Par Olivier Boivin

Advenant une prise du pouvoir en 2026, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, a promis que sa coalition allait adopter une nouvelle loi pour défaire des mesures du gouvernement Legault qui, selon lui, menaceraient la liberté d’expression. Le chef péquiste se dit inquiet de la volonté du gouvernement Legault de « réduire au silence » plusieurs groupes, dont les syndicats et les fédérations de médecins.
S’alignant avec la vision du Barreau du Québec, Paul St-Pierre Plamondon estime que certains articles doivent être supprimés dans les projets de loi 1 et 3, soit le projet de constitution québécoise et la réforme du régime syndical. La loi 2, qui modifie le mode de rémunération des médecins, serait elle aussi révisée.
Le chef du PQ fait surtout référence à une disposition au cœur de la Loi constitutionnelle de 2025 sur le Québec qui viendrait, si cette dernière est passée, interdire aux organismes d’utiliser des fonds publics pour contester certaines lois. Des mesures qui permettraient d’encadrer la façon dont sont utilisées les cotisations des membres d’un syndicat, provenant de la Loi visant à améliorer la transparence, la gouvernance et le processus démocratique de diverses associations en milieu de travail, sont aussi critiquées par Paul St-Pierre Plamondon. « On peut avoir des désaccords importants avec des syndicats ou une fédération de médecins, il peut y avoir des négociations ardues, mais le Parti québécois pense que limiter la liberté d’expression dans une société, c’est toujours la mauvaise réponse », souligne-t-il.
« À un moment donné, ça finit où ? »
Le gouvernement Legault s’était justifié en évoquant les recours judiciaires entrepris par la Commission scolaire English-Montréal et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui mettent de la pression dans le but de faire invalider une partie de la Loi sur la laïcité de l’État. Paul St-Pierre Plamondon se dit lui aussi profondément en désaccord avec la façon dont sont utilisées les cotisations syndicales, mais croit que ce n’est pas le travail des fonctionnaires du gouvernement de « faire la police autour de chaque geste de chaque organisme ».
« Là, c’est les syndicats, puis c’est les médecins, mais ensuite ça va être les ordres professionnels, puis n’importe quel organisme parapublic. À un moment donné, ça finit où ? », a lancé le chef du PQ en entrevue. Ce dernier a aussi indiqué sa volonté d’établir, par l’entremise de sa nouvelle loi, un espace de débat démocratique plus sain.
Paul St-Pierre Plamondon a toutefois cherché à calmer le jeu. Plus tôt au cours de la semaine, le responsable de la surveillance générale des affaires du Barreau du Québec, le bâtonnier Me Marcel-Olivier Nadeau, employait « érosion de l’État de droit » et « risques de dérive autoritaire » pour décrire les actions caquistes dans toute cette affaire. « Je pense que, dans notre société, on a l’extrême droite et la dérive autoritaire facile, a commenté le chef péquiste. Je confère à la CAQ bien des défauts […], mais je ne pense pas qu’on en est rendu là. »
Saga loi 2 : à quoi s’attendre dans les semaines à suivre ?
La nouvelle loi concernant la rémunération des médecins continue à faire couler beaucoup d’encre, ce qui a forcé la CAQ à faire marche arrière à plusieurs reprises ces derniers temps. Tout récemment, le ministre de la Santé, Christian Dubé, et la présidente du Conseil du Trésor, France-Élaine Duranceau, se sont engagés à ne pas appliquer l’article sur les mesures de surveillance. Ces mesures prévoient notamment l’embauche d’un inspecteur dans les milieux de pratique pour dénoncer les employés qui posent des gestes nuisant à l’accès aux services de santé. Une mesure que le Parti québécois s’est engagé à retirer, s’opposant principalement au fait que les médecins n’ont aucun pouvoir de poser des gestes ou de s’exprimer pour commenter la loi. Reste à voir si la CAQ procèdera à d’autres décisions du genre dans un futur proche, ce qui est fort probable.
Le mois dernier, Paul St-Pierre Plamondon s’était dit en faveur de la volonté de changer le mode de rémunération des médecins, pointant toutefois du doigt la manière dont les objectifs seraient fixés avec les cibles de performance.
Source : Jacques Boissinot/La Presse canadienne
