Lun. Sep 25th, 2023

Par Jérémy Plamondon 

Regard menaçant, habit habituel orné d’une cravate rouge… Donald Trump a été soumis, le jeudi 24 août dans une prison d’Atlanta, à une prise de photo judiciaire qui passera à l’histoire. C’est, en effet, une première historique pour un ancien président états-unien.  

Ce mugshot s’est très rapidement retrouvé à la une de pratiquement tous les médias des États-Unis et d’ailleurs, comme ce fut le cas ici au Québec. Le principal intéressé n’a pas perdu de temps pour lui-même utiliser cette photo à ses fins. La campagne de financement la mobilisant, centrée sur le slogan « Never surrender », a réussi à récolter pas moins de 7,1 millions de dollars américains du jeudi au dimanche 27 août, a annoncé son équipe de campagne.  

Des accusations aux lourdes implications 

Ces évènements inusités surviennent dans le cadre d’une mise en accusation de l’ancien chef d’État, qui dépasse les trois précédentes au niveau de la gravité. La professeure de politique états-unienne à l’Université de Sherbrooke, Karine Prémont, a tenu à le rappeler.  

« [Ce chef d’accusation] touche vraiment à la démocratie américaine, à la Constitution, au rôle d’un commandant en chef. Il s’agit d’un type d’accusation utilisé habituellement pour attraper les chefs mafieux ou les chefs de gang criminalisés, lorsqu’on parle de complot d’une certaine façon. C’est un peu ça l’idée, même si ce n’est pas nécessairement le mot qui est utilisé dans la loi géorgienne. On parle néanmoins de gens qui ont comploté pour frauder des votes ». 

En effet, les accusés reconnus coupables de tels chefs d’accusation sont passibles de 5 à 20 ans de prison. Donald Trump, comme ses 18 co-accusés, a plaidé non-coupable selon un document judiciaire paru le 31 août dernier.  

La course au leadership républicain 

Tous les déboires judiciaires de l’ancien président des États-Unis semblent peu l’affecter dans la course au leadership républicain qui a lieu au même moment. Ce dernier, bien qu’il ait décidé de ne pas se présenter aux débats entre les candidats, jouit tout de même d’une avance très importante dans les divers sondages d’opinion. En effet, selon un sondage mené par Reuters/Ipsos le 24 et 25 août, Trump serait environ à 40 points de pourcentage devant son plus proche rival, Ron DeSantis, avec 52 % des intentions contre seulement 13 %.  

« Les intentions de vote dans les sondages ne changent pas beaucoup et ses adversaires sont dans une position presque indéfendable. S’ils condamnent tout ça, s’ils disent trouver ça effrayant et s’ils affirment que Trump n’est plus éligible, ils vont se retrouver dans la ligne de mire de Trump. Cela pourrait potentiellement les empêcher de rejoindre des électeurs qu’ils aimeraient bien avoir », analyse Karine Prémont.  

Un climat politique tendu 

L’administration Biden a pris l’habitude de rester muette vis-à-vis les nombreuses poursuites entourant l’ancien résident de la Maison-Blanche. « Puisque les partisans de Trump pensent qu’il y a une espèce de volonté de s’en prendre à ce dernier personnellement, que tout est organisé par l’administration Biden, ce serait tout à fait mal vu et contre-productif pour les démocrates et pour Joe Biden de commenter quoi que ce soit », souligne la Professeure Prémont. « La stratégie est justement de garder une distance pour démontrer qu’ils ne sont pas mêlés à ça et que tout le processus judiciaire n’est pas contrôlé par eux. »  

Le climat politique est, en effet, généralement teinté de cynisme aux États-Unis ces dernières années. Professeure Prémont rappelle que la confiance envers les principales institutions du pays, c’est-à-dire le Congrès, la présidence et la Cour suprême, tourne approximativement autour des 7 %, 12 % et 20 % respectivement dans les sondages d’opinion. Le climat est donc « très partisan et la logique institutionnelle ne peut plus grand-chose dans ce genre de situation ». 

La communauté internationale observatrice 

À l’instar de Joe Biden et de son administration, les nombreux États à travers le monde ne semblent pas vouloir se prononcer sur cette situation. En effet, malgré l’ampleur que prend la situation dans les médias sociaux et traditionnels, tout cela « relève de la vie personnelle d’un individu, même si c’est un ancien président. Il faut savoir que, pour certains pays, c’est assez courant que d’anciens chefs d’État se retrouvent devant la justice. Demandez à des Français, par exemple. Presque tous leurs chefs d’État font face à des accusations par la suite », rappelle Karine Prémont.  

Là où la division et le cynisme pourraient avoir davantage d’impacts sur le plan de la politique internationale soutient-elle, c’est au niveau de l’ingérence étrangère. En effet, « plus la polarisation est forte, plus c’est facile pour la Russie, pour la Chine ou pour d’autres pays de s’immiscer dans les campagnes électorales. La Russie n’aurait pas pu s’ingérer comme elle l’a fait en 2016 si les États-Unis avaient été unis, cohérents et solidaires avant la campagne de 2016 ». 

La suite des choses 

L’ancien magnat de l’immobilier est probablement plus près du début que de la fin de ses comparutions en justice. Un juge a en effet fixé au 4 mars 2024 la date de son procès à Washington pour des pressions électorales présumément survenues en 2020. Cette date est la veille du « Super Tuesday», une des plus importantes échéances des primaires républicaines, où celles-ci ont lieu simultanément dans une quinzaine d’États. Lors du même mois, soit le 25 mars, Trump devra retourner devant les tribunaux, cette fois-ci à New York, dans le cadre de son procès pour des paiements suspects à une ancienne actrice de films pornographiques.  

Son procès pour la gestion présumée négligente de documents confidentiels après son départ de la Maison-Blanche aura de son côté lieu en Floride le 20 mai 2024. C’est finalement en juillet que sera choisie la personne candidate à la présidence pour le parti républicain, en vue des élections présidentielles de novembre 2024. 


Source: Fulton County Sheriff

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