Par Myriam Baulne
Le studio Quantic Dream a annoncé récemment l’ouverture de sa première filiale en dehors du sol parisien. Quel meilleur endroit pour prendre racine qu’en notre merveilleuse métropole québécoise, déjà réputée pour ses nombreux studios de jeux vidéo adulés dans le monde entier ? Le développeur français, qui nous a offert plusieurs bijoux du jeu sur PlayStation, notamment Heavy Rain en 2010, Beyond Two Souls en 2013 et Detroit : Become Human en 2018, établira ses locaux au 1100 avenue Atwater à Montréal, une adresse qui héberge déjà les studios de Compulsion Games, 2K, Cloud Chamber et Pixomondo.
De nombreuses nouvelles ont chamboulé le domaine du jeu vidéo dans les derniers mois, notamment celle de l’acquisition de ZeniMax Media et de sa filiale principale, Bethesda Softworks, par Microsoft à l’automne dernier, qui a semé un petit vent d’inquiétude chez les admirateurs des plus grandes franchises de la compagnie telles que Fallout et The Elder Scrolls (les prochaines sorties seront-elles des exclusivités Microsoft ?). Plus récemment, le géant Electronic Arts annonçait également être parvenu à un accord pour racheter l’éditeur et développeur de jeux Glu Mobile, basé à San Francisco, pour 2,1 milliards de dollars.
Une drôle d’année pour l’industrie
L’année 2020 s’est avérée décevante pour les amateurs de jeux vidéo partout sur la planète. De l’annulation de l’Electronic Entertainment Expo (E3) en raison de la pandémie de COVID-19 l’été dernier à la sortie prématurée et décevante de Cyberpunk 2077 par CD Projekt RED il y a deux mois à peine, l’univers du jeu semble tourner au ralenti, au grand dam de millions de personnes confinées et à la recherche de divertissement.
Pourtant, l’industrie du jeu vidéo a contribué à hauteur de 4,5 milliards de dollars au PIB du Canada en 2019, un chiffre qui représente une augmentation de 20 % en deux ans selon Radio-Canada. Dans de nombreux pays, le secteur du jeu représente désormais plus de la moitié du marché du divertissement, ce qui le rend plus lucratif que le cinéma et la musique réunis !
Un nouveau géant à Montréal
Le studio Quantic Dream, adulé par les amateurs de storytelling à travers le monde, comporte désormais une filiale montréalaise qui se développe tranquillement. Si le studio parisien compte environ 180 employés, son penchant montréalais n’en compte que sept pour l’instant. Le vétéran Stéphane D’Astous, dont la réputation n’est plus à faire, a été nommé directeur général du nouveau studio ; il ne fait aucun doute que l’ancien directeur d’Ubisoft Montréal et fondateur et directeur d’Eidos-Montréal saura démarrer le projet du bon pied. Parmi les nouveaux employés se trouve également Yohan Cazaux, anciennement directeur responsable de la conception d’Assassin’s Creed Valhalla chez Ubisoft, un recrutement qui s’annonce tout aussi excitant !
Depuis sa fondation en 1997, le studio français a publié cinq jeux qui ont remporté plus de 250 prix au total. La nouvelle filiale montréalaise apportera définitivement un nouvel atout à l’industrie de la métropole, qui est surtout réputée pour les jeux d’action. En effet, la force de Quantic Dream réside plutôt dans les jeux à la trame narrative complexe dans lesquels les choix du joueur affectent radicalement le cours de l’histoire, une spécialité peu explorée dans les jeux modernes et qui confère au studio une réputation inégalée à cet égard.
Succès après succès
Depuis son entente d’exclusivité avec Sony en 2010, Quantic Dream a émerveillé les joueurs autour du globe avec Heavy Rain, un récit policier complexe qui a su tenir le monde en haleine. Puis, s’en est suivie Beyond : Two Souls, une histoire dramatique explorant la thématique de la vie après la mort et mettant en vedette les acteurs Elliot Page et Willem Dafoe. Fait étonnant, le jeu se mérite une nomination du Tribeca Film Festival en 2013, devenant le premier jeu vidéo à faire partie de la sélection officielle.
Toutefois, c’est véritablement le dernier succès du studio, Detroit : Become Human, paru en 2018, qui a su ébranler l’industrie du jeu sous un tonnerre d’applaudissements. Dans une entrevue accordée en 2019, le PDG de Quantic Dream, David Cage, révélait que le jeu, vendu à plus de cinq millions d’exemplaires, avait nécessité la participation de 300 acteurs pour 360 jours de tournage et la rédaction d’un script… de 4000 pages ! Un scénario d’une beauté et d’une profondeur jusque là inégalées dans un jeu vidéo et qui s’est attiré d’excellentes critiques des médias numériques.
Un nouveau projet d’envergure
Après la sortie de Detroit : Become Human en 2019, Quantic Dream a annoncé la fin de son entente d’exclusivité avec Sony. D’ailleurs, M. D’Astous souligne que les prochains jeux seront « multi-plateformes », avec même une possibilité de voir les prochains titres disponibles sur la Nintendo Switch. La prochaine création du studio s’annonce ambitieuse, mais demeure secrète à ce jour. Cependant, il ne fait aucun doute pour les joueurs aguerris que Quantic Dream saura battre son propre record à tous coups !
Source photo @ Quantic Dream