Ven. Juil 26th, 2024

Par Amandine de Chanteloup

À l’occasion de la Semaine nationale de vérité et de réconciliation, la galerie d’art Antoine-Sirois a mis en place un événement avec la collaboration du critique d’art et commissaire Guy Sioui Durand, issu de la communauté wendat. Cet événement artistique avait lieu sous un shaputuan, une tente de tradition autochtone, située sur le campus de l’Université de Sherbrooke.

Ce que souhaite Guy Sioui Durand, c’est de « changer le monde par l’art, et l’art, par l’art autochtone », et ce, à l’aide de divers artistes. C’est donc sous ce mantra qu’a été organisé l’événement YÄ’ATA (terme qui met en valeur l’esprit sauvage et bienfaisant des tortues serpentines par le biais de l’art). Les activités qui s’y sont déroulées avaient pour objectif de faire rayonner les cultures autochtones à l’occasion de la Semaine de la vérité et de la réconciliation. La communauté étudiante ainsi que le personnel de l’université ont donc été conviés à ces célébrations, afin de contribuer aux efforts de rapprochements avec les cultures autochtones.

Une programmation riche en savoirs

Sous l’égide de l’esprit des tortues serpentines qui circulent à la fois dans le niönwentsio (territoire wendat), que dans le nd8kina (territoire waban-aki), M. Sioui Durand a accompagné le public, ainsi que ses artistes pour leur faire vivre à toutes et à tous une expérience basée sur le partage : art-action autochtone, spectacle de plein air, conte, harangue, etc.

Du mardi 27 au jeudi 29 septembre 2022, plusieurs spécialistes issus de divers domaines, communautés et cultures (tant autochtones qu’allochtones) sont venus partager leurs connaissances : des plantes médicinales et savoirs forestiers aux parois de la Terre-Mère en passant par la langue abénaquise.

Le 28 septembre, un festin fut partagé, basé sur le traditionnel don réciproque. Ce rituel venait annoncer un rassemblement protocolaire ayant pour but d’accueillir l’esprit de la tortue sous le son de divers tambours. La cérémonie fut conclue par un unique spectacle musical où s’entremêlaient poèmes et langue wendat.

Au coucher du soleil a été donnée une performance de Soleil Launière qui interprétait la création de ponts entre les mondes : la ville joint la nature, la lumière se mêle à l’ombre et la vie se réconcilie avec la mort.

Cette performance porte le nom de Meshtitau, qui, comme le décrit la Galerie d’art Antoine-Sirois, s’inspire d’une profonde relation avec la nature : « S’inspirant de ce lien perdu avec les arbres coupés et nos aînés disparus trop vite, l’artiste multidisciplinaire pekuakamilnu originaire de Mashteuiatsh, Soleil Launière, crée Meshtitau, il a tout détruit, saccagé sur son passage en langue innue, une ode aux racines et à la guérison. Cette performance nous invite à réparer les liens brisés avec le territoire et les ancêtres. »

Le jeudi 29 septembre avait lieu au mont Bellevue le volet Önonta, qui signifie en langue wendat « la montagne ». Cette activité avait pour but de rendre l’art plus sauvage en profitant de la présence de l’environnement au cœur de la ville. M. Sioui Durand, influencé par les mythiques yändia’wich (des tortues métaphores de la Terre-Mère, ainsi que Petite Tortue), a rassemblé des artistes qui ont créé des chants, des contes, des rythmes, des sons, des photographies ainsi que toutes sortes de performances liées à Önonta.

Le même jour, des parcours en kayaks et canots ont été organisés sur le lac des Nations ainsi que sur la rivière Magog, toujours en harmonie avec l’esprit de la tortue serpentine.

Finalement, l’événement culminait avec la Grande marche organisée le vendredi 30 septembre, où toute la communauté a été conviée.

Le pouvoir de l’art

Cet événement est un important pas en avant dans la voie de la réconciliation avec les peuples autochtones. En effet, la mise en place d’une programmation lors de cette semaine thématique est une occasion en or pour stimuler la communauté universitaire et lui faire comprendre l’importance

de décoloniser son regard sur les Premiers Peuples. En 2022, il est plus important que jamais de reconnaitre et valoriser ces cultures afin de leur assurer un avenir plus juste.

L’Université de Sherbrooke accorde d’ailleurs une grande importance à la mise en valeur des réalités et des enjeux que vivent ces peuples. Elle souhaite contribuer à rendre la société plus équitable et respectueuse, et fait tout ce qui est en son pouvoir pour développer une relation de confiance et de réciprocité avec les communautés. Ainsi, par l’organisation et la contribution à un tel événement, elle œuvre à la reconnaissance et la mise en valeur des savoirs, autochtones, ici manifestés sous forme d’art.

Utiliser l’art pour créer ce pont entre plusieurs cultures est probablement l’une des meilleures techniques. En effet, en plus du fait que les cultures autochtones y soient particulièrement sensibles puisqu’elles l’incluent dans leur quotidien, l’art est un langage universel et varié. S’exprimant sous bien des formes, il vient toucher tout le monde et permet ainsi d’engager le dialogue.


Crédit image @Facebook

FORMER ET INFORMER / Le Collectif a pour mission de rapporter objectivement les actualités à la population et d’offrir une tribune à la communauté étudiante de Sherbrooke et ses associations. Toutes les déclarations et/ou opinions exprimées dans les articles ou dans le choix d’un sujet sont uniquement les opinions et la responsabilité de la personne ou de l’entité rédactrice du contenu. Toute entrevue ou annonce est effectuée et livrée dans un but informatif et ne sert en aucun cas à représenter ou à faire la promotion des allégeances politiques ou des valeurs éthiques du journal Le Collectif et de son équipe.