Par Benjamin Dumas

La hausse soutenue de la demande pour les technologies vertes entraîne une croissance sans précédent des minéraux formant la base de ces technologies. Une course globale pour sécuriser l’approvisionnement de ces ressources est déjà lancée et les conséquences se font également déjà sentir. Mais dans un monde où les tensions mondiales gagnent en ampleur, que signifie cette course à l’énergie verte ?
Le passage d’une économie dépendante à l’énergie fossile vers des sources renouvelables comme l’éolienne, le solaire ou l’hydraulique pose son lot de défis. Dépendantes des minéraux critiques, ces nouvelles technologies demandent aux pays d’avoir un accès direct à ces ressources.
Cependant, seule une poignée d’entre eux possèdent ces réserves et les prévisions concernant l’augmentation de la demande dans les prochaines années brossent un portrait incertain de la situation.
Uniquement pour le transport, l’Agence Internationale de l’énergie prévoit que le parc mondial de véhicules électriques devrait atteindre 140 millions en 2030 contre 25,9 millions en 2022. En plus de causer des hausses de prix, cette pression peut redessiner les rapports de force géopolitique entre pays producteurs et pays consommateurs.
La concentration géographique de certains minéraux critiques permet à un certain nombre de pays producteurs d’influencer leurs relations internationales, comme en menaçant de restreindre leurs exportations, voire en les arrêtant.
Une technique a récemment été utilisée par la Chine dans le contexte de guerre commerciale avec les États-Unis. Investissements massifs dans le domaine dès les années 80, main-d’œuvre abordable et réglementation environnementale souple, la Chine détient depuis longtemps toutes les variables nécessaires pour être en position de pouvoir.
Pendant que l’avantage chinois se concrétise, le désavantage américain devient lui aussi plus clair, rappelant du même coup la dépendance de certains pays. Généralement avantagés, les États-Unis et plusieurs pays occidentaux se retrouvent confrontés à une dure réalité : un possible manque de ressources.
Mais comment peuvent-ils répondre à cette possibilité ?
L’heure du friend-shoring
Face au risque de rupture des chaînes d’approvisionnements, le friend-shoring, soit la réorientation de ces chaînes vers des partenaires stables et de confiance, devient une solution de choix. C’est notamment une des voies choisies par les États-Unis.
Le partenariat pour la sécurité des minéraux (MSP) entre les États-Unis, le Canada, l’Australie, le Japon et plusieurs pays d’Europe en est notamment un exemple. Signé avec l’objectif de maximiser les retombées économiques liées aux minéraux critiques des pays signataires, le MSP promeut une production, un traitement et un recyclage responsables de ces ressources.
Couplée à une hausse de l’investissement local, ce type de stratégie démontre la volonté de multiples pays à reprendre le contrôle de leur approvisionnement.
Or, la fragilité structurelle de certains des pays exportateurs et les risques environnementaux déjà omniprésents font craindre une augmentation des conflits, poussant plusieurs à demander une réponse internationale plus large.
Cette réponse devra toutefois encore se faire attendre.
Source : Rawpixel