Mar. Juin 25th, 2024

Par Sarah Gendreau Simoneau 

Le Québec a perdu un grand homme le 15 novembre dernier. Karl Tremblay, chanteur du groupe les Cowboys Fringants, s’est éteint des suites d’un cancer de la prostate qui le hantait depuis presque quatre ans. Il n’aura pas été qu’une étoile filante dans le cœur de bien des gens et c’est le Québec entier qui le pleure.  

« C’est avec une tristesse indescriptible que nous vous annonçons le départ de Karl. Il a été un guerrier exemplaire devant la maladie et un modèle pour nous tous. Nous voulons remercier tous ceux et celles qui nous ont témoigné leur amour durant les dernières années, nous avons été portés par votre soutien », ont écrit ses acolytes de toujours, Marie-Annick Lépine, Jean-François Pauzé et Jérôme Dupras, sur les réseaux sociaux, mercredi dernier.  

C’est tout un pan de l’histoire du Québec qui s’envole avec Karl. C’est toute une génération que les Cowboys ont touchée avec leurs chansons engagées, humoristiques ou plus émotives, racontant la vie ordinaire des gens d’ici. C’est toute une province et même au-delà, dans la francophonie comme en France et en Suisse, qui est en deuil depuis quelques jours.  

Une maladie de trop 

Karl Tremblay a reçu son diagnostic de cancer de la prostate en janvier 2020. Il a annoncé la nouvelle en entamant des traitements de chimiothérapie, à l’été 2022. Sa conjointe et mère de ses deux filles, Marie-Annick Lépine, qui fait aussi partie du groupe, avait annoncé en mars dernier que les traitements ne fonctionnaient plus et qu’il devait en essayer un autre, peu après. 

Malheureusement, tous les traitements n’ont finalement pas fonctionné, comme on a pu le constater.  

Tout l’été, l’annulation de certaines des présences des Cowboys Fringants dans des festivals, notamment à la Fête du Lac des Nations de Sherbrooke, en raison du calendrier de traitements du chanteur, en a inquiété plusieurs. Alors que nous savions très bien que ce n’était que pour son bien, les chances de pouvoir le revoir bientôt en spectacle devenaient de plus en plus minces.  

Le Festival d’été de Québec a même été allongé d’une journée pour permettre aux Cowboys Fringants de se produire sur les plaines d’Abraham. Les orages violents avaient forcé l’annulation de leur spectacle quelques jours plus tôt. Le 17 juillet, ce sont quelque 90 000 personnes qui se sont rassemblées à Québec pour entendre chanter le guerrier. Pendant l’émotive Sur mon épaule, il a dû s’asseoir puisqu’il a senti une petite faiblesse due aux traitements. C’est alors que la foule a repris la chanson de plus belle, faisant de ce moment un des plus émouvants que les plaines auront connus.  

C’est ensuite en septembre que Karl Tremblay a pris la parole sur les réseaux sociaux pour annoncer que son groupe et lui annulaient tous leurs spectacles de l’automne. « J’ai décidé de vous écouter, de m’écouter, pis de prendre un break », a-t-il dit, ajoutant qu’il voulait se concentrer sur ses traitements et sa remise en forme.  

Lors du dernier gala de l’ADISQ, le 5 novembre, Louis-José Houde l’a salué dans son numéro d’ouverture en lui dédiant la soirée, lui « qui a soulevé 90 000 personnes au bout de sa santé sur les plaines d’Abraham l’été dernier », en soulignant l’esprit fier, digne et festif du groupe. Les Cowboys Fringants sont d’ailleurs repartis avec le prix du Groupe de l’année. Le lendemain, Karl a adressé des remerciements à ses fans sur les réseaux sociaux, de chez lui, en terminant son message avec un heureux « et au plaisir de vous revoir bientôt, les amis! ».  

Des textes qui font réfléchir 

Les paroles de certaines chansons, composées par Jean-François Pauzé, évoquent souvent la mort qui peut arriver à tout moment et l’importance de profiter de la vie. Dans la dernière année, on dirait que ces paroles prenaient un tout autre sens sachant ce que traversait Karl Tremblay. Ce dernier continuait de les chanter, avec sérénité, et une tonne de courage. Ici-bas et La tête haute, notamment, résonnent dans nos têtes depuis mercredi dernier. 

Les Cowboys Fringants, c’est ça. Un sens de la répartie incroyable, une âme sensible. Karl pouvait émouvoir autant que de dénoncer sur les paroles de son ami. Il a évolué devant les yeux d’une génération qui avait soif de culture québécoise, de revendications et qui s’accrochait à lui comme à un vieux chum. Ce que les Cowboys offraient au public, c’était plus que de simples mélodies. C’était une gang d’amis qui se faisaient du fun, soir après soir, avec nous, qui avions l’impression de faire partie du groupe.  

Karl était un meneur de foule incontesté, un gars qui savait mettre de la vie partout où il passait, du Granada au parc Jacques-Cartier, du Vieux-Clocher de Magog jusqu’au Centre Bell. Des tonnes et des tonnes de témoignages ont été partagés depuis l’annonce de son décès. Des fans du groupe, des fans de Karl Tremblay. Des artistes, des politiciens, des villes et municipalités; tout le Québec est en deuil. Plusieurs rassemblements ont eu lieu à la mémoire de Karl dans les jours suivants sa mort. Le Canadien de Montréal lui a offert un touchant hommage. Des enseignants au Québec ont accueilli leurs élèves, jeudi et vendredi dernier, avec des chansons des Cowboys Fringants. On a rarement vu ça au Québec. 

Depuis 25 ans, les Cowboys Fringants représentent tout ce que les Québécois et les Québécoises aiment de la musique d’ici. Avec la disparition du chanteur, est-ce que l’avenir du groupe est menacé? Le vide serait dur à combler puisqu’aucun autre artiste ou groupe ne ressemble aux Cowboys. Les aspirations et les déceptions du Québec, chantées, jouées par eux, ce n’est pas imitable.  

Je suis, personnellement, tombée en amour avec les Cowboys en 2002, avec Toune d’automne. J’ai tout de suite su que ça allait être mon groupe préféré de tous les temps. S’est enchaînée l’écoute des autres chansons, des albums qui sortaient au fil des ans. Aujourd’hui, les chansons prennent un autre sens quand je les réécoute. « Mais au bout du ch’min, dis-moi c’qui va rester, de notre p’tit passage dans ce monde effréné. Après avoir existé pour gagner du temps, on s’dira que l’on était finalement, que des étoiles filantes. » 

Merci pour tout, Karl.  


Source: Facebook Cowboys Fringants

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Rédactrice en chef et directrice générale, auparavant cheffe de pupitre SPORT ET BIEN-ÊTRE pour le journal Le Collectif | Site web

Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.  

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