Par Médéric Dens

Aux prises avec une lourde crise politique dans son pays, le président de Madagascar, Andry Rajoelina, s’est exilé en France le 14 octobre dernier, une date qui coïncide avec la dissolution du Parlement. Par ailleurs, l’apparition d’un groupe paramilitaire parmi les manifestants laisse présager un possible affrontement entre les forces officielles et cette faction armée.
Après plusieurs semaines de vives tensions à Madagascar, Andry Rajoelina, président malgache depuis 2019, s’est finalement exilé en France, avant de partir vers une tierce destination, soit l’île Maurice ou encore les Émirats arabes unis. Dès son départ, ce dernier a annoncé la dissolution officielle du parlement, geste considéré comme « controversé » par la population et les personnes élues.
Le président français Emmanuel Macron a tenu à démontrer son soutien aux opposants du gouvernement, malgré avoir ouvertement accueilli le président malgache dans son pays. En effet, dans une entrevue médiatique, il a rappelé l’importance de l’« ordre constitutionnel et la continuité institutionnelle », mais a également tenu à rappeler qu’« il ne faut simplement pas qu’elle soit récupérée par des factions militaires ou des ingérences étrangères ».
Après le départ d’Andry Rajoelina, le député d’opposition, Siteny Randrianasoloniaiko, s’est immédiatement adressé aux médias pour qualifier cette dissolution d’acte « légalement invalide », en raison de l’absence de consultation avec l’Assemblée nationale.
L’annonce de dissolution concorde également avec une motion de destitution qui était sur le point de mettre un terme aux fonctions du président. Ce dernier a toutefois quitté la capitale quelques temps avant de perdre son poste.
Une situation toujours tendue
Depuis le début des hostilités, le bilan continue de s’alourdir. Pour le moment, l’Organisation des Nations Unies a recensé au moins 22 décès liés à ces manifestations, sans compter les dizaines de blessés. Un couvre-feu est toujours actif dans la capitale, Antananarivo, mais le respect de ce dernier est pour l’instant plutôt faible, donnant lieu à de vifs affrontements, tant le jour que la nuit.
Le directeur général de l’ONU, Antonio Guterres, s’inquiète activement de la situation malgache. Dans un communiqué officiel, le porte-parole officiel du secrétariat des Nations Unies mentionne l’importance du dialogue.
« Il [Antonio Guterres] souligne que les manifestations doivent se dérouler de manière pacifique, dans le respect de la vie, des biens et de l’État de droit et appelle au dialogue pour forger une voie constructive vers l’avenir ».
Il n’y a pas que la population qui semble divisée puisqu’une fracture idéologique est apparue au sein des forces armées officielles. D’un côté, le Corps d’Armée pour la Protection et la Sécurité du Territoire (CAPSAT) s’est séparé de l’armée pour s’allier à la génération Z pour protester contre le gouvernement. Le conflit semble donc davantage se diriger vers un conflit paramilitaire, où la puissance officielle fait face à un groupe armé non officiel.
Crédit : Luis Tato/AFP
