Ven. Mai 10th, 2024

Par Émilie Oliver 

Les adeptes de hockey professionnel féminin peuvent maintenant vivre un match où s’affrontent les plus grandes athlètes pour moins d’une cinquantaine de dollars. En effet, l’équipe de Montréal accueille ses fans à l’auditorium de Verdun pour la modique somme de 23 $. Pour ceux préférant le hockey masculin, cette somme s’élève à 60 $, pour les places au sommet du Centre Bell.  

Modèle économique 

Ce n’est pas la première fois qu’une ligue professionnelle de hockey féminin tente de s’implanter en Amérique du Nord. Pensons notamment à la LCHF (Ligue canadienne de Hockey Féminin) fondée en 2007, qui n’aura pas fait long feu, avec une douzaine de saisons à son actif, seulement. C’est d’ailleurs à la fin des activités de cette ligue que s’est mise sur pied la PWHLPA (Professionnal Women’s Hockey League Players Association), syndicat professionnel qui encadre les activités de la LPHF. Cela dit, malgré les hauts et les bas du hockey professionnel féminin en Amérique du Nord, la LPHF semble bel et bien être là pour de bon. Alors que la LCHF était centralisée et qu’elle couvrait tous les frais administratifs, tels que la location de glace, l’équipement et le transport, elle ne payait pas de salaires aux joueuses.  

La LPHF, quant à elle, se dit fièrement la première ligue de hockey féminin d’Amérique du Nord à verser un salaire à ses athlètes. D’ailleurs, ce salaire permet à plusieurs de vivre de leur sport. Effectivement, le salaire moyen de la ligue se situe actuellement à 55 000 $, alors qu’au moins six joueuses dans chaque équipe touchent au moins 80 000 $. Au contraire, les athlètes les moins rémunérées se voient allouer 35 000 $ par année. 

Où réside le secret du succès fulgurant de la LPHF? 

Évidemment, plusieurs facteurs peuvent être considérés dans la réussite importante du lancement de la LPHF. Les efforts de marketing, le timing, le modèle économique, entre autres, peuvent avoir un impact important sur la réussite d’une ligue. Cela dit, soulignons que le modèle économique s’avère fort intéressant et distingue cette nouvelle ligue des autres ayant échoué par le passé. La ligue a rapidement conclu des partenariats importants avec le Mark Walter Group, propriétaire des Dodgers de Los Angeles et Billie Jean King, anciennement joueuse #1 de tennis au monde en plus d’être activiste reconnue pour le sport féminin. Ces ententes ont donc facilité la mise sur pied de la LPHF, en comptant sur des investisseurs sérieux et compétents dans le monde du sport. 

C’est d’ailleurs dans cet investissement que réside la clé du succès de la LPHF : un plan sur 10 ans, qui prévoit des périodes houleuses et qui prépare la stabilisation d’une ligue professionnelle où toutes peuvent s’épanouir à la juste valeur de leur talent. Ayant les reins solides, le groupe d’investisseurs prévoit des pertes dans les premières années, mais considère « toutes ces sommes d’argent non pas comme des dépenses ou des pertes. » Plutôt, les montants alloués à la mise en place de la ligue sont perçus comme des investissements dans « ce que la ligue est en train de construire ». 

Les billets étant pour le moment très abordables, il va sans dire que cette accessibilité au sport féminin contribue à son succès. Garder les coûts des billets bas, pour que les adeptes puissent être témoins du talent qui constitue cette toute nouvelle ligue.  

De plus, contrairement à ses prédécesseurs, la LPHF, par sa structure de propriété à entité unique, facilitera la rapidité, l’efficacité et la collaboration.  

Les sports majeurs bien installés au féminin 

Comme mentionné précédemment, il est impossible de passer sous silence l’aspect de momentum qui s’avère indispensable pour la mise en place d’une ligue de l’envergure de la LPHF dans un délai aussi court. Depuis quelques années, la croissance importante de l’engouement pour les sports féminins se fait sentir.  

Entre autres, pensons au basketball féminin, qui attire de plus en plus de spectateurs ; le tournoi du march madness féminin de la NCAA (National Collegiate Athletic Association) a brisé tous les records. Avec un pic d’audience de 24 millions de téléspectateurs, il s’agit du match de basketball féminin le plus regardé de tous les temps en plus d’être la partie (au niveau masculin ou féminin, universitaire ou professionnel) le plus regardé depuis 2019. 

La LPHF, elle-même, ne cesse de battre des records, alors que son deuxième match opposait Montréal à Ottawa et a attiré un nombre record de 8 318 spectateurs à la Place TD. Il s’agit de la plus grande foule à n’avoir jamais assisté à un match de hockey féminin professionnel. Quatre jours plus tard, lorsque Montréal visite le Minnesota, 13 316 spectateurs assistent au match et pulvérisent le record. Les partisans n’ont dû attendre qu’un peu plus d’un mois avant voir la barre être rehaussée de nouveau : 19 285 personnes assistent à la rencontre entre Montréal et Toronto, le 16 février dernier. 

Le championnat du monde de hockey féminin de L’IIHF n’a pas fait exception à cette règle : comportant un total de 29 matchs, le tournoi a attiré plus de 68 000 spectateurs sur place. En moyenne on comptait environ 2 300 personnes par match. Mentionnons également que plusieurs athlètes actuelles de la LPHF participaient au tournoi et ont mis la main à la pâte pour ramener l’or au Canada dans un enivrant match contre leurs rivales américaines.  

Au sein du sport universitaire, lors des derniers championnats canadiens, le rouge et or de l’Université Laval a réussi à réunir une foule record de 3 577 personnes, une première historique pour un match de rugby universitaire féminin. 

Le sport féminin, tous niveaux confondus n’a jamais été aussi propice à la mise en place de nouvelles ligues professionnelles permettant aux athlètes de gagner leur vie.  


Source: Getty Images

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