Ven. Juil 26th, 2024

Par Benjamin Le Bonniec

Vendredi 13 novembre 2015, en plein concert des Eagles of Death Metal, des terroristes pénètrent dans la mythique salle du Bataclan en plein coeur de Paris. Véritable coup de théâtre, c’est près de 90 personnes qui décèderont dans cette abominable tuerie. Non seulement, il y a eu des morts, de nombreux blessés, mais à l’heure des bilans, force est de constater qu’il s’agit là d’un grand coup de massue porté aux libertés individuelles, la liberté de s’amuser, la liberté d’écouter de la musique, la liberté de se cultiver, la liberté de vivre. Eux, qui dénoncent dans le communiqué de l’État islamique ce concert comme étant «une fête de perversité», ont touché en plein coeur le modèle culturel français fait de liberté, d’art et de culture, de musique, de fêtes, de sorties, de rassemblements, mais au-delà la société occidentale et sa culture.

Le choix du Bataclan comme cible du Daech semble évidente en raison du sionisme reproché à son ex-propriétaire qui désirait en 2009 organiser un concert de soutien et de collecte de fonds en faveur de la police des frontières israéliennes. Ce n’est donc pas un hasard si ce symbole de la vie nocturne et culturelle parisienne ait été visé, pourtant la perception faite par ces odieux assassins de ce haut lieu de la culture populaire française  qui vit passer les plus grands comme Joan Bez, Cesaria Evora, Prince, Lou Reed ou Motörhead. L’identité rock de la salle était indéniable depuis les années 80 pourtant elle avait plus que beaucoup d’autres des vertues rassembleuses et une identité multiculturelle, étant souvent le lieu privilégié des spectacles de world music, les antillais en avaient fait un de leur refuge parisien, un hommage au leader afro-américain Malcom X avait même eu lieu cette année. La veille, ce n’était autre que le fameux musicien parisien St-Germain qui avait donné un concert mêlant musique électronique et sonorités africaines, accompagné d’une chanteuse malienne, un pays fortement touché par l’extrémisme islamique.

Mais au-delà de ce choix de viser une salle reconnue pour favoriser l’éclectisme musical et le multiculturalisme, c’est tout un pan de la société qui a été attaqué et ciblé. Ces terroristes sont venus semer la terreur jusque dans les endroits où les gens s’amusent, se cultivent, s’enrichissent. Pour nous, acteurs du milieu culturel, que l’on soit artistes, spectateurs, consommateurs, journalistes, producteurs, que devons-nous penser de cette intrusion dans un lieu culturel? Chaque semaine, tous nous allons dans des musées, des cinémas, des salles de concert, des bibliothèques, devons-nous avoir peur désormais? Non justement, notre mission à nous simple mortel est de faire triompher la culture face à la barbarie, face à ces hommes qui détruisent l’humanité et son héritage culturel; ils l’ont déjà fait en Syrie en ruinant les vestiges mésopotamiens. Il tient de notre responsabilité de dresser la culture en rempart comme les autres pour vaincre le terroriste, au-delà des armes, au-delà des décisions politiques et économiques. Les mots, les caricatures, les images, les notes doivent être nos armes au service de la liberté.


© utopia-paris

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