L’heure est aux affrontements pour les candidats à la mairie de Sherbrooke 

Par Olivier Boivin

Les candidats à la mairie avaient une heure pour débattre entre eux sur plusieurs enjeux, débat qui s’est déroulé devant une soixantaine d’étudiants. 

Mardi dernier était jour de match pour les quatre individus qui convoitent le poste de maire pour la plus grande ville en Estrie. En direct de l’Institut quantique de l’Université de Sherbrooke (UdeS), le 7 octobre dernier, Radio-Canada était sur place pour diriger ce débat où Marie-Claude Bibeau, Vincent Boutin, Guillaume Brien et Raïs Kibonge croisaient le fer pour la toute première fois. 

Mis à part quelques flèches lancées par-ci par-là, le débat s’est déroulé en général sous un ton assez cordial, où l’accent a surtout été mis sur les enjeux majeurs à Sherbrooke. L’événement était d’ailleurs structuré en six thèmes bien précis : l’accès au logement et à la propriété, la mobilité, la fiscalité municipale, le développement économique, la sécurité publique et la gouvernance.  

Marie-Claude Bibeau, agressive dès le départ 

Mme Bibeau (candidate indépendante) n’a pas tourné les coins ronds pour faire part de son scepticisme à la foulée d’étudiants sur place quant aux propositions de ses adversaires. L’ancienne ministre libérale a critiqué le réalisme de l’engagement de Vision Action Sherbrooke, qui soulignait vouloir augmenter le budget de 8 à 16 millions de dollars pour le logement. Visant ensuite le parti de la mairesse sortante, elle a pointé du doigt Raïs Kibonge (Sherbrooke Citoyen) qu’elle a qualifié de « très bon pour faire des politiques, mais pas pour les mettre en œuvre ».  

Cette agressivité est revenue la hanter quelques instants plus tard, alors que les trois autres candidats sont allés au front pour la remettre en question sur sa volonté de mettre sur la glace l’abaissement de la vitesse à 40 km/h dans les rues résidentielles. Marie-Claude Bibeau avait sévèrement critiqué le coût de 2,6 millions de dollars nécessaires pour changer les pancartes de vitesse partout en ville. « La Ville de Sherbrooke est en train d’installer 53 traverses piétonnes pour le coût de 3,9 millions de dollars, allez-vous aussi reculer ? », l’a questionnée Raïs Kibonge. Guillaume Brien (Vision Action Sherbrooke) est allé dans le même sens en rappelant que le service de police avait démontré la réduction du risque de mortalité que pouvait entraîner une telle mesure, propos auxquels Vincent Boutin (candidat indépendant) a acquiescé.  

Vincent Boutin : tentative de psychologie inversée ? 

Pour sa part, M. Boutin a adopté une approche légèrement différente de celle de ses adversaires lors de cette confrontation au sommet. Faisant l’usage de procédés humoristiques pour faire passer ses messages, l’ancien conseiller municipal du district des Quatre-Saisons aura été le seul à vouloir reconnaitre les bons coups de ses compétiteurs. Ce dernier est même venu à la défense de Sherbrooke Citoyen lorsque Guillaume Brien a critiqué Kibonge et Boutin en lien avec leur appui à la mesure budgétaire prévoyant 610 000 $ de constats d’infraction pour diversifier les sources de revenus. Il accuse notamment les deux hommes de vouloir « donner encore plus d’amendes et de tickets » aux Sherbrookois et aux Sherbrookoises.  

Vincent Boutin a d’ailleurs tenu à féliciter l’initiative d’augmentation des projets payés en comptant par la Ville dans les quatre dernières années, mesure qu’il a qualifiée de bénéfique pour la prochaine génération, qui se verra « chargée de moins d’intérêt dans le futur ».  

Augmentation des taxes : à quoi les Sherbrookois et Sherbrookoises peuvent-ils s’attendre ? 

Avec l’enjeu déjà marquant du manque de logements, la question d’une possible augmentation des taxes foncières se veut une véritable patate chaude pour les candidats à la mairie, question qui avait été jusqu’ici peu abordée en campagne électorale. Bibeau et Boutin n’ont pas osé se mouiller davantage lors du débat, citant respectivement vouloir « travailler à l’intérieur du cadre financier de la Ville » et « aller chercher des façons de faire innovantes » comme alternatives. Boutin y est toutefois allé d’une cible à atteindre au niveau du pourcentage de taxation pour arriver à « faire face à nos responsabilités », cible qu’il a fixée à 3 %.  

Les chefs de Sherbrooke Citoyen et Vision Action Sherbrooke n’ont pour leur part pas caché qu’une augmentation de taxes est inévitable. Si Raïs Kibonge parle d’une hausse faite dans des paramètres qui seront établis par le conseil municipal pour une durée stable de quatre ans, Guillaume Brien laisse savoir que la hausse augmenterait au rythme du niveau d’inflation, mais qu’il travaillerait fort pour faire baisser le taux de taxes en bas du taux inflationnaire.  

La proposition de Brien lui a valu des attaques de ses adversaires, jugeant que ce dernier se contredisait dans ses idées. « Vous promettez moins de taxes, mais beaucoup plus d’investissements. Ça va être intéressant de vous suivre parce qu’on n’a pas suivi les mêmes cours de mathématiques », a déclaré entre autres Marie-Claude Bibeau.  

Le dossier de l’aéroport : quand un petit problème en cache un plus gros 

L’aéroport de Sherbrooke est le dossier où les couteaux ont volé le plus bas quant aux questions concernant l’enjeu du développement économique. Guillaume Brien a qualifié Sherbrooke Citoyen de « déconnecté de la réalité » quant à son intention de développer un parc industriel près de l’aéroport. Il faut bien croire que le parti de Raïs Kibonge était la cible de prédilection, alors que Marie-Claude Bibeau s’est aussi élancée en évoquant qu’il est essentiel de « consulter les gens de la région pour vrai », ce que Sherbrooke Citoyen « ne ferait pas ».  

L’aéroport de Sherbrooke avait fait les manchettes à maintes reprises dernièrement, où il était question de son développement et du modèle de gouvernance intermunicipale qui pourrait être sujet à changer. L’arrivée du projet Flying Wheels d’une valeur de plus de 100 millions de dollars a amené la Corporation de développement de l’aéroport de Sherbrooke (CDAS) à devoir repenser son modèle pour un partage plus équitable des risques et des retombées économiques. Le but est d’améliorer le développement industriel des terrains de l’aéroport et la répartition des revenus quant aux taxes foncières et aux bénéfices liés à l’exploitation des terrains. Toute cette affaire est venue brasser les cartes quant à la façon de gérer le développement de nouveaux parcs industriels, un point critique du dossier de la crise du logement.  

Manque de logements : peu de consensus sur la voie à prendre 

Sur le logement, Mme Bibeau a réitéré qu’il était crucial de simplifier les processus de construction en facilitant les mises en chantier. De son côté, M. Boutin estime qu’il existe plusieurs solutions pour accélérer la construction, dont la mise en place d’un système de « bâtisseurs certifiés ». Raïs Kibonge souhaite quant à lui augmenter le budget pour les logements hors marché, alors que Guillaume Brien propose d’accélérer la construction en s’appuyant sur son expérience dans les coopératives d’habitation. 

Le prochain débat aura lieu le 22 octobre prochain et sera organisé par la Chambre de commerce et industrie de Sherbrooke (CCIS), en collaboration avec le 107,7 FM.  


Source : Instagram Raïs Kibonge

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