Des drones russes abattus en Pologne ? 

Par Grégoire Bouley

La police et l’armée inspectent les dégâts causés à une maison détruite dans le village de Wyryki-Wola par les débris d’un drone russe possiblement envoyé par la Russie.

Dans la nuit du 9 au 10 septembre 2025, la Pologne a abattu plusieurs potentiels drones russes en marge d’une attaque massive contre l’Ukraine. Varsovie a mobilisé ses défenses antiaériennes après que ces engins eurent violé au moins 19 fois l’espace aérien polonais. Selon le Premier ministre polonais, trois d’entre eux auraient été abattus dans la nuit de mardi 9 au mercredi 10 septembre, une incursion qualifiée d’« inédite » par les autorités. 

Une attaque ou un accident ? 

La Pologne, pays membre de l’Union européenne et de l’OTAN, a dénoncé mercredi cette incursion « sans précédent ». Selon l’armée polonaise, une vingtaine d’« objets » ont été détectés, dont au moins sept abattus à Wyryki-Wola, un village à l’Est du pays. Une première pour le pays de l’OTAN. Ces drones et leur destruction n’ont fait aucune victime, a assuré le Premier ministre polonais, Donald Tusk. 

Face à cette menace dans le ciel polonais, une partie du trafic commercial avait été déplacée progressivement vers l’ouest dans la journée de mardi. Au même moment, quatre aéroports polonais avaient suspendu temporairement leurs activités. 

L’OTAN prend au sérieux la situation 

« La Russie a mis en danger des vies humaines, et violé l’espace aérien d’un État membre de l’OTAN et de l’UE », a dénoncé ce mercredi le chancelier allemand Friedrich Merz, qualifiant l’attaque d’« action agressive » de Moscou. 

La Pologne a demandé à l’OTAN d’activer l’article 4 du traité de l’Atlantique Nord, qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace sur l’un de ses membres. Cet article est généralement perçu comme la première marche à suivre pour passer à l’article 5 qui permet la légitime défense et l’entrée en guerre. Cela dit, il est très peu probable que la Pologne passe à l’article 5.  

La défense antiaérienne de l’OTAN aurait aidé à contrer plusieurs drones dans le ciel polonais, a déclaré la porte-parole de l’OTAN, Allison Hart : « Confrontés aux défenses aériennes polonaises et de l’OTAN, plusieurs engins ont été interceptés. » 

Une provocation russe ? 

Selon la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, la Russie chercherait à tester l’unité de l’Union européenne. 

Quant au Kremlin, il a refusé de commenter l’incursion et l’interception de ses drones. « Nous préférons ne pas commenter, cela ne relève pas de notre compétence. C’est la prérogative du ministère russe de la Défense », a réagi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. La diplomatie russe a finalement accusé la Pologne de vouloir « aggraver » la situation par des accusations infondées. Pourtant, les différentes images diffusées par les médias polonais sur les réseaux sociaux montrent que ces engins seraient des Gerbera, drones de fabrications russe employés en opération depuis 2024, similaires aux Shaled-136, utilisés par les iraniens, mais connus pour être plus légers. 

La Pologne, soutenue par ses alliés, a mis en garde contre un « conflit ouvert » avec la Russie. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a évoqué un risque d’extension du conflit ukrainien. 

Une déclaration des ministres de la Défense des pays de l’OTAN sur la situation en Ukraine et dans son voisinage, publiée en février 2022, rappelle que l’OTAN est dans une logique de désescalade systématique. Il y a été notamment déclaré : « Nous avons proposé à plusieurs reprises, et continuons de proposer, un dialogue approfondi par l’intermédiaire du Conseil OTAN-Russie, et nous sommes prêts à nous y engager. Nous encourageons vivement la Russie à faire de même et à privilégier la diplomatie et la désescalade. » 

 L’objectif est de ne pas réagir face aux provocations russes pour que l’OTAN ne s’auto-fragilise pas en se lançant dans un conflit qui ne verrait probablement aucun vainqueur tant il serait couteux en argent et en vies humaines. L’envoi d’une vingtaine de drones chargés d’explosifs dans un pays voisin, c’est selon certains comme le ministre polonais de la Défense, Władysław Kosiniak-Kamysz une « provocation russe ». Les consultations prévues par l’article 4, où il y est stipulé, entre autres, « les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée ». 

Cela pourrait permettre à l’OTAN d’adopter une position ferme, assez menaçante pour décourager la Russie de toute nouvelle escalade. Emmanuel Macron a également pris la parole, dans un communiqué publié sur X, expliquant qu’un entretien avec le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, allait avoir lieu prochainement. Il ajoute qu’ils ne transigeraient pas sur la sécurité des alliés.  

La situation pourrait évoluer dans les prochains jours. 


Source photo : Getty Images

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