Mar. Mar 19th, 2024

Par Victor Dionne                         

Cette année, le père Noël ne va pas pouvoir être à l’heure… Ses lutins, touchés par la pandémie, ont pris du retard en matière de production des cadeaux. Même des délais de livraison sont à prévoir. Le père Noël fait des efforts pour y arriver, mais il doit penser à d’autres alternatives!

Cette année, un nouveau défi devra être relevé par les consommateurs à Noël. Les cadeaux seront plus rares. Évidemment, pas sous votre sapin, mais dans les magasins grande surface et sur les plateformes en ligne. Les chaînes d’approvisionnement ont pris du retard à la suite de multiples péripéties directement liées à la COVID-19. Mathieu Arès, professeur à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke et spécialiste en économie politique, nous a expliqué en détail cette crise. Il a aussi abordé les questions de la surdemande et des différentes possibilités qui s’offrent aux acheteurs.

Encore une fois, la pandémie est notre ennemi

Pr Arès soutient que plusieurs raisons ont causé cette crise des chaînes d’approvisionnement. Bien entendu, la principale est la pandémie de la COVID-19. Encore une fois, ce virus fait des ravages autres que dans le milieu de la santé. Du moment qu’il y avait une éclosion de cas dans une usine, cette dernière était dans l’obligation de fermer. Même scénario pour les ports, qui devaient arrêter leurs activités. « S’il y a des cas de COVID-19 parmi les débardeurs, évidemment qu’ils ne peuvent pas décharger les bateaux. Les conteneurs s’empilent dans le port. Donc, il y a une congestion, même dans la gestion de l’espace. » Lorsqu’un port est fermé, la marchandise est renvoyée vers les autres, « ce qui fait qu’il y a 200-300 bateaux chargés qui attendent au large », mentionne Pr Arès.

Il y a également des problèmes lors de la réception de la marchandise. Le politologue cite la situation au Port de Vancouver, le plus grand port canadien en matière de ferrage. À la suite des récentes inondations en Colombie-Britannique, les voies ferrées étaient fermées. Un retard d’une à deux semaines s’ajoute à celui déjà existant. Ainsi, « c’est toute la chaîne qui est brisée à cause des cas de pandémie et des raisons naturelles. C’est pour cette raison qu’il y a un problème actuel de logistique », affirme-t-il.

L’augmentation des prix

Les prix des différents biens de consommation sont aussi en augmentation. Lorsque les commerces étaient fermés, que les voyages étaient impossibles et que les évènements culturels ne pouvaient avoir lieu, plusieurs individus ont fait des épargnes. Comme Pr Arès dit, « De plus en plus, il y en a qui se sont payé des gâteries. La rénovation de son balcon, changer son vieux divan, l’achat de tables pour équiper son salon pour travailler à la maison… Tout ça a créé une surdemande. »

Qu’est-ce qu’une surdemande? Brièvement, lorsqu’il y a plus de demandes pour un produit que son offre, il s’agit d’une surdemande. Alors, on assiste au phénomène de rareté, qui conduit directement à l’inflation. Selon la Banque du Canada, « l’inflation est une hausse persistante du niveau moyen des prix au fil du temps. »  Le spécialiste en économie pousse son raisonnement encore plus loin : « comme il y a de l’inflation, il va y avoir des grèves pour des augmentations de salaire […] Qu’est-ce que l’entrepreneur va faire? Il va charger plus cher pour ses produits. Dans ce cas, on a risque de bulle inflationniste. »

Même dans l’usager, les prix sont en augmentation. Pr Arès donne l’exemple des véhicules seconde main : « vous savez que votre auto usagée a pris de la valeur? Il y en a qui reprennent les vieilles autos parce qu’ils les vendent plus cher. » Par conséquent, le phénomène de rareté complique la tâche aux personnes souhaitant offrir des cadeaux à leurs proches.

Quelles sont les alternatives?

Heureusement, chaque problème à sa solution! Pour s’assurer de fournir les produits à temps pour Noël, certaines entreprises ont pris les grands moyens. Comme explique le spécialiste, « elles ont cherché des fournisseurs externes ici ou à l’étranger, soit au Canada ou dans d’autres pays. » Ceci permet de compenser pour les manquements des chaînes d’approvisionnements.

De plus, en tant que consommateur, il est aussi important de s’adapter à cette réalité. Les achats locaux vont être favorisés, estime Pr Arès. Non seulement ils ont moins d’impacts sur l’environnement, ils permettent d’encourager les commerçants québécois qui travaillent avec ardeur pour fournir des produits de qualité. Il spécifie que « Si la Barbie Mattel faite en Chine n’est pas là, les consommateurs vont prioriser une poupée plus locale. Moins glamour, mais locale. »

« Je ne pense pas que les gens ne mettront pas de cadeaux sous l’arbre. Ils vont juste aller vers d’autres produits qui sont peut-être moins renommés ou connus, car ils n’auront pas le choix », conclut l’expert.


Crédit photo @ Hert Niks

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