Par Médéric Dens

Petit pays d’Afrique de l’Ouest situé entre le Sénégal et la Guinée, la Guinée-Bissau a connu un autre coup d’État, le cinquième depuis 1974. Des coups de feu ont retenti à proximité du palais présidentiel puis, vers midi, le 26 novembre, le président Umaro Sissoco Embaló annonce qu’un coup d’État se déroule dans la capitale. L’opposition est emprisonnée, alors que le futur du pays est incertain et croule sous la pauvreté et le trafic de drogue.
Un coup d’État est survenu à Bissau, la capitale de Guinée-Bissau. C’est le premier coup d’État au pays depuis 2023 qui survenait après trois jours d’affrontements armés contre le gouvernement en place. Ces violences surviennent peu de temps après les élections du 23 novembre dernier, mais les résultats officiels n’ont toujours pas été dévoilés par la Commission nationale des élections (CNE), dont les bureaux ont été la cible d’attaques armées.
Depuis 2019, le pays est en crise en raison d’un différend entre Embaló et Domingos Simões Pereira, alors que les deux candidats revendiquaient la victoire électorale. Pereira s’était ensuite exilé en 2023 vers Lisbonne, au Portugal. Peu avant les élections de novembre dernier, Pereira avait fait part de son intention de se présenter pour la quatrième fois. Sa candidature a toutefois été rejetée en septembre, tout comme celle du PAIGC, Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, dont il est le président.
De retour au pays, Simões Pereira a fait une sortie publique à la suite du coup d’État. Il a affirmé que l’armée avait pris d’assaut le parlement dans l’objectif de soutenir la potentielle victoire du président sortant, plutôt que celle de Fernando Diaz. Pereira et Diaz ont tous deux été arrêtés après le coup d’État, et ils sont présentement détenus dans la base aérienne de Bissau.
L’armée désormais au pouvoir
Dès le déclenchement du coup d’État, Denis N’Canha, général de brigade et chef de la résidence militaire présidentielle, s’est adressé aux médias pour clarifier la situation : « Le Haut Commandement militaire pour le rétablissement de la sécurité nationale et de l’ordre public a décidé de destituer immédiatement le président de la République et, jusqu’à nouvel ordre, de fermer toutes les institutions de la République de Guinée-Bissau. »
Le président sortant, Embaló, a ensuite annoncé sa propre arrestation dans le journal Jeune Afrique. Selon les données officielles, c’est un total de 6700 membres des forces armées qui ont été déployés, dont « des éléments de la force de stabilisation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) », en vue de sécuriser le pays.
Les dernières élections tournaient notamment autour de la lutte contre la pauvreté et du trafic de drogue. Selon les données du pays, 40 % des Bissaoguinéennes et Bissaoguinéens vivent sous le seuil de la pauvreté. Fernando Diaz s’était notamment engagé à lutter contre le « cocaïne trade », en plus de vouloir rendre le pays plus « stable, prospère et inclusif ». Il sera donc intéressant de suivre les prochains développements en Guinée-Bissau, considérant la mouvance que le pays connait depuis la prise de contrôle de la ville par l’armée.
Source : Getty Images
