Deux chercheurs de l’UdeS honorés aux Prix Acfas 2025 

Par Frédérique Maysenhoelder  

Pre Mélissa Généreux et Pr Pierre Hébert, récipiendaires des Prix Acfas 2025, témoignent de l’excellence et de l’impact de la recherche menée à l’Université de Sherbrooke.

L’Université de Sherbrooke rayonne cette année aux prestigieux Prix Acfas, alors que deux de ses membres se distinguent dans des catégories phares consacrées à l’impact social et à l’avancement des connaissances.  

La Pre Mélissa Généreux et le Pr Pierre Hébert voient ainsi leur expertise reconnue au sein de la communauté scientifique francophone. 

Les Prix Acfas : une tradition d’excellence  

Fondés en 1944, les Prix Acfas comptent parmi les distinctions les plus respectées dans le milieu de la recherche francophone. Chaque année, l’Acfas s’allie à de nombreux partenaires pour honorer des contributions exceptionnelles dans l’ensemble des domaines du savoir. L’organisation remet cinq prix à la relève, destinés à soutenir les jeunes chercheuses et chercheurs prometteurs, ainsi que douze prix récompensant des carrières accomplies, dont l’influence se déploie largement au sein de la société.  

Une pionnière de la résilience communautaire récompensée  

La professeure Mélissa Généreux reçoit cette année le Prix Acfas Pierre-Dansereau 2025, remis pour l’engagement social. Professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS, elle est également médecin-conseil à la Direction de santé publique de l’Estrie et une figure de proue en santé communautaire. Elle se distingue par une carrière marquée autant par la rigueur scientifique que par une présence soutenue sur le terrain. 

Ses activités de recherche et d’enseignement l’ont amenée à développer une solide expertise en santé mentale, en santé environnementale et en gestion de crises. Son leadership en matière de réponses psychosociales auprès de populations traumatisées est aujourd’hui reconnu à l’échelle du Québec et du Canada.  

Un parcours forgé dans l’urgence et la résilience  

Diplômée en médecine de l’Université de Montréal en 2003, elle obtient ensuite une maîtrise en santé publique (2008), puis une spécialisation en médecine communautaire (2009). Elle se joint à l’Université de Sherbrooke en 2010 comme professeure au Département des sciences de la santé communautaire, tout en assumant un rôle de médecin-conseil au sein du Service de protection en santé environnementale.  

De 2013 à 2019, elle devient directrice de la santé publique de l’Estrie, quelques semaines seulement avant la tragédie de Lac-Mégantic. Rapidement mobilisée, elle y développe une approche inédite de soutien psychosocial, notamment par la création d’une équipe de proximité. Elle met également en place un projet de photovoix, permettant aux citoyens de s’exprimer par l’image ; une initiative remarquée jusqu’au Parlement d’Ottawa.  

Cette approche repose sur la salutogenèse, une perspective centrée sur les forces et ressources individuelles qui favorisent la santé plutôt que sur les causes de la maladie. Cette philosophie a guidé l’ensemble de ses interventions dans les années suivantes.  

Une influence déterminante au Québec et ailleurs  

Après les incendies de Fort McMurray en 2016, elle soutient les autorités albertaines dans l’élaboration d’un plan de rétablissement psychosocial et forme des centaines de professionnels de la santé. Lors des inondations de 2017 et 2019, elle appuie à nouveau les équipes de santé publique dans la planification d’interventions en santé mentale collective.  

Au début de la pandémie de COVID-19, elle lance une vaste étude sur la réponse psychologique et comportementale de la population. Les conclusions servent de fondement au Réseau des éclaireurs en santé psychologique, aujourd’hui déployé dans toutes les régions du Québec.  

Entre 2020 et 2023, elle documente également l’évolution de la santé mentale des jeunes de 12 à 25 ans dans quatre régions du Québec, suivie d’une importante enquête auprès de 25 000 parents en 2024 et 2025 sur le bien-être familial en contexte de crises sociales multiples. Certains constats ont d’ailleurs inspiré les travaux de la Commission spéciale sur les écrans et les réseaux sociaux.  

Communicatrice reconnue, elle compte plus de 1 000 apparitions médiatiques depuis 2007, toujours avec le souci de vulgariser les enjeux majeurs de santé publique. Un rôle qu’elle continuera d’assumer, dans un contexte où les défis psychosociaux sont en constante évolution.  

