Par Elizabeth Gagné

Il est toujours plaisant, dans une institution telle que l’Université, de voir naître une initiative pensée et montée pour répondre à la demande et aux besoins des étudiants et étudiantes de l’UdeS. Le cours HST131, intitulé Le goût de l’archive, est né de cette volonté de permettre aux personnes étudiantes, dès la première année du baccalauréat en histoire, de manipuler et de travailler avec les sources, un besoin criant qu’avait constaté le Département d’histoire ayant entamé des réflexions afin d’apporter des changements dans le programme.
Le cours Le goût de l’archive répond à ce besoin vital de formation en se familiarisant le plus vite possible aux matériaux archivistiques. « On voulait avoir des archives que les étudiants allaient pouvoir manipuler, raconte Sophie Abdela, professeure au Département d’histoire. Le numérique, c’est bien, ça donne accès à plein de choses, mais ça n’a pas du tout le même effet que de pouvoir travailler avec des archives papiers qu’on a entre les mains, qu’on peut manipuler, qu’on peut retourner, qu’on peut travailler, interroger, sentir. »
C’est donc en 2022 que Sophie Abdela a tendu la main au centre archivistique de l’Université de Sherbrooke. C’est l’archiviste Kathy Rose qui a répondu à l’appel et qui s’est embarquée dans ce projet d’envergure, à l’époque encore très embryonnaire. « Après avoir cogité tout ça, parce que le milieu des archives est très vaste, dit Kathy Rose, j’ai sorti quelques archives qui m’étaient venues en tête. Des archives que la professeure Sophie Abdela, mais également Stéphanie Lanthier et Jean-Pierre Le Glaunec sont venus consulter sur place. Finalement, ce qui était ressorti du lot c’étaient les archives du Journal Le Collectif. » C’est à partir de ce moment-là que le cours a pu réellement prendre forme. Un pari qui comportait certains risques puisque sans l’aide et la participation du centre d’archives de l’Université, de Kathy Rose et son équipe, précise professeure Abdela, le projet n’aurait pas pu être mis en œuvre.
Une exception à la règle
« Normalement, les archives ne sortent pas de leur lieu de conservation, précise Kathy Rose. Mais avec l’espace assez restreint au centre d’archives, on ne pouvait pas accueillir un grand groupe d’étudiants. » En revanche, grâce à la relation de confiance qui s’est installée entre Kathy Rose et les professeures Sophie Abdela et Stéphanie Lanthier, le centre d’archives a fait exception à la règle et a permis aux personnes étudiantes de travailler, en petit lot, les archives apportées le jour même en salle de classe.
C’est une façon également d’enseigner aux étudiants et aux étudiantes les bonnes pratiques dans la manipulation d’archives. « Je reviens régulièrement sur le fait que les étudiants doivent se responsabiliser ! Parce qu’il y a quelqu’un qui leur prêtre quelque chose de précieux, mais en fait, c’est tout le temps ça être historien. On ne joue pas avec nos propres papiers, on joue avec les papiers des autres qui racontent l’histoire des autres. Ça demande une démarche qui est respectueuse non seulement du matériel, mais aussi du contenu. »
Une pédagogie axée sur la pratique
Le cours a un caractère très actif. Les étudiants et étudiantes sont toujours en travail. De plus, ils mettent en pratique la méthode historique apprise lors de leur première session permettant aux personnes étudiantes de maîtriser la méthodologie dès le début de leur parcours. Également, chaque deux semaines, un professeur ou une professeure du Département venait présenter leurs sources qu’il ou elle utilisait dans leurs recherches respectives. Selon Frédérique Tremblay, une étudiante qui a suivi le cours HST131 à la session d’hiver 2025, ces interventions ont permis de voir leur professeur sous un autre angle. « C’était très intéressant parce que j’ai vu les professeurs en tant que chercheurs et non en tant qu’enseignants. »
Thomas Morin, un autre étudiant qui a suivi le cours la session dernière, avait quelques craintes, au début, pensant qu’il s’agirait d’un cours similaire à celui de méthodologie qu’il avait reçu à la première session. Rapidement, il a constaté que ce n’était pas le cas. « Ça va plus loin que simplement de la métho. Quand on arrive dans le cours c’est très pratique, ça sort de la théorie. »
Une collaboration entre le Département d’histoire et le Journal
Lorsque j’ai eu vent que des étudiants et étudiantes au baccalauréat en histoire travaillaient avec les archives du Collectif une étincelle est née. Quoi de mieux que de faire équipe avec eux et leurs professeurs afin de publier leurs découvertes dans ce même journal étudiant. Un projet est donc né en collaboration avec la professeure Stéphanie Lanthier qui a donné le cours à la session d’hiver 2025. En équipe, les étudiants et étudiantes ont travaillé sur un corpus d’archives organisé en trois grandes thématiques, le féminisme, la Guerre froide et le nationalisme. Ce corpus caractérise chaque époque qui a marqué le journal étudiant. Les personnes étudiantes avaient donc le mandat d’écrire un texte journalistique d’environ 500 mots qui présentait leurs recherches et leurs découvertes basées sur des articles écrits dans le Journal Le Collectif, il y a de cela plus d’un demi-siècle. C’est donc sous forme de chroniques bimensuelles que le projet prendra vie. Cet article annonce donc le début de la chronique. Le premier article des étudiants et étudiantes sera publié dans le prochain numéro qui sortira le 13 octobre.
Ce projet vise à valoriser le travail des étudiants et étudiantes en histoire ainsi que de leur permettre de vivre une expérience formatrice en rédaction journalistique.
Crédit : Archive Stéphanie Lanthier

Elizabeth Gagné
Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.