occupée ni avec Jérusalem-Est, éléments pourtant centraux à toute solution durable. L’accord se concentre uniquement sur Gaza, laissant de côté la question d’un futur État palestinien pleinement souverain.
De plus, la communauté internationale s’interroge sur la crédibilité de l’engagement israélien. Le premier ministre Benyamin Netanyahou a déclaré à l’Assemblée générale des Nations unies qu’il n’y aurait pas d’État palestinien, ce qui nourrit le scepticisme sur sa volonté réelle d’appliquer les mesures promises. Pour beaucoup, ce plan repose donc sur deux éléments longtemps absents : la bonne volonté du gouvernement israélien et la capacité des États-Unis à offrir des garanties solides.
Cette initiative intervient dans un climat diplomatique particulier. Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, fin septembre, une dizaine de pays ont officiellement reconnu l’État de Palestine. Ce geste symbolique renforce la pression internationale en faveur d’une solution à deux États.
Néanmoins, plusieurs analystes estiment que le plan de Trump risque d’accentuer les divisions internes palestiniennes, en isolant Gaza de la Cisjordanie. L’avocate canado-palestinienne, Diana Buttu, résumait ainsi la situation : « Tout le monde reconnaît l’État de la Palestine alors qu’il est en voie de disparition. »
Un avenir incertain
Le plan est accueilli avec prudence. S’il marque une tentative de relancer un processus de paix au point mort, il reste limité dans ses ambitions et fragile dans son application. Le manque de vision claire pour la Palestine, conjugué aux déclarations du gouvernement israélien, suscite de graves inquiétudes.
En définitive, cet accord illustre davantage les contradictions persistantes du conflit que sa véritable résolution. Sans engagement ferme d’Israël et sans mécanismes internationaux robustes, il est peu probable que ce plan représente un progrès significatif vers un règlement pacifique durable.
Source : Getty Images