Mar. Juin 25th, 2024

Par Sarah Gendreau Simoneau 

Les manifestations pour les droits de la communauté LGBTQ+ et celles antitrans s’opposent de plus en plus férocement au pays. Alors que certains veulent faire reconnaître leurs droits, d’autres militent contre l’idéologie du genre dans les écoles.  

À Montréal, ça se passait mercredi dernier. C’est d’abord le groupe 1 Million March for Children Canada qui a invité ses membres à manifester pour le droit parental devant le bureau du premier ministre du Québec, François Legault. Des milliers des personnes étaient rassemblées pour que le gouvernement retire les cours d’éducation sexuelle à l’école pour « protéger leurs enfants ».  

Le groupe insistait sur sa mission « d’unir les gens pour une noble cause, celle des protéger les enfants des enseignements de l’idéologie de genre, de l’endoctrinement sexuel et de l’exposition à des contenus sexuels explicites, et de garantir que le consentement parental reste primordial ». 

Le complotiste, François Amalega, que nous connaissons depuis quelque temps avec ses positions tranchées sur les vaccins et les feux de forêt, qui a organisé une manifestation du même genre le 9 septembre dernier à Québec, explique que son groupe et lui sont « contre la propagande LGBTQ+ qui nie la science qui dit qu’il n’y a que deux sexes ». 

Selon La Presse, 1 Million March for Children Canada avait organisé plusieurs manifestations en simultanée à travers le Canada, le 20 septembre dernier, notamment à Calgary, à Edmonton, à Winnipeg ainsi qu’à Vancouver en plus de Montréal.  

Contre-manifestation 

Toutefois, une contre-manifestation a été organisée pour riposter aux opposants et pour faire valoir les droits des personnes trans et de la communauté LGBTQ+. Tel que le rapporte La Presse, qui était sur place, quelques échanges verbaux ont eu lieu entre les deux groupes de manifestants, mais aucune arrestation et aucun blessé n’a été rapporté.  

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a dénoncé la situation mercredi dernier sur le réseau social X. « La démonstration de haine que nous avons vue lors de la manifestation anti-LGBTQ+ est choquante et inacceptable », a-t-elle écrit, ajoutant que les personnes trans et LGBTQ+ méritent de vivre dans la dignité, le respect et la sécurité. 

Au Québec, les débats concernant l’identité de genre et l’inclusion des personnes trans et non binaires dans la société prennent de l’ampleur ces jours-ci. Le gouvernement mettra d’ailleurs sur pied, d’ici les Fêtes, un comité scientifique qui guidera les décideurs sur ces enjeux sensibles. 

S’aimer, un crime? 

D’après une enquête de Statistique Canada, en 2018, c’était environ 1 million de Canadiens qui faisaient partie de la communauté LGBTQ+, soit 4 % de la population de plus de 15 ans. Ce sont 100 815 personnes qui étaient transgenres ou non binaires. En 2023, on compte plutôt 10 % de la population canadienne de 16 ans et plus qui serait de la communauté, soit environ 3,3 millions de personnes.  

Au Canada, selon plusieurs statistiques récentes, les crimes haineux ciblant des personnes de la communauté LGBTQ+ ont augmenté en 2021 pour atteindre un total record de 423. Dans des dizaines d’autres pays, tous hors de l’Amérique du Nord et de l’Europe, les membres de ces communautés risquent même la prison. Il s’agit d’un crime que de s’afficher comme tel dans 64 pays. Les relations entre deux personnes du même sexe sont même passibles de peine de mort dans 12 pays, dont l’Afghanistan, les Émirats arabes unis ainsi que le Nigéria.  

Par exemple, au Liban, les autorités libanaises se sont attaquées de manière systématique, il y a quelques jours, aux droits fondamentaux des personnes de la communauté LGBTQ+. En août dernier, deux responsables libanais ont présenté des projets de loi distincts pour criminaliser explicitement les relations homosexuelles entre adultes et pour punir toute personne qui promeut les idéologies de la communauté. Il s’agit d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement.  

C’est à la suite de plusieurs incidents hostiles survenus cette année dans le pays et à l’interdiction, décrétée de manière illégale par un ministère, d’événements liés à l’homosexualité que ces projets de loi ont été présentés. 

Ici, heureusement, les droits des personnes qui s’identifient à la communauté sont de plus en plus reconnus, alors bon nombre de ces personnes décident de s’afficher librement.  

Un recul des mentalités 

Cependant, L’actualité, en juin dernier, relatait qu’une nouvelle étude internationale dévoilait une tendance au recul puisque « plus de gens au Canada qu’avant s’opposent au mariage entre conjoints de même sexe et à l’adoption par ces mêmes couples ». L’enquête d’opinion publique d’Ipsos réalisée dans 30 pays indique qu’au Canada, les gens restent particulièrement favorables aux droits des couples homosexuels.  

En revanche, le soutien à la reconnaissance légale de ces couples est passé de 75 % en 2021 à 69 % en 2023. La tendance est similaire pour ce qui est du droit à l’adoption par des conjoints de même sexe : la majorité des répondants canadiens (74 %) est positive vis-à-vis la question, mais un léger recul est observé alors qu’en 2021, 81 % des répondants étaient d’accord.  

Malgré ces légers reculs, les gens de la communauté LGBTQ+ ont franchi plusieurs barrières dans les dernières décennies, et ce, partout dans le monde. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Canada demeure un des pays où l’opinion publique est le plus favorable aux droits égaux de ceux et celles qui s’identifient à la diversité. Même si on ne peut rien tenir pour acquis, le chemin accompli est admirable et ces personnes et leurs alliés doivent continuer à se battre pour leurs droits.  


Crédits: Fierté Montréal

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Rédactrice en chef et directrice générale, auparavant cheffe de pupitre SPORT ET BIEN-ÊTRE pour le journal Le Collectif | Site web

Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.  

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