La reconnaissance de l’État de Palestine par plusieurs pays

Par Grégoire Bouley

Le drapeau palestinien hissé au siège des Nations Unies à New York. 

Le 22 septembre, à l’occasion de la 80 Assemblée générale des Nations unies, plusieurs pays ont annoncé la reconnaissance officielle de l’État de Palestine, notamment la France. La veille, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal avaient déjà officialisé leur décision. 

La question de la reconnaissance de l’État de Palestine demeure l’un des sujets les plus brûlants de la politique internationale contemporaine. Depuis la déclaration d’indépendance palestinienne en 1988, de nombreux pays ont reconnu la Palestine comme État souverain, tandis que d’autres refusent toute reconnaissance officielle, souvent en raison de leur alliance ou leurs liens étroits avec Israël. 

Un pas de plus vers la paix 

Ces récentes prises de position de la part de l’Occident marquent donc un tournant diplomatique majeur, alors que la communauté internationale cherche à répondre à l’escalade de la violence au Proche-Orient et à relancer un processus de paix longtemps au point mort. 

Dans un communiqué, le Premier ministre canadien, Mark Carney a affirmé : « La reconnaissance de l’État de Palestine, dirigé par l’Autorité palestinienne, renforce ceux qui aspirent à une coexistence pacifique et à la fin du Hamas. De plus, cela ne remet pas en cause le soutien indéfectible du Canada à l’État d’Israël, à son peuple et à sa sécurité. » 

Selon Ottawa, seule une solution à deux États peut garantir la sécurité de la région. Le lendemain, le 22 septembre, d’autres pays, soit la France, la Belgique, le Luxembourg, Malte, Andorre et Saint-Marin, ont rejoint cette démarche. Ces annonces interviennent dans le cadre de la 80ᵉ Assemblée générale de l’ONU, réunissant quelques 140 chefs d’État et de gouvernement. Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, disait à l’ouverture de la rencontre : « La création d’un État palestinien est un droit et non une récompense. » 

La réaction d’Israël 

Au milieu de toutes ces déclarations, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a vivement dénoncé ces décisions, estimant qu’elles représentent une menace pour l’existence d’Israël. Il a déclaré : « Cela n’arrivera pas. Il n’y aura pas d’État palestinien à l’ouest du Jourdain. » 

Depuis la création de l’État d’Israël et sa reconnaissance par l’ONU, la question des deux États reste au cœur du conflit. La poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin en 1993 avait pourtant nourri l’espoir d’une paix durable. 

Quel impact ? 

La France a joué un rôle moteur dans cette initiative. Au côté de l’Arabie saoudite, elle a coprésidé, du 28 au 30 juillet 2025 à New York, une première conférence des Nations unies sur la solution à deux États. Celle-ci prévoit la coexistence d’Israël et d’un État palestinien, conformément à la résolution 181 de l’ONU, adoptée le 29 novembre 1947, qui proposait déjà le partage de la région entre un État juif et un État arabe. Les États-Unis et Israël ont boycotté cette conférence. 

Le président français, Emmanuel Macron, a, quant à lui, posé deux conditions : l’ouverture d’une ambassade en Palestine et la libération des otages retenus à Gaza par le Hamas. Il insiste sur la nécessité d’écarter le Hamas et de soutenir un leadership palestinien légitime, capable d’organiser des élections libres et transparentes. Dans un texte publié en juillet dernier, il écrivait : « Il n’y a pas d’alternative » pour parvenir à la paix au Proche-Orient. À l’ONU, le 22 septembre, lors de son discours, il déclare : « Certains diront trop tard, d’autres diront trop tôt. Une chose est sûre : nous ne pouvons plus attendre. » 

De son côté, le Premier ministre britannique Keir Starmer a précisé que la reconnaissance de la Palestine « n’était pas une récompense envers le Hamas », excluant tout rôle politique futur pour ce mouvement. Il a également annoncé de nouvelles sanctions contre le Hamas. 

Une dynamique internationale renforcée 

À ce jour, 158 pays reconnaissent l’État de Palestine, dont le Saint-Siège. Avec la France et le Royaume-Uni, quatre des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies ont désormais acté cette reconnaissance, la Russie et la Chine l’ayant déjà fait à la fin des années 1980. Les États-Unis demeurent seuls à s’y opposer, mais leur droit de veto leur permet encore de bloquer l’adhésion pleine et entière de la Palestine à l’ONU, où elle est depuis 2012 reconnue comme État non-membre. Quoi qu’il en soit, la Palestine franchit un cap diplomatique avec une vague de reconnaissances à l’ONU. 


Source : Getty Images

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