France : le Premier ministre renversé

Par Grégoire Bouley 

François Bayrou prononçant son dernier discours en tant que Premier ministre le 8 septembre 2025 à 15h à l’Assemblée nationale.

Moins de neuf mois après son arrivée à Matignon, résidence officielle du Premier ministre à Paris, François Bayrou n’est plus le Premier ministre des Français et Françaises. Le 9 septembre 2025, le nom de son successeur a été annoncé et ce sera Sebastien Lecornu, l’actuel ministre des Armées en poste depuis le 20 mai 2022 qui prendra sa place. 

Lundi, le 8 septembre 2025, l’Assemblée nationale a rejeté le vote de confiance pour le gouvernement de Bayrou. Alors que 292 votes auraient été nécessaires pour demander la démission du Premier ministre, ce sont 364 députés qui se sont prononcés contre, 194 pour, et 15 élus qui ont choisi de s’abstenir. Ce vote, demandé directement par François Bayrou, faisait suite à son plan budgétaire controversé pour 2026. Demande justifiée par son gouvernement minoritaire, il n’y avait donc aucun autre recours constitutionnel adapté à sa situation. Le centriste avait décidé de soumettre son sort à la confiance des députés. Pari perdu : il est donc contraint de démissionner dès le lendemain du vote auprès d’Emmanuel Macron, soit le mardi 9 septembre 2025. Cette mesure est encadrée par l’article 50 de la Constitution française, qui prévoit que le Premier ministre et son gouvernement doivent démissionner s’ils échouent à obtenir la confiance des députés.

Un plan jugé trop brutal  

Lors d’une conférence de presse le 15 juillet 2025, François Bayrou avait fait valoir que des coupes drastiques étaient inévitables pour justifier son projet, proposant un plan visant à réduire les dépenses de 44 milliards d’euros d’ici 2026, en partie en supprimant deux jours fériés. Le Premier ministre a évoqué le surendettement de la France : « Les dépenses s’accroissent, les déficits se répètent et les dettes s’accumulent ». Bayrou mettait en garde contre le risque de « banqueroute » si la France ne s’acquittait pas de ses obligations de remboursement.

Cette stratégie n’a pas convaincu. Le Rassemblement national (RN) et ses alliés de l’Union des Droites pour la République (UDR), la France insoumise (LFI), les socialistes et apparentés, les écologistes, la Gauche démocrate et républicaine ont tous voté unanimement contre. Même au sein de la coalition gouvernementale, des fractures sont apparues : chez Les Républicains, 27 députés ont soutenu le gouvernement, 13 s’y sont opposés et 9 se sont abstenus.

La France plongée dans une nouvelle zone de turbulence

Lundi soir, dans un communiqué du palais présidentiel de l’Élysée, Emmanuel Macron a annoncé qu’il « prend acte » du renversement du gouvernement de François Bayrou par l’Assemblée nationale, et qu’il « nommera un nouveau Premier ministre dans les tous prochains jours.  Le temps que soit nommé son successeur, le président pourrait également dissoudre l’Assemblée nationale, ce qui entraînerait de nouvelles élections législatives. 

Plus tôt devant l’hémicycle, François Bayrou déclarait : « Le plus grand risque était de ne pas en prendre, de laisser continuer les choses sans que rien ne change ». « Le pronostic vital du pays est engagé », a-t-il conclu. Ainsi, le maire de Pau devient ainsi le 4e Premier ministre le plus éphémère de l’histoire de la Ve République depuis 1958. Il est également le premier chef de gouvernement à avoir vécu un vote de confiance. 

Les Français célèbrent la chute du gouvernement Bayrou 

L’annonce de la chute du gouvernement a déclenché des rassemblements dans plusieurs villes. Selon la police, environ 200 mobilisations ont eu lieu devant des mairies lundi soir, notamment à Rennes, Lyon, Brest, Grenoble, Le Havre, Nantes, Pau et Bordeaux. Ces manifestations étaient pacifiques, bien que les autorités aient signalé quelques « déambulations sauvages » à Lyon et à Grenoble notamment. À Nantes, selon la préfecture, environ 300 personnes brandissaient des pancartes « Bye Bye Bayrou » dans une ambiance festive. 


Source : Service photographie de Matignon

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