Par Alex Baillargeon
Quatrième mouture de la famille de Jack Kirby, si l’on compte le film jamais vu en salle de 1994 qui a servi uniquement à protéger les droits de suite de Colombia Pictures et Warner, on se transporte dans l’univers des Quatre Fantastiques où un hommage pour la quatrième année d’existence des nouveaux héros se prépare et tout semble bien se dérouler depuis que ceux-ci protègent leur Terre. L’arrivée d’une Surfeuse d’argent sèmera cependant la peur quand elle annoncera la fin possible de la planète avec l’arrivée de Galactus.
Il s’agit du 37e film et premier de la sixième phase de l’Univers Cinématographique de Marvel. On plonge dans l’action en tenant compte du fait que le spectateur connait déjà les personnages. Tout comme avec le Superman de James Gunn, où il est déjà adulte sur sa Terre, les origines des astronautes seront résumées, mais de manière très rapide en ouverture de film, jusqu’à leurs ascensions populaires (de quoi rendre jaloux un certain Red Guardian d’être sur des boîtes de céréales).
On revient dans la trame classique de film de superhéros avec les gentils qui doivent vaincre le méchant parce que la planète est en danger. On mise énormément sur l’environnement dans lequel évoluent les personnages. Les ambiances, les décors, les costumes, rien n’a été négligé. De prime à bord, il est possible de croire que nous sommes dans les années 50-60. Or c’est établi dès le début que l’aventure ne se déroulera pas dans l’univers traditionnel. Le multivers n’étant plus au centre de l’intrigue de la nouvelle phase, il en restera quand même toujours des petites traces. Est-ce un monde où l’esthétique a perduré ? Seuls les prochains films nous en diront probablement plus.
Réalisation soignée et dilemme du tramway
Troisième et dernier Marvel cette année, la barre était haute avec des critiques positives pour le précédent Thunderbolts* mais, elles ont été mitigées et décevantes pour le quatrième Capitaine America. Les Quatre Fantastiques pourrait se classer entre les deux dans cette courte liste. Il y a ce petit quelque chose qui manque à cet univers qu’il y avait avec les New Avengers* qui fait en sorte qu’on ne s’enfuit pas en courant, mais qui ne détrônera pas son prédécesseur non plus. L’esthétique visuelle est à son paroxysme, la musique garde en haleine, les personnages sont bien interprétés, même si La Chose est en arrière-plan des Reeds-Storm (coupure au montage ?). On a envie d’en savoir plus et comment ils vont s’y prendre pour résoudre le conflit principal. Les fans restants du MCU ne devraient pas bouder leur plaisir.
La production jouera plus réservée en centrant l’intrigue autour de Pedro Pascal et Vanessa Kirby. Joseph Quinn, qui prend le rôle du beau-frère de Reed, s’en sort avec un peu plus de matière dans le rôle de la Torche humaine et aura un rôle beaucoup moins cabotin que son prédécesseur Chris Evans dans les deux « premiers » films de 2005 et 2007. Si la trame de fond se trouve quelque part entre Surfer d’argent et Premiers pas (personnages et vilains impliqués, enjeux, résolution), les deux films ne souffriront pas de comparaisons puisque les deux propositions vont se différencier d’un choix majeur, mais sera traité de manière plus soignée dans la version moderne.
Probablement qu’avec le non-éparpillement du scénario, les intrigues secondaires ont été mises de côté au produit final. Mention à une Natasha Lyonne (Orange is the New Black, Russian Doll) méconnaissable avec un cheveu plat, qui se trouve sous-utilisée étant reliée à la trame de Ben Grimm (Ebon Moss-Bachrach), lui-même plus discret dans le quotidien des quatre. Le film n’ira pas beaucoup non plus du côté des méchants avec des scènes plutôt rares entre uniquement la Surfeuse et Galactus comme nous avons pu voir dans les autres histoires du même calibre. Même si elle n’est pas à l’écran le plus longtemps, Shalla-Bal aura plus de dilemme à résoudre que le plus mécanique Norrin Radd de 2007.
Premiers Pas peut définitivement s’inscrire comme étant le pont vers les prochaines trames narratives. Point rassurant pour certains : il n’y a pas de devoirs à faire avant de se rendre en salle pour le nouveau film. Étant quelque peu à part entière, il n’y a pas de préalable avec trois séries Disney+ et quatre autres films à voir pour attraper toutes les mentions et subtilités dans Les Fantastiques versus les deux autres Marvel. Seul divulgâcheur : une scène pour ouvrir aux prochains films se cache au milieu du générique, l’autre est un « œuf de Pâques » à chercher sur YouTube la semaine prochaine !
7/10
Source : 20th Century Studios Marvel