Un pilier de la liberté d’expression et des études québécoises honoré  

Le Prix Acfas André-Laurendeau 2025, remis pour les sciences humaines, arts et lettres, revient cette année au professeur émérite Pierre Hébert, du Département des arts, langues et littératures de l’Université de Sherbrooke. Spécialiste reconnu de l’histoire littéraire québécoise et des mécanismes de censure, il a consacré sa carrière à éclairer les œuvres, les courants et les figures qui ont façonné notre patrimoine culturel, tout en révélant les zones d’ombre qui accompagnent la création.  

Une contribution majeure à l’histoire littéraire québécoise  

D’abord expert en narratologie, Pierre Hébert s’est fait connaître par ses analyses du roman québécois et par ses travaux pionniers sur le journal intime, dont il publie en 1988 l’une des premières études approfondies. Il s’intéresse ensuite à des figures littéraires marquantes, notamment Lionel Groulx, qu’il revisite sous un angle littéraire, et Jacques Poulin, dont il éclaire les subtilités de l’écriture. Plus récemment, il publie Vie(s) d’Eugène Seers/Louis Dantin, une biochronique littéraire saluée pour son érudition et son sens du récit. Cette œuvre s’inscrit dans un vaste projet de publication en quatre tomes de la correspondance de Dantin, dont trois volumes sont déjà parus.  

Un bâtisseur d’outils de référence  

À l’origine de l’Atlas littéraire du Québec, réalisé avec Bernard Andrès et Alex Gagnon, il contribue en 2020 à un ouvrage monumental de 500 pages qui cartographie la richesse du corpus littéraire québécois. Ce livre s’impose aujourd’hui comme un outil incontournable, autant pour les spécialistes que pour les passionnés de littérature.  

Membre actif du GRELQ depuis 1990, il a également participé à faire de ce groupe un carrefour essentiel pour la recherche en culture écrite au Québec, tout en formant une nouvelle génération de chercheuses et chercheurs.  

Un historien de la censure qui a marqué le champ  

Véritable pionnier de l’étude de la censure, Pierre Hébert publie l’imposante Censure et littérature au Québec, une somme en deux tomes qui retrace les interdits culturels, des injonctions religieuses aux pressions politiques. Cette expertise le mène à codiriger le Dictionnaire de la censure au Québec — Littérature et cinéma (2006), un ouvrage rassemblant plus de 300 notices. En septembre 2025, une version entièrement révisée, en ligne et accessible au public, voit le jour, assurant la pérennité de ce travail indispensable.  

Ses analyses dépassent toutefois largement le simple inventaire. Elles nourrissent une réflexion de fond sur la place de la littérature dans la société, comme en témoignent La littérature québécoise et les fruits amers de la censure et Faut-il (encore) protéger la fiction ? (2023), où il interroge la fiction comme espace de liberté, de dialogue et d’expérimentation intellectuelle.  

Un rayonnement international et un engagement citoyen constant  

Les travaux de Pierre Hébert résonnent bien au-delà du Québec. Il est notamment coorganisateur du colloque international La censure en France, au Québec, en Suisse et en Belgique (2002), et il a récemment codirigé un numéro de la Revue Voltaire (2025). Il a par ailleurs prononcé une vingtaine de conférences à l’international.  

Homme engagé, il n’a jamais limité son influence au monde universitaire. Président de l’Association québécoise pour l’étude de l’imprimé, fondateur et codirecteur des Cahiers Anne-Hébert, chroniqueur régulier dans les médias, il s’est constamment impliqué dans les débats publics entourant l’université, la culture écrite et la liberté académique.  

 En 2001, son essai La nouvelle université guerrière marque les esprits en dénonçant les dérives managériales de l’enseignement supérieur. Depuis, il défend activement l’idée d’une université libre, engagée et critique.  

Chercheur, pédagogue, passeur et citoyen, Pierre Hébert laisse une œuvre qui éclaire les tensions entre expression libre et contrôle social, rappelant qu’en culture comme en démocratie, la liberté exige vigilance et transmission.  

Une reconnaissance qui confirme la force du modèle sherbrookois  

Ces distinctions renforcent la réputation de l’Université de Sherbrooke comme institution misant sur la collaboration intersectorielle, l’innovation appliquée et l’impact social. Qu’il s’agisse de soutenir la reconstruction d’une communauté ou de faire avancer la réflexion sur la liberté d’expression, les travaux des chercheurs de l’UdeS démontrent une même ambition : mettre la science au service des populations.  


Source : Acfas Facebook

Frédérique Maysenhoelder
Frederique.Maysenhoelder-Gosselin@USherbrooke.ca   More Posts
Scroll to Top