Le Premier ministre albanais Edi Rama nomme une ministre générée par l’IA 

Par Grégoire Bouley 

Le premier ministre Edi Rama, est à l’initiative de la création de cette nouvelle ministre.

Pour la première fois dans l’Histoire, une intelligence artificielle prend place au sein d’un gouvernement. Son nom, Diella. Cette IA remplace l’intelligence humaine au ministère des Marchés publics. Sa mission et de lutter contre la corruption et renforcer la transparence. 

Un objectif anticorruption 

Le jeudi 11 septembre, le Premier ministre albanais Edi Rama a officialisé l’entrée de Diella au gouvernement au poste nouvellement créé de ministre des Marchés Publics pour lutter notamment contre la corruption, notamment dans la fonction publique. C’est l’un des critères essentiels de la candidature de l’Albanie à l’Union européenne. Rama espère faire entrer son pays dans l’UE d’ici 2030. 

Avec Diella, chaque euro dépensé pourra être tracé afin d’éviter qu’un détournement d’argent ne se reproduise comme il est arrivé par le maire de Tirana, la capitale, accusé d’avoir détourné plus d’un million d’euros d’argent public. L’IA doit permettre d’éviter le favoritisme et de garantir une application uniforme et transparente des règles. Selon Edi Rama, ce système rendra les marchés publics « 100 % libres de corruption ». En 2024, l’Albanie occupait d’ailleurs le 80ᵉ rang de l’indice de perception de la corruption publié par Transparency International.  

Une première mondiale 

L’Albanie devient ainsi le premier pays du monde à posséder un ministre qui n’existe pas physiquement. Cette IA se présente sous la forme d’un avatar féminin vêtu d’un costume traditionnel albanais. On ignore encore si elle pourra réellement interagir avec ses « collègues » au gouvernement. Depuis janvier 2025, Diella aidait déjà les Albanais à remplir leurs formulaires administratifs en ligne via la plateforme e-Albania.  

Une première qui suscite autant de curiosité que de scepticisme, et une question majeure : peut-on vraiment gouverner avec des algorithmes ? Le doute demeure puisque l’intelligence artificielle n’est jamais totalement neutre. Elle est programmée par des humains, entraînée sur des données qui portent forcément des biais. Sa capacité à garantir une impartialité parfaite reste donc à prouver.  

Les spécialistes de la cybersécurité ont également exprimé des inquiétudes supplémentaires concernant la vulnérabilité de manipulation. Si des pirates informatiques parvenaient à accéder à Diella, les conséquences pourraient être considérables.  

Des expériences ailleurs 

Au Japon, en 2018, une IA avait même brigué la mairie de Tama, près de Tokyo, avec le slogan d’une politique « impartiale et objective ». Elle a échoué, mais avait tout de même récolté 9 % des suffrages.  

Avec Diella, le dilemme reste entier. Une chose est sûre, son apparition relance le débat sur la place que l’intelligence artificielle pourrait prendre, demain, dans nos démocraties. 


Source : GettyImages

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