La Bourse du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II 

Témoignage par Zahya Idrissi 

Les bourses canadiennes du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II offrent des échanges interculturels axés sur l’éducation internationale, la découverte, la recherche et l’acquisition d’expérience professionnelle.

Plonger dans une expérience internationale, c’est bien plus que changer de décor. C’est se confronter à soi-même, à l’autre, à l’imprévu et à l’inconfort. C’est aussi découvrir, construire et grandir. Ce témoignage est celui d’une aventure humaine et interculturelle vécue intensément au Sénégal, à la croisée de la recherche, du terrain et de la vie en collectif.  

«Elle m’a rappelé que les projets à impact réel ne se mesurent pas uniquement en rapport ou en données, mais en histoires partagées, en barrières franchies et en liens construits.»  

Lorsque j’ai été sélectionnée pour participer au programme Queen Elizabeth Scholars (QES), je savais que ce serait une expérience marquante. Ce que je n’imaginais pas, c’est à quel point elle me transformerait bien au-delà du cadre de la recherche universitaire. Mon séjour au Sénégal, en partenariat avec la Plateforme nationale des organisations de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de l’artisanat (PNOAAA), avait pour objectif de contribuer à une recherche-action sur l’éducation entrepreneuriale et l’autonomisation économique des femmes. Un objectif noble, certes, mais qui s’est très vite teinté d’une dimension humaine beaucoup plus vaste et complexe.  

Une immersion ancrée dans le réel  

Si vous souhaitez vivre une immersion locale, collaborer avec un partenaire de terrain et contribuer à un projet porteur de sens, une telle expérience peut alors être profondément marquante.  

Au-delà de la recherche, la mobilisation de compétences connexes, l’habileté à créer des espaces d’échange authentiques et la capacité à approfondir sa compréhension des dynamiques interculturelles et entrepreneuriales sont autant de leviers pour en faire une réussite.  

Ce fut aussi une occasion de rencontrer des acteurs institutionnels, des collaboratrices et collaborateurs et des étudiantes et étudiants de domaines variés, d’échanger autour de sujets communs et de bâtir des liens qui dépassent les frontières.  

Les défis humains : entre tensions et apprentissages  

Vivre une telle expérience, ce n’est pas simplement changer de pays. C’est accepter de plonger dans l’inconnu, de cohabiter avec des personnes très différentes de soi, de se confronter à des imprévus constants et à des réalités qui bousculent nos repères. Cela exige de faire des concessions pour le bien collectif, de développer sa tolérance et de sortir de ses schémas habituels.  

Ce type d’expérience n’est pas fait pour tout le monde. Ceux et celles qui ne peuvent faire preuve d’ouverture, de flexibilité et de bienveillance peuvent vite se heurter à des murs invisibles. La vie quotidienne en collectif, les différences de rythme, de valeurs et de communication peuvent parfois générer tensions et frustrations. Mais c’est aussi dans ces zones de frottement que naissent les apprentissages les plus profonds.  

La qualité humaine et l’ouverture d’esprit des personnes avec qui l’on collabore sont déterminantes. Cette aventure m’a appris que la force d’un collectif repose d’abord sur les valeurs humaines et relationnelles de ses membres. Vivre et travailler ensemble dans un contexte interculturel révèle des dynamiques complexes et m’a appris à ne pas me fier à une seule version des faits, à garder une distance critique et à lire les interactions humaines avec lucidité.  

J’ai aussi vu que les plus grandes forces émergent dans la diversité, qu’elle soit culturelle, professionnelle ou liée aux parcours de vie. Par exemple, au sein de notre organisme d’accueil au Sénégal, plusieurs tensions existaient entre femmes « intellectuelles » et femmes de la « base ». En partageant mon propre vécu, notamment celui de ma mère, analphabète, mais pilier de mon parcours jusqu’au doctorat, j’ai pu transformer ces clivages en complémentarités. L’écoute, la reconnaissance mutuelle et la valorisation des différences ont alors permis de transformer des divergences en leviers puissants de collaboration.  

Aller au-delà de son rôle  

Un des grands enseignements de cette expérience est que l’impact se crée lorsque l’on mobilise l’ensemble de son bagage, pas uniquement son rôle initial. En tant que chercheuse, coach professionnelle certifiée en PNL et chargée de cours, j’ai choisi d’apporter toutes mes compétences et mon vécu pour enrichir la mission. Que ce soit par le coaching individuel et collectif, la facilitation d’échanges interculturels ou la transmission pédagogique, j’ai vu que ce qui fait la différence dans un projet à impact social, ce n’est pas seulement l’expertise technique, mais la capacité à s’impliquer pleinement comme personne entière.  

Ce bagage m’a permis d’agir non seulement comme chercheuse, mais aussi comme pont entre différents mondes : entre les réalités locales et la recherche universitaire, entre les femmes de la base et les intellectuelles, entre les cultures et les confessions.  

Ce que je retiens  

Cette expérience m’a profondément transformée. Elle m’a rappelé que les projets à impact réel ne se mesurent pas uniquement en rapports ou en données, mais en histoires partagées, en barrières franchies et en liens construits. C’est une aventure humaine avant tout qui demande d’ouvrir son cœur autant que son esprit, de faire preuve de patience, d’écoute, de courage et de souplesse.  

Une invitation 

À celles et ceux qui envisagent une expérience à l’international ou une implication communautaire, sachez que la clé n’est pas seulement ce que vous apportez, mais aussi ce que vous êtes prêt à recevoir et parfois à laisser de côté pour le bien du collectif. L’interculturalité, ce n’est pas seulement un mot. C’est une rencontre, une invitation à élargir son regard, à remettre en question ses certitudes et à apprendre de l’autre. Cette immersion au Sénégal restera gravée dans ma mémoire comme une aventure humaine avant tout. Une preuve que la recherche prend tout son sens lorsqu’elle s’ancre dans la réalité et qu’elle se vit à hauteur d’humain. 


Source : Collège Radisson

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