« No Kings » : des millions d’Américains manifestent contre Donald Trump 

Par Grégoire Bouley  

Des milliers de manifestants défilant dans le centre-ville d’Austin pour le rassemblement « No Kings », le 18 octobre 2025.

Le 18 octobre, les États-Unis ont connu une mobilisation d’une ampleur exceptionnelle. Selon les organisateurs, environ sept millions de personnes ont participé à près de 2 600 rassemblements à travers le pays, de New York à Los Angeles, en passant par Chicago et La Nouvelle-Orléans.  

Le mouvement, baptisé « No Kings » (« Pas de rois »), dénonce ce que ses initiateurs considèrent comme une dérive autoritaire du président Donald Trump, réélu en 2024. Ces mobilisations ciblaient principalement les politiques de son administration en matière d’immigration, d’éducation et de sécurité intérieure, en plus de la centralisation croissante du pouvoir à la Maison-Blanche. 

Un contexte politique explosif 

Ces manifestations éclatent dans une atmosphère politique électrique, marquée par un nouveau shutdown, soit une interruption partielle des activités gouvernementales fédérales. L’administration Trump a récemment annoncé le gel de 11 milliards de dollars de fonds destinés à financer des projets d’infrastructures publiques (routes, ponts, transports, bâtiments publics) dans plusieurs États à majorité démocrate, tels que New York, la Californie et l’Illinois. 

De nombreux observateurs ont perçu cette décision comme une forme de représailles politiques, ce qui a conduit à des licenciements chez les fonctionnaires fédéraux dans ces régions, exacerbant ainsi le mécontentement social. 

Malgré l’atmosphère politique tendue, les cortèges ont eu lieu dans une atmosphère majoritairement pacifique et conviviale. Les manifestants brandissaient des pancartes dénonçant l’autoritarisme présumé du président américain et défendant la démocratie. À New York, la police a estimé à environ 100 000 le nombre de participants. À Washington D.C., entre 8 000 et 10 000 personnes se sont réunies pour défiler dans une ville ayant voté à plus de 90 % pour Kamala Harris lors de la présidentielle de 2024. 

Le mouvement « No Kings » n’en était pas à sa première action. En juin dernier, une première mobilisation avait déjà rassemblé près de cinq millions de participants selon ses organisateurs. Celle d’octobre est donc devenue la plus importante manifestation depuis le retour au pouvoir de Donald Trump. 

Des images marquantes sur les réseaux sociaux 

De nombreuses images et vidéos ont été partagées sur les réseaux sociaux, mettant en scène des manifestants vêtus de costumes humoristiques ou brandissant des pancartes moquant Donald Trump, souvent comparé à des dirigeants autoritaires tels que Staline, Poutine ou Adolf Hitler. Certaines représentations, jugées provocantes, ont alimenté un vif débat sur les limites de l’humour politique aux États-Unis. 

Une réaction présidentielle controversée 

Donald Trump a réagi à cette vague de contestation sur son réseau social Truth Social, en publiant une vidéo générée par intelligence artificielle. Celle-ci le montre aux commandes d’un avion de chasse, portant une couronne, et lâchant des excréments sur des manifestants à Times Square, sur fond de musique du film Top Gun

La vidéo a immédiatement suscité la condamnation de plusieurs médias américains et de nombreux élus démocrates, qui y ont vu une preuve supplémentaire du mépris présidentiel envers la contestation populaire. 

Un pays toujours profondément divisé 

Alors que les États-Unis restent traversés par de fortes tensions politiques et sociales, les organisateurs du mouvement « No Kings » ont annoncé leur intention de poursuivre leurs actions. Ils affirment vouloir maintenir la pression pour défendre les valeurs démocratiques et les libertés fondamentales, estimant que la présidence de Trump représente un risque croissant pour l’équilibre institutionnel américain. 


Source : Getty Images

web.lecollectif@usherbrooke.ca   More Posts
Scroll to Top